ParaMag - N°370 - Mars 2018 - 39

«Bien sûr, Rich était en contact par
téléphone satellite avec les bateaux
arrivant sur place. Selon les informations fournies, il commençait aussi à y
avoir des trous bleus dans le ciel, bonne
nouvelle ! Mais le premier avion n'a pas
eu de chance, les nuages étaient bas,
certains ont sauté à 2200 pieds (environ
700 mètres). Il y avait un couple de
Norvégiens qui était là en lune de miel.
Mais ils ne se sentaient pas assez expérimentés pour sauter aussi bas et ils ont
préféré rentrer. Heureusement pour eux,
il restait encore de la place dans l'avion
suivant. Le temps de revenir sur le Trou
Bleu et le ciel s'était dégagé : nous avons
pu sauter à 4000 m et faire leur photo
en chute au dessus du Trou Bleu !»
L'excitation est à son comble lorsque les
parachutistes collent le nez au hublot
ou à la porte de plexiglas pour découvrir le Trou Bleu vu du ciel, au milieu
de son atoll. Il se détache parfaitement
de l'uniformité turquoise et se présente
comme une cible aux yeux des parachutistes. Ils devront amerrir au plus
près possible des embarcations bateaux
de récupération qui sont en place. Pas
question de se poser sur le bord du trou,
peu profond et se présentant comme un
collier de corail coupant.

Sous voile, les approches vers le milieu
du trou se font de façon sage et calculée.

Une fois montés sur le bateau, pour
les parachutistes, l'excitation fait place

Après cette incroyable journée, le retour
en bateau, trois heures dans un océan
agité, sera le moment le plus éprouvant.
Nous laissons le mot de la fin à l'organisateur Rich Grimm : «Sauter en pleine
mer, dans un trou infesté de requins,
qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?»n

Bruno Brokken est dans l'eau avec son matériel de prise de vue :
grâce à une technique personnelle, son appareil photo ne prendra pas une seule goutte.
Photo Bruno Brokken

Un appareil photo «à la baille»

Pour photographier le saut dans le Grand Trou Bleu, Bruno Brokken devait rentrer
dans l'eau avec son matériel photo et vidéo. Pour la caméra vidéo, pas de
problème, il saute avec une Go-Pro 6 qui est étanche. C'est l'appareil photo
qu'il fallait protéger.
Il explique comment il a géré la situation : «J'ai utilisé la même méthode qu'en
2010, en enroulant le boitier de mon appareil dans du film plastique que l'on utilise
pour les aliments. Il fallait bien sûr que la lentille de l'objectif reste dégagée pour
prendre les photos durant le saut. Après la chute, je me suis dépêché de prendre
quelques photos supplémentaires sous voile et cela jusqu'à 400 mètres.
Puis j'ai tout simplement recouvert l'objectif avec deux bonnets de douche que
j'avais emportés avec moi. High tech ! Il me suffisait ensuite d'atterrir à côté du
bateau et d'avoir la tête émergée. Et comme en 2010, ça a marché,
je n'ai pas eu une seule goutte sur l'appareil !»
Et comme en 2010, le saut photo fait la couverture de ParaMag, mais cette fois
avec une photo en chute ! «L'idée était de mettre le Trou Bleu au milieu de l'étoile
à sept. Mais nous étions largués tellement à la verticale qu'il aurait fallu que je
sois dans la dépression de la figure pour obtenir l'image, avec un fort risque d'être
déventé. Sans viseur Newton, que j'avais retiré pour ne pas le tremper dans l'eau
salée, j'ai donc choisi un angle plus plat, avec le Trou Bleu juste en dessous de
l'étoile.» Ce qui n'est pas grave, puisque ce cadrage reste idéal pour une couverture de magazine, une de plus signée par Bruno Brokken, merci l'artiste ;-)

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Mars18:370
paramag.fr

Chutant en short en tee-shirt, les
parachutistes vivent un moment unique
et grandiose. Voir le Grand Trou Bleu
en chute représente quelque chose de
vraiment exceptionnel. Les ouvertures
se font relativement haut pour perpétuer
l'extase mêlée à un bon rush d'adrénaline, car il faut maintenant se poser dans
l'eau et dans un nid à requins. N'exagérons rien, les espèces de requins qui
fréquentent le Grand Trou Bleu ne sont
pas agressives et resteront dans les eaux
profondes du trou, ou en dehors, afin
de ne pas être dérangés par toute cette
agitation... Mais quand même, ce n'est
pas tous les jours qu'on saute chez les
requins, agressifs ou pas !

Les arrivées sont étagées au mieux afin
de récupérer chaque personne sans
précipitation. C'est en respectant les
consignes de sécurité que les sauts dans
le Grand Trou Bleu sont réalisés sans le
moindre incident.

à l'enthousiasme. Tandis que certains
rentreront directement à Belize, d'autres
vont plonger dans le Trou Bleu, que ce
soit en snorkelling ou en plongée
bouteille. Les plus expérimentés
descendront à 40 mètres pour voir le
Trou Bleu sous un autre angle :
par en dessous. Ils verront aussi des
requins, une tortue et plein de poissons
magnifiques.

VOYAGE

Le premier avion décolle de San Pedro à
9 heures. «J'ai pu faire deux sauts dans
le Trou Bleu cette année, ça m'en fait
quatre en tout, avec les années précédentes. Rich est le champion : il totalise
11 sauts dans le Blue Hole. Cette année,
les conditions météos étaient bonnes sur
les quatre jours, sauf le matin du dernier
jour. Il y avait pas mal de nuages dans la
région et nous nous demandions ce qui
nous attendait à 70 kilomètres en mer»
raconte Bruno Brokken.

L'objectif est de venir au plus près des
bateaux, de bien cabrer sa voile afin
d'arriver dans l'eau en douceur pour s'y
enfoncer le moins possible.
Le vent permet d'entrer dans l'eau sans
y plonger la tête et avec la voile qui
reste en pression derrière, tandis que le
parachute de secours fait office de gilet
flottant.

déposer les affaires dans les bateaux de
récupération, qui partent dès 6 heures
du matin pour trois heures de navigation
jusqu'au Trou Bleu.

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