ParaMag - N°370 - Mars 2018 - 41

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Photo ci-contre
Reconstitution au sol de l'incident, avec un POD de
secours vide, mais démontrant bien comme la large
drisse a pu se bloquer dans le support de la caméra.

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et nous avons séparé assez haut,
vers 1500 mètres. Heureusement !
Pourquoi «heureusement» ?
Parce que j'ai ouvert mon parachute vers
1100 mètres, et ces quelques mètres
supplémentaires, par rapport à l'altitude
standard d'ouverture de 900 mètres,
m'ont été très précieux sur la fin de
l'incident.

du mois d'avril 1992, le ciel arrache
Véro à sa famille et à ses amis.
Suite à un incident sur sa voile
principale, elle doit la libérer.
Or, son parachute est équipé d'un
système LOR, conçu pour déclencher
automatiquement l'ouverture du
conteneur de secours, en cas de libération (voir aussi l'article « Le R.S.L. :
piège à retardement ou ange gardien ?»,
publié dans cette édition).

S'ils sont équipés de matériel avec
voilure rapide et de système LOR ou
Stevens, [...] lors de la libération déclenchant le déploiement du secours, alors
centrifugés, ils ne pourront pas contrôler leur position. De ce fait, les risques
d'interférence seront accrus. En conséquence, leur casque doit être équipé
d'un système de dégrafage rapide qui
puisse leur donner la possibilité de se
séparer de celui-ci si besoin est.»

Quelle que soit la configuration du parachutiste, le système se met en œuvre.
Durant la séquence d'ouverture du
secours de Véronique G., il y a une
interférence avec son casque vidéo.
Celui de Véro n'étant pas équipé de
système de libération, elle ne peut pas
résoudre l'accrochage d'un élément de
son parachute de secours sur une
aspérité de son système de prise de vues.
C'est l'accident mortel, et la communauté parachutiste est sous le choc.

Dès 1992, cette circulaire de sécurité
n°44 posait les bases de la réglementation fédérale en ce qui concerne les
prises de vues en chute. Bien sûr,
elle a évolué depuis, notamment avec
la directive technique n°34 (voir encart
«Mini-caméra, hameçonnage et DT 34»),
émise en juin 2013.

Très rapidement, le Conseil technique
permanent de la FFP, à l'époque dirigé
par Jean Coupé, en accord avec la
Direction technique nationale, à l'époque
dirigée par Jean-Marc Seurin, émet la
circulaire de sécurité n°44 du 23 avril
1992. Cette circulaire impose d'installer
un système de dégrafage rapide sur tous
types de casque équipés d'appareils de
prise de vues (caméra, appareil photo
ou les deux).

Interview de
Jean-Marc Seurin

ParaMag : Ton incident est donc arrivé
durant l'été 2016, à l'occasion d'un
simple saut de vol relatif à cinq,
niveau débutant ?
Jean-Marc Seurin : Tout à fait, un p'tit
saut tranquille d'une fin de journée de
stage, avec des jeunes B2 et des parachutistes plus confirmés, mais de niveau
loisir. Notre programme de vol relatif ne
s'est pas du tout déroulé comme prévu,

Pourquoi dis-tu «comme à mon
habitude» ?
Je totalise 67 libérations, la plupart durant ma carrière de compétiteur en voile
contact. Hé oui, nous libérions beaucoup
à cette époque ! Bref, après avoir libéré,
je me retrouve en chute et en autorotation sur le dos. Là encore, c'est tellement
violent, que je décide de me battre pour
revenir face sol. Alors je sais que c'est
contraire à ce que préconise la DT 34,
mais dans le cas présent je sais que je
suis haut, la configuration est vraiment
malsaine et durant un temps, je me bats
pour stabiliser la position. Mais je n'arrive
pas à revenir face sol rapidement et
comme je réalise que ça va prendre du
temps et que je me sens toujours prêt à
partir «dans les vaps», je décide d'ouvrir
le parachute de secours.
Juste après l'action sur la poignée,
je ressens un choc dans le visage
et je vois que c'est mon POD de secours :
il est devant moi et il ne bouge pas.
Je ressens aussi une traction sur le
casque, qui me tire vers le haut.
En levant la tête, je vois la sangle de
liaison extracteur de secours et POD qui
est en traction. Je réalise immédiatement
ce qui se passe : c'est la sangle qui est
accrochée à ma caméra GoPro,
sur le devant de mon casque (voir
ci-dessus la photo de la reconstitution).
C'est ce passage que l'on voit sur
l'unique vidéo* de l'incident : celle qui
a été filmée par un des participants

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Mars18:370
paramag.fr

Elle informe ainsi les utilisateurs :
«...des risques qu'ils encourent lorsque
leur casque présente des aspérités
susceptibles de générer des accrochages
avec les composants de leur parachute.

En contribuant à mettre en place cette
réglementation, il y a près de 25 ans,
Jean-Marc Seurin s'est donc sauvé la
vie par anticipation ! Et nous allons voir
comment, à travers son témoignage
ci-dessous.

De quel type d'incident s'agissait-il ?
Ça a commencé par une libération, suite
à une «ouverture de l'apocalypse» de
ma voile principale qui est montée en
torsades. Un grand classique, je dirai :
un mètre de torsades dans un sens et
la voile qui tourne dans l'autre. L'autorotation est violente, je commence à me
sentir partir «dans les vaps» et je ne
peux même pas essayer de résoudre les
torsades. Je décide donc de faire une
procédure de secours, comme à mon
habitude, et selon la méthode française
officielle : «main droite sur la poignée de
libération», «main gauche dessus», etc.
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