ParaMag - N°367 - Décembre 2017 - 40

EXPLOIT

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Photos ci-contre
Cette fois, ça y est ! Le grand projet se concrétise
et la concentration est visible sur les visages
de Fred (photo du haut) et Vince (photo du bas).
Photos Max Haim - Red Bull Content Pool

On a mis cette session de septembre
en croix, avec le sentiment d'avoir beaucoup appris et d'avoir su rester prudent.
Et aussi avec un sentiment de doute,
car on ne savait pas si notre sponsor
Red Bull accepterait de nous donner
une deuxième chance.

Épisode 4 :
«À deux, sinon rien»

Effectivement, la location de l'avion,
de l'hélicoptère avec la Cineﬂex, toute
l'équipe autour, avec les pilotes, le staff
de tournage, etc., tout ça coûte cher...
Carrément, c'était un gros budget.
Et Red Bull nous a soutenus jusqu'au
bout, car ils avaient bien compris que la
finalité du projet était d'entrer tous les
deux dans l'avion. S'il n'y en avait qu'un
seul qui réussissait à entrer, le projet
était inachevé.
La décision a donc été prise de continuer, de faire d'autres tentatives, mais
cette fois d'attendre un bon créneau météo, avec des conditions anticycloniques
sur la Suisse.
Mais c'était déjà la fin septembre, en
Suisse, et sur un sommet à 4000m, ce
genre de créneau se fait de plus en plus
rare à cette période. Et là, notre crainte,
c'était de devoir attendre tout l'hiver,
de laisser passer encore six mois, alors
qu'on était prêts, on était chauds et à
fond dedans, c'était hyper frustrant.

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Alors c'est vrai qu'on n'avait pas envie
de cogiter des mois là-dessus. On avait
trouvé un juste milieu entre la peur et
la certitude que c'était réalisable en
sécurité. On avait vraiment l'envie de
le faire, c'était notre rêve, on s'en était
donné les moyens, on s'était entraînés à
fond, et on avait bien géré la technique,
la sécu, et tout, alors ce n'était pas pour
en arrêter là.

Décembre17:367
paramag.fr

Vous restiez confiants, même si ça
n'avait pas marché la première fois ?
Franchement, c'est le projet le plus impressionnant de tous ceux qu'on a faits.
Ça faisait flipper et ça devenait aussi
stressant pour notre entourage.

Avez-vous mis à profit cette pause forcée pour encore améliorer des choses ?
Oui, on a décidé d'ajouter une étape
supplémentaire avant notre prochaine
tentative à la Jungfrau. Une session
d'entraînement à Reichenbach, sur la
drop zone où le Pilatus décollait, la veille

de la tentative. Ce truc d'entrer dans
l'avion, c'est tellement mental que si tu
as pu t'entraîner juste la veille, l'action de
la rentrée est encore toute fraîche dans
ta tête. Il n'y aurait plus cette coupure
de trois semaines qu'on avait eue la
première fois.
Et il y a aussi les conditions, elles
sont très différentes entre nos vols en
Espagne et celles de la montagne : la
température, la densité de l'air, les vêtements utilisés. Entre le short t-shirt au
bord de la mer et les sous-couches en
montagne, on ne vole pas pareil dans
les combinaisons.
Lors des deux vols d'entraînement en
montagne, on avait été un peu déstabilisés par ces différences flagrantes, avec
en plus des parachutes de BASE et non
plus nos parachutes de sauts d'avion.
Ce qui nous avait manqué, c'était une
journée d'entraînement supplémentaire
en saut d'avion, mais dans les mêmes
conditions que pour le wingsuit BASE en
montagne.
Heureusement, il y avait ce beau mois
d'octobre 2017 qui restait à venir...
Oui, toute l'équipe a recommencé à

s'exciter lorsqu'on a vu l'énorme anticyclone
arriver par chez nous. Ce n'était pas une
mince affaire, il fallait de nouveau que
toute l'équipe soit disponible, et aussi
le Pilatus, avec ses périodes de maintenance, et sa place dans la logistique de
Skydive Empuriabrava. Finalement tout
s'est bien goupillé et on s'est tous
retrouvés en Suisse, au mois d'octobre.
Comment s'est passée votre
dernière session d'entraînement
à Reichenbach ?
On a fait deux journées d'entraînement
sur cette drop zone qui nous a super
bien accueillis. On a pu y sauter avec
«notre» avion, avec notre équipement de
montagne et nos parachutes de BASE
jump, faire des rentrées dans l'avion,
c'était top.
Fred : Sur ces deux jours, nous sommes
rentrés deux fois chacun dans l'avion.
Pour Vince c'était bien, son mouvement
était réglé, mais perso, je me sentais
moyen. Je n'étais pas satisfait de mes
rentrées et j'ai décidé d'en refaire une
troisième, tout seul, pour me sentir à
100%. Ça a bien marché.
Le lendemain, la météo était annoncée
parfaite : grand blue sky, et pas de vent.
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