ParaMag - N°371 - Avril 2018 - 47

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bien connu : la répétition. Ils réitèrent
l'acte avec régularité. C'est-à-dire qu'à
chaque fois se rejouent des enjeux
inconscients qui les poussent à répéter
l'opération (1).

PEOPLE

Bien sûr, la temporalité de la répétition
est différente. On saute plus souvent que
l'on ne se fait tatouer. Mais le procédé
psychique de répétition est identique.
Comment imaginer, avant le baptême
ou le premier tatoo, que l'on puisse
répéter l'expérience. N'y a-t-il pas dans
le regard du baptisant qui observe les
pratiquants la même interrogation que
celle du non tatoué qui découvre le
corps d'un autre couvert de tatouages ?
«Pourquoi ?» se demandent-ils ? Dans
les deux cas, il n'y a que l'expérience qui
apporte une partie de la réponse.
Pour des raisons inconscientes très
différentes dans le cas du tatouage
et dans celui du parachutisme,
une fois passée la première expérience,
le besoin de réitérer l'acte se fait sentir.
La faute aux endorphines, paraît-il !
Ces hormones dites «du plaisir» interviennent de manière antalgique
(pour soulager la douleur des piqûres)
ou anxiolytique (pour faire baisser la
tension psychique générée par le saut).
Le pas est vite franchi par certains de
décrire ces besoins comme des addictions. Une question qui fait
encore débat. À préciser donc.
Une autre similitude entre le tatouage
et le parachutisme s'exprime dans la
relation particulière qui lie le tatoueur
au tatoué, mais aussi l'apprenti para
et son moniteur.
Dans les deux cas, il s'agit de «confier sa
peau» à un autre que soi. Pas n'importe
lequel bien sûr, car il s'agit normalement
d'une personne expérimentée. Et même
si vous avez une probabilité encore plus
faible de perdre la vie en vous faisant
tatouer qu'en sautant en parachute,
confier sa peau à un tatoueur reste
un enjeu important. Il en va de même
pendant les premiers sauts PAC durant
lesquels la vie de l'apprenti est directement liée à la compétence du moniteur.
Dans les premiers temps, il arrive souvent
que l'on appréhende sa pratique uniquement à travers la vision de son moniteur,
comme l'on attribue une confiance particulière au tatoueur qui inscrit le premier
tatouage (lorsqu'il est réussi).

Les fonctions
du tatouage

Le tatouage est un héritage tribal.
Il est donc avant toute chose un signe
d'appartenance à un groupe social.
En termes de communauté, les parachutistes ne sont pas en reste. Seuls ceux
qui sont passés à l'acte de sauter sont
en droit de revendiquer leur appartenance au groupe des «paras».
Au sein des tribus, les guerriers arborent fièrement leurs tatouages et leurs
scarifications pour se distinguer les uns
des autres. Se distinguer aux yeux des
membres des autres tribus, mais aussi
au sein des membres de leur propre
groupe (hiérarchie, fonction et rôle au
sein de la tribu). Voilà qui nous ramène
directement à nos propres guerriers :
les parachutistes militaires.

Félix Baumgartner

Il y a bien longtemps que Felix
Baumgartner porte ce tatouage
«Born to ﬂy» sur le bras, et c'était
bien avant de devenir le recordman du monde du saut absolu, le
14 octobre 2012 avec Red Bull
Stratos, son exploit a été regardé
par 2,2 milliards de personnes.
Bien que devenu moins actif en
parachutisme, Felix Baumgartner
évolue toujours dans le domaine
aérien : il est pilote d'hélicoptère
au sein de la patrouille acrobatique
Flying Bulls (voir brève en début de
magazine)

Nombreux parmi eux sont ceux qui
portent un tatouage à l'effigie de leur
régiment. Au sein même de la communauté militaire, le tatouage permet de se
distinguer par son corps d'armée.
Par essence, le tatouage militaire est celui qui se rapproche le plus du tatouage
tribal au sens strict du terme. Il a pour
vocation d'exalter les valeurs guerrières.
Par sa fonction fédératrice, il donne
mentalement au porteur la force du
groupe, du régiment, du corps d'armée.
Exposé au regard de l'ennemi, il signe la
force, la puissance et l'hostilité guerrière
à laquelle l'ennemi prend le risque de
s'exposer.
Dans le cadre du parachutisme sportif,
le tatouage n'a le rôle de distinction
qu'avec le groupe des non-pratiquants.
Il a pourtant d'autres fonctions, la plus
importante étant probablement muée
par la dimension personnelle du tatouage.
Soyons clairs. Il ne s'agit pas ici du
tatouage que l'on a décidé de faire sur

De la PAC au BASE

Josselin a effectué une formation
PAC en 2012 à Gap, chez Paradrenalin, avec Veloce. «Une semaine
de folie, des sauts, des sushis,
des apéros... Bref une ambiance
fantastique et des rencontres hors
du commun, qui peuvent pousser
certains boulets à faire ce genre de
connerie !» commente-t-il.
Après deux saisons de parachutisme en «saut d'avion», Josselin se
consacre désormais à ce pourquoi il
était venu au parachutisme :
le BASE jump. «Grand merci à
Martial Ferré, Mika et Olivier
Chacornac, car sans eux je ne réaliserai
pas mes rêves aujourd'hui !»

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Ces «référents» occupent alors une
place particulière dans l'esprit du sujet.
Avec le temps et l'expérience s'effectue
une «destitution» des référents.
L'apprenti se forme sa propre vision
de la pratique et le tatoué s'essaye à
d'autres styles et prend conscience que
d'autres tatoueurs sont tout aussi
dignes de confiance.

Photo Red Bull Content Pool
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