ParaMag - N°371 - Avril 2018 - 29

On entend l'hélico du SAMU arriver. Le
médecin et l'infirmier sont zen, ils me
posent des questions sur les circonstances de l'accident et de mes douleurs.
Je demande si je peux être rapatrié sur
Marseille, le médecin me répond non, je
demande si on peut m'amener à Fréjus,
là aussi il me répond non. Il me dit que
ça sera Toulon. Je pensais au côté logistique, à ma femme, mes enfants, ma
mère, ma sœur, ma famille. Je m'étais
mis dans la merde tout seul comme un
grand, mais, en m'y mettant, je les y
mettais aussi. J'avais envie d'essayer de
faciliter les choses et Toulon, ça ne me
paraissait pas très pratique.
Avant même d'être transféré sur un
brancard, ils me perfusent pour calmer
ma douleur et sûrement aussi pour que
j'arrête de demander à être amené à tel
ou tel endroit. Je pars, doucement, et
suis sacrément soulagé. À tel point que
je ne me rappelle plus de rien après.

Le transfert

Je reprends doucement conscience dans
l'hélico. Pour être plus précis, je reviens

Après un vol d'une vingtaine de minutes
entre l'aérodrome du Luc et Toulon, les
portes de l'hélico s'ouvrent, on me sort,
des papiers et des mots sont échangés
entre les équipes. J'ai l'impression d'être
dans une de ces émissions qui passent
souvent à la télé, enquête d'action, au
cœur de l'action, etc. sauf que cette fois,
c'est moi qui suis au cœur de l'action !
On découpe ma combinaison, mon
t-shirt, mon caleçon. Je me retrouve
nu au milieu de toutes ces blouses
blanches. En peu de temps, je suis
passé du statut de «para» à celui de
«patient». Ce qui m'inquiète le plus, c'est
évidemment l'état de mon dos.
Les questions du docteur me font comprendre qu'il y a des doutes sur l'intégrité de ma moelle épinière et je trouve
ça très flippant. Même si je bouge mes
pieds, on me fait comprendre que pour
le moment, on ne connait pas pleinement l'ampleur de mes blessures et des
éventuelles atteintes à ma motricité.

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Avril18:371
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Je suis là, par terre, allongé sur l'herbe
de la DZ, c'est-à-dire des mottes de terre
avec de l'herbe espacées entre elles.
Je rêverais d'être sur un green de golf
bien confortable. Les pompiers finissent
par arriver, ils me demandent ce qui
s'est passé, me posent des questions
pour vérifier mon degré de conscience
et les zones touchées de mon corps. Je
réclame des antidouleurs et un brancard pour plus de confort, mais ils me
répondent qu'ils ne peuvent rien faire
avant l'arrivée de l'hélico du SAMU.
Quand j'entends ces deux mots, hélico
et SAMU, je me rends bien compte à
quel point je me suis mis dans la merde.

Autour de moi il y a toujours Guy,
Stéphane et Stéphanie. Je vois qu'ils
sont inquiets pour moi. Bizarrement, je
suis relativement serein. Je suis dans
l'instant, j'encaisse et j'attends.

doucement dans mon corps et c'est très
bizarre comme sensation. Comme le
dernier moment dont je me rappelle est
celui au sol où l'on me perfuse, je réfléchis à tout ce qui m'entoure et aux fils
auxquels je suis branché. J'ai un masque
à oxygène, des perfs, des monito (pour
vérifier les constantes). Ça vibre, il y a
beaucoup de bruit. Je vois le visage de
l'infirmier qui me rassure en me disant
que «ça va» avec ses yeux. Je vois le ciel
bleu depuis mon brancard auquel je suis
solidement attaché, je suis conscient
qu'on vole, il fait sacrément beau et je
vois le docteur qui profite de la vue.
J'aimerais la voir la vue, ça me frustre un
peu, mais je suis surtout préoccupé par
la suite, j'ai hâte d'arriver.

REX

Je leur demande de m'aider à enlever
mon parachute. De un parce qu'il m'appuie dans le dos et que j'ai affreusement
mal et de deux parce qu'il est tout neuf
et que je sais que si je l'ai encore sur
le dos quand les pompiers arrivent, ils
n'hésiteront pas à le couper. On peut
être con quand même, on est là à jongler au sol, mais on pense à sauver son
matos. D'ailleurs, j'ai réussi à enlever ma
veste en polaire et le haut de ma combi
en attendant les pompiers. Je pense
aussi à arrêter ma caméra comme elle
tournait, j'ai l'accident en vidéo.
Lisa, que je ne connaissais pas très bien,
était dans le même avion, elle m'a vu
me crasher et dès qu'elle a atterri, est
venue s'occuper de moi. Elle est manip
radio à l'hôpital et a donc des notions
médicales.

On sait que quand on envoie un hélico
pour un secours c'est que c'est grave et
que l'état du blessé ne permet par un
transport en ambulance. La seule chose
que font les pompiers est de me mettre
une minerve en plastique pour bloquer
mon cou au cas où j'aurais fracturé mes
cervicales.

>

au sol, en train de gémir de douleur.
Guy et Stéphane qui étaient au sol pour
accueillir les tandems accourent vers
moi. En me voyant gesticuler au sol, ils
me hurlent de ne pas bouger comme j'ai
tapé le dos.
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