ParaMag - N°371 - Avril 2018 - 54

TOURNAGE

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Photo ci-dessus
Bob Sinclair, l'un des pionniers de la prise de vues en chute libre dans les années 60. Il est équipé d'une
caméra 35mm placée devant son œil-viseur et sur un casque fabriqué pour les tournages de la série
télévisée américaine «Ripcord» («ripcord tv series» sur YouTube). Tom Sanders fut inspiré par ces pionniers.
Photo archives Aerial Focus

J'ai 64 ans et j'ai commencé à sauter en
1978 à Lake Elsinore, en Californie.
Le cinéma avait déjà connu une belle
relation liée à notre sport. Dès le début
du parachutisme, une poignée de caméramans en chute libre, des pionniers,
ont imprimé d'étonnantes images de
notre sport sur la pellicule.
Pas seulement pour le «grand écran»,
c'était aussi la seule façon de voir des
sauts en mouvement.
Dans les années 60, la plupart des
premières caméras utilisées en chute
libre étaient des caméras militaires,
comme les premiers parachutes. Étant
jeune parachutiste californien, j'assistais
tous les mercredis au «Rumbleseat Bar»
à Hermosa Beach (Los Angeles), le
lieu de rencontre des parachutistes de
l'époque, au fabuleux récit des sauts du
week-end précédent.
C'était dans les années 70. Les équipes
de compétition en vol relatif comme
Mirror Image devaient attendre une
semaine pour voir les images de leurs
sauts d'entraînement ﬁlmés sur pellicule,
et après que ces prises de vue aient
connu beaucoup d'embûches.

Avril18:371
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Il fallait persévérer pour obtenir quelques
images, à l'époque, et enﬁn pouvoir les
projeter sur l'écran accroché au mur.
Il y avait de nombreuses déceptions.
Et lorsqu'un ﬁlm sortait de sa boîte avec
de bonnes images, une semaine plus
tard, après développement, la projection
devenait un instant magique. La qualité
du ﬁlm de l'époque était tellement en
avance sur son temps que les vieilles

pellicules, stockées correctement,
peuvent toujours être transférées aux
normes actuelles et montrer les belles
images ﬁlmées il y a des décennies.

Ma dernière fois

Pour ceux d'entre nous qui ont ﬁlmé
la chute libre en pellicule, c'est avec
une profonde nostalgie et une certaine
tristesse que l'on voit cette époque
maintenant révolue. Maintenant, nous
sommes tellement noyés d'images que
le plaisir de les regarder est presque
insigniﬁant. Avant, il y avait tellement
d'étapes à franchir que, lorsque nous
avions capturé des images tellement
merveilleuses, le plaisir de les découvrir
était tout simplement plus doux.
Il y avait de nombreux sentiments qui
s'entremêlaient lorsque nous ﬁlmions
en pellicule, des sentiments peut-être
similaires à ceux que ressentent les fans
des disques vinyle. La dernière fois que
j'ai tourné sur pellicule, c'était en 2005
pour un ﬁlm intitulé «Furtif». Depuis lors,
tous mes projets haut de gamme furent
tournés sur des formats vidéo professionnels enregistrés directement sur une
carte SD. Plus facile, plus petit, plus
léger oui, mais moins gratiﬁant en tant
que directeur de la photographie.
Quand j'ai tourné les séquences de
chute pour le ﬁlm «Furtif», j'ai eu le
sournois pressentiment que c'était
peut-être la dernière fois que j'enﬁlais
les mains dans le sac noir pour changer
la pellicule, la dernière fois que je tirais
une amorce de pelloche pour l'enﬁler

Photo ci-dessus
Comme il l'a fait des centaines de fois durant
près de 40 ans de carrière, Tom Sanders prépare
ses caméras durant le tournage à Haïti, avec un
mélange de nouvelle et ancienne technologie : une
GoPro, une Photosonics 1VN super 16 utilisée à
100 images/seconde et le dernier appareil photo
Sony RX10, un excellent compromis qualité/poids
pour la chute. Photo Aerial Focus

sur la bobine réceptrice du magasin, la
dernière fois que j'écoutais le ronronnement rassurant d'une caméra qui tourne
bien, juste avant le saut. Pour ces caméras que nous adaptions pour la chute
libre, nous avons construit nos propres
batteries, nos propres déclencheurs
à main, notre propre support sur un
casque que nous modiﬁons pour notre
confort et l'emport d'équipement lourd,
8, 10, 12 kilos selon. Avant le saut, tout
était réglé manuellement. Nos systèmes
se sont améliorés. Mais, en ﬁnal, tout se
terminait sur de la pelloche.

La fameuse
Photosonics 1VN

Fin 2017. Cela faisait 12 ans que
quelqu'un ne m'avait pas appelé pour
tourner un vrai ﬁlm, avec de la pellicule,
pas en numérique. Ce fut l'une des
principales raisons pour laquelle je fus
intéressé de travailler pour le scénariste
et réalisateur Kaveh Nabatian sur son
ﬁlm indépendant intitulé «The Seven Last
Words» pour les productions Microclimat.
Il voulait une séquence représentant
un rêve en chute, celui d'une femme
haïtienne en longue robe blanche qui
tombe dans le ciel, et par conséquent
sans parachute. Pour traduire le sentiment de rêve, il souhaitait que cette
séquence soit tournée au ralenti, un fort
ralenti tel que la caméra 16mm Photosonics 1VN pouvait apporter. C'est avec
ce modèle de caméra que j'avais réalisé
mon ﬁlm parachutiste «Over The Edge»
sorti en 1993.

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