ParaMag - N°370 - Mars 2018 - 45

REX

En deux décennies, la miniaturisation des caméras les a
fait se déplacer sur les casques : les montages sont passés
du côté droit ou gauche pour s'installer plus généralement
sur le haut. Est alors apparu le problème de la hauteur :
bien que compactes, les caméras ont tendance à frotter
et à taper la structure des avions, au moment de la mise
en place ou de la sortie. Une certaine génération
de montage consiste à déporter la caméra vers le front
(voire même sous le menton, pour les casques intégraux).
C'est un casque de ce type (voir photo ci-contre) qu'utilisait
Jean-Marc Seurin lors de son incident. Bien que permettant
de laisser libre l'axe de passage des élévateurs, en réalité,
les mini-caméras n'ont pas réduit les risques
d'hameçonnage, ils n'ont fait que les déplacer.
C'est en partie l'objet de la directive technique FFP n°34
du 4 juin 2013, qui concerne «l'activité de sauts et vols en
situation de prises de vues et le matériel de prise de vue s'y
rapportant, y compris les casques dédiés» et qui dit :
«Il a été porté à notre connaissance une recrudescence
de pratiques et d'idées reçues :
n des montages anti-sécuritaires des caméras vidéo et/ou
appareils photo, malgré la miniaturisation des générations
récentes de matériels,
n une interrogation sur l'obligation ou non de déconnecter
les R.S.L. (L.O.R. ou Stevens) lors de sauts avec caméra(s)
vidéo et/ou appareil(s) photo,
n une dérive de la pratique où des parachutistes, lors d'une
P.D.S., suggèrent de revenir face sol après la libération,
avant l'ouverture du parachute de secours.
Actions : Montages des appareils :
Les montages devront privilégier la diminution du risque
d'accrochage par :
n Le positionnement de(s) l'appareil(s) au plus près du
casque, voire leur intégration totale.
n La suppression d'espace entre le casque et la caméra
permettant l'hameçonnage d'une suspente ou d'une sangle.
n La mise en place de protections ou de déflecteurs,
non coupants, écartant les suspentes et/ou les drisses
de liaison pouvant «lécher» le montage. Tous les casques
équipés pour la prise d'images doivent obligatoirement être
équipés d'un système de libération éprouvé.

Mini-caméra,
hameçonnage et DT 34

Le casque avec lequel s'est produit l'incident
expliqué dans cet article.

Conduite à tenir pour une P.D.S. : En cas de P.D.S.,
ne JAMAIS chercher à revenir à tout prix face sol entre
la libération et l'ouverture du parachute de secours.
Toute procédure de secours commencée DOIT être
terminée, sans délai, et ce quelle soit la position du
parachutiste. Le pratiquant prise de vues, tout comme en
utilisation standard (sans appareil de prise de vues),
mais avec une problématique accrue, doit être informé
et sensibilisé sur les configurations (avec ou sans R.S.L.,
avec ou sans déconnexion), leurs avantages et inconvénients.»
À noter que le sujet de la position des R.S.L. est en liaison
avec l'article «Le R.S.L. : piège à retardement ou ange
gardien ?», publié aussi dans cette édition. Cette DT n°34
était à l'ordre du jour du récent colloque technique de la
FFP, qui s'est déroulé à Talmont Saint-Hilaire début février,
et des modifications vont y être apportées prochainement.
Matériel de prise de vueS, P.D.S. et R.S.L., ParaMag est
donc au cœur du sujet. Rappelons que cette rubrique REX
consiste à faire partager des expériences vécues, en vue
d'améliorer les processus et de mieux prévenir les risques.
La publication de ces textes permettra peut-être à d'autres
parachutistes d'éviter un incident ou un accident
du même genre.
Exemple de montage de casque de génération plus
récente : le support de la caméra est protégé par un
carénage, et la poignée de libération est fixée sur une
mentonnière, qui peut éviter la strangulation.

Position des R.S.L. : Lors de P.D.S., la vitesse de mise en
œuvre de l'ouverture du parachute de secours par les R.S.L.
peut augmenter le risque d'interférence. La déconnexion
des R.S.L. peut être un palliatif, mais dès lors, leur fonction
d'assistance n'est plus active. De plus, en ce cas, les
R.S.L. déconnectés ne doivent pas être laissés «flottants»
au risque d'interférer avec l'ouverture des parachutes ou
d'entraîner une ouverture intempestive du secours.
En ce cas, une attention accrue et un contrôle renforcé
devra être mis en place lors de la reconnexion du dispositif
et de son inspection ultérieure. Les parachutes de type
«Élève» des structures École devront être exclus d'une
utilisation en prise de vues.

45
Mars18:370
paramag.fr

De plus, bien avoir conscience que, le R.S.L. étant déconnecté, seul le déclencheur apporte un surcroît de sécurité,
étant entendu qu'en cas de libération en dessous des
hauteurs calibrées des appareils, la reprise de vitesse peut
être insuffisante pour qu'il s'active.

http://www.paramag.fr

ParaMag - N°370 - Mars 2018

Table des matières de la publication ParaMag - N°370 - Mars 2018