ParaMag - N°371 - Avril 2018 - 27

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NOUS SOMMES TOUS DES STATISTIQUES
Propos recueillis par Bruno Passe

Patrick L. est un jeune père de famille, un parachutiste de 35 ans qui totalise 1200 sauts. En octobre 2016, au Luc,
il a été victime d'un accident grave à l'atterrissage : deux chevilles fracturées, cinq vertèbres fracturées dont deux broyées
avec compression de la moelle épinière. Il est passé à deux doigts de la paralysie.
Ce mois-ci, notre retour d'expérience n'apporte pas d'analyse très poussée sur la technique, ni sur le matériel.
Au départ, Patrick L. s'était même dit que ça ne servait pas à grand-chose de nous envoyer son récit.
Et puis, il a réalisé que son expérience peut être utile à d'autres, et il en a accepté la publication.
Pour des raisons professionnelles, il ne souhaite pas que son nom soit cité dans l'article.

Si l'on considère le récit qui va suivre
comme un film de cinéma,
le «pitch» serait celui-ci :
«Patrick L. fait de la vidéo tandem.
Pour ce premier saut du dimanche
matin, il s'agissait d'une demande en
mariage, le fiancé avait préparé une
banderole au sol pour faire sa demande.
En arrivant en phase finale d'atterrissage,
le vidéoman décide de rallumer
sa caméra pour filmer ladite banderole.
À partir de ce moment, il s'est «mis
dedans». Mauvaise orientation, le virage
trop bas pour se positionner vis-à-vis de
la banderole et c'est déjà trop tard : il est
quasiment parallèle au sol et l'impact est
très violent. La vie de Patrick L. vient de
basculer».
Mais ce n'est pas du cinéma, et Patrick
L. ne peut pas revenir en arrière.
Voici son récit.

L'accident

Je n'avais pas prévu de sauter ce weekend-là, je n'étais pas prévu au planning
et j'étais bien épuisé par les enfants
et la maison. Du coup j'avais bien envie
d'une bouffée d'oxygène et me suis dit
que sauter me permettrait de m'évader
un peu. En plus, il manquait des vidéomen donc j'allais pouvoir
renforcer l'équipe.

Je partis donc le vendredi soir histoire
d'avoir une bonne nuit de sommeil avant
d'attaquer le week-end. D'habitude,
j'y vais toujours avec femme et enfants,
c'est ce que nous avions fait le week-end
précédent, mais ce week-end-là,
ma femme était trop épuisée pour
m'accompagner et je vis son étonnement
en me voyant partir, ne comprenant pas
que je parte sauter le week-end alors
que nous avions un petit bout de chou
de 3 semaines, une fille de 17 mois
pleine de vie et que nous étions
complètement épuisés par la fatigue
accumulée.

Photos ci-dessus
Patrick se réjouit sous voile, à l'occasion d'un saut
sur le Prado, en juin 2016 à Marseille,
là où il réside.

J'habite Marseille et passe quasiment
tous mes week-ends au Cannet des
Maures dans le Var, c'est là qu'il y a la
drop zone.
Le samedi, je fis 6 sauts dans la journée.
Le matin j'étais fatigué, mais je n'avais
pas l'impression que c'était pire que
d'habitude. L'après-midi je ne me sentais
pas dans mon assiette. Je demandais
même à Mimi, la personne tenant le
snack de la DZ, si tout était bien frais

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Avril18:371
paramag.fr

J'ai 35 ans, je travaille dans la communication digitale la semaine et le week-end
je m'envoie en l'air, c'est ma passion et,
au fil du temps, c'est devenu mon
deuxième boulot. J'ai commencé à
sauter au Canada et je m'y suis vraiment
mis à fond en rentrant en France en

2010. J'en rêvais depuis petit. Je totalise
quasiment 1 200 sauts.
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