ParaMag - N°367 - Décembre 2017 - 38

EXPLOIT

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Photo du haut
Accompagnés d'un guide de haute montagne,
Fred et Vince marchent encordés le long de la crête
qui les amènera à l'exit, après une descente en
rappel de 30 mètres.
Photo Supersize Films - Red Bull Content Pool
Photo du bas
Le départ demande de la concentration, c'est avant
tout un saut de wingsuit BASE.
Photo Supersize Films - Red Bull Content Pool

nécessaires pour passer le glacier,
10 à 15 secondes de calage, Philippe
donne le «go for entry» et il nous reste
une minute de vol vers la vallée de
Lauterbrunnen.
Pour ce premier vol d'entraînement,
les conditions météo étaient bonnes
et tout s'est déroulé comme prévu.
C'était le top !
À quel moment avez-vous
tenté le coup ?
Pas le lendemain, car nous sommes
restés en attente au sol. Il fallait des
conditions parfaites pour les tentatives.
Il ne faisait pas mauvais, mais il y avait
des nuages en plein milieu de notre
trajectoire et ils sont restés là toute la
journée.
Une amélioration était annoncée pour
le jour suivant, il était donc préférable
d'attendre. Mais on savait qu'il n'y aurait
que cette journée pour réussir, car ensuite c'était carrément plusieurs jours de
mauvais temps qui étaient annoncés.
Et puis l'avion et son pilote devraient
rentrer en Espagne.
Nous avons donc tenté le coup sur ce
seul créneau qui s'offrait à nous.
Mais le beau temps était relatif : le vent
s'était levé, et il commençait à faire très
froid. Il faut s'imaginer les conditions du
saut, à 4000 mètres, dans la montagne
tout enneigée. Après la dépose en hélicoptère à côté du sommet,
accompagnés d'un guide de haute
montagne, on marche encordés et en
crampons le long d'une crête d'environ
200 m, on s'arrête sur un petit replat
pour s'équiper de nos wingsuits et de
nos parachutes, on continue de marcher
encordés jusqu'à l'endroit où le guide
nous a préparé une descente en rappel
de 30 m pour atteindre l'exit.
Tout est minuté selon un timing précis,
car pendant ce temps l'avion doit décoller de la drop zone de Reichenbach,
afin que l'on passe le moins de temps
possible à se refroidir dans la montagne.
Décembre17:367
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À quel moment précis est-ce que le
Pilatus décolle ?
Dès que le premier d'entre nous a atteint
l'exit, il prévient les pilotes du Pilatus. Ça
laisse le temps au second de descendre,
puis de finir de nous préparer : enlever
les crampons, les gants de montagne,

retirer les cordes et demander au guide
de remonter ce matériel.
Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvé
sur notre bout de rocher d'un mètre
carré en train d'attendre au bord du vide.
Pour cette première tentative, qui serait
sans doute la dernière à cause de la
météo, avec le vent, le froid et le stress,
cette face nord de la Jungfrau était
devenue très hostile à nos yeux.
C'était loin des conditions d'entraînement au bord de la mer, en Espagne ?
C'était les conditions les plus difficiles
qu'on ait jamais eues. Il fallait être très
vigilant.
Avec Yves, c'était ce qu'on s'était dit
depuis le début, ne jamais perdre de
vue que c'était avant tout un saut de
BASE jump, et que l'entrée dans l'avion
ne venait qu'ensuite, ce n'était pas la
priorité. Dans nos têtes, il ne fallait pas
mélanger les deux. Et là, on était vraiment dans les conditions extrêmes d'un
saut de BASE jump en haute montagne.
Le ciel était dégagé, mais il y avait du
vent de travers, ça restait sautable et on
y est allé. Notre départ n'était pas terrible... Lorsqu'on est arrivés au-dessus

du glacier, on s'est fait brasser dans les
wingsuits par le vent d'ouest, en latéral
et dans les turbulences.
Pour le Pilatus c'était pareil, et nous on
le voyait bouger, c'était super impressionnant et le stress était bien là.
Du coup, on a mis du temps à se caler
avec l'avion. Et puis, à un moment de la
descente, ça s'est calmé, et l'avion a arrêté de bouger. C'était flagrant, on venait
de sortir de la zone de turbulence. Yves
nous a donné le «go» pour la rentrée.
Qui est rentré en premier ?
Vince : Comme prévu, c'est moi qui y
suis allé en premier. Avec tout ce qui
venait de se passer, ce n'était pas ma
meilleure rentrée... J'y suis allé dedans
un peu fort, je suis resté un peu bloqué
sur le dos à l'intérieur, mais c'était réussi.
Je me suis reculé et j'ai attendu Fredo.
Fred : J'étais en a ttente derrière, j'étais
plein de stress dans la tête, et j'ai oublié
les trucs de base, comme de regarder le
point à l'intérieur de l'avion, etc. Je me
suis précipité et j'ai tapé le bord de la
porte. Je suis carrément tombé.
J'ai fait deux tonneaux en chute
et j'ai essayé de me recaler avec le
Pilatus. Mais il n'y avait plus assez de
temps pour tenter encore une rentrée...
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