ParaMag - N°365 - Octobre 2017 - 47

FLASH-BACK

RECORD

«Et si on organisait un boogie ?» Cette phrase, mainte fois répétée par plusieurs générations
de dirigeants parachutistes, conserve tout son sens dans l'activité actuelle.
Boogie Full Moon, Sunshine Boogie, Western Boogie, Lost Prairie boogie..., après avoir scruté
l'actualité des boogies de l'été 2017 en Europe et aux États-Unis via nos articles précédents,
c'est aussi le bon moment de se poser la question : «C'est quoi exactement, un boogie...?»
Et de rappeler comment tout a commencé, en France et en Europe,
avec la saga du Boogie de Vichy.

Par Bruno Passe

LA SAGA DU BOOGIE DE VICHY

Le terme «boogie» est couramment
utilisé, en parachutisme, pour désigner
un rassemblement festif, autour d'un
thème ou d'une occasion particulière.
C'est généralement la mise en place
spécifique d'un ou plusieurs avion(s), à
une certaine période de l'année, ou pour
marquer un événement spécial.
De nos jours, le nombre de parachutistes participants n'entre plus vraiment
en ligne de compte pour désigner un
événement en tant que «boogie». Qu'un
centre fasse venir un avion de 15 ou
20 places et quelques animateurs de
sauts, et déjà «c'est boogie». Et c'est tant
mieux, car il ne faut jamais manquer une
occasion de faire la fête au sol, et de se
faire plaisir techniquement en l'air.
Mais il y a un peu plus de 10 ans, un
vrai boogie c'était (minimum...) plusieurs
centaines de personnes pour aligner
plusieurs milliers de sauts, sur quelques
jours d'affilée. C'est à Vichy, dans les
années 1990, que le plus fameux des
boogies en Europe était organisé durant
chaque mois d'août.
Rassembler des centaines de parachutistes autour d'une flopée d'avion pour
sauter dans une ambiance fun et faire la
fête le soir, cette idée-là a germé dans la
tête des frères Nelson, dans le courant
des années 70, aux États-Unis.

Boogie façon hippie

Dans l'article intitulé «Freak Brothers,
L'histoire atypique des inventeurs du
boogie» et publié dans le ParaMag
n°333 de février 2015, Patrick Passe
raconte l'histoire des frères hippies,
instigateur du mouvement qui conduit à
la création des premiers boogies.

retrouvaient sur certaines DZ, avec deux
ou trois DC-3, durant une semaine.
Ces rendez-vous tendance hippie étaient
baptisés Freak Brothers Convention.../...
Le mouvement a pris de l'ampleur, avec
comme point d'orgue la Freak Brothers
Convention qui se déroulait chaque
mois d'août à Freeport, dans l'Illinois.
Chapiteau, camping, etc., tout était mis
en place sur le terrain pour une semaine
de folie.../...
D'année en année, le nombre des
participants continuait d'augmenter,
ls venaient des quatre coins du monde,
et la flotte d'avions utilisés aussi, soit au
moins une douzaine de machines comptant des Twin Otter, des DC-3
et des Twin Beech.
À cette époque, les premières vraies
grandes formations (60 et plus) voyaient
le jour durant ces rassemblements. On
commençait à parler alors de «boogie»,
c'était au début des années 80.../...

En 1986, la Freak Brothers Convention
prenait place à Quincy, toujours dans
l'Illinois, et elle changea de nom pour
s'appeler World Skydiving Convention.
Pour cette édition-là, Roger Nelson
avait loué un Hercules C-130 d'Afrique
du Sud, en complément d'une flotte
d'avions constituée déjà de 6 DC-3,
un Beech 99 et un Skyvan.
Cet Hercules, c'était un délire,
une folie... 2000 skydivers étaient
présents à ce boogie démesuré durant
lequel Roger Nelson organisa avec
succès un record du monde de grande
formation à 120, battant ainsi le record
à 100 qui avait été établi cinq semaines
plus tôt. La World Skydiving Convention
86 marqua un tournant dans le
gigantisme du boogie.../...»

Un Hercules,
sinon rien

Dans une totale démesure, les bases
de ce qui définit encore de nos jours

47
Octobre17:365
paramag.fr

«Les Freak Brothers, qui volaient déjà
autrement qu'à plat, attirèrent et regroupèrent une communauté d'adeptes autour d'une pratique non conventionnelle.
Cheveux longs et allures «déjantées»,
ils chutaient principalement sur le dos,
en toute mixité avec les autres chuteurs
à plat. Les disciples du Freak Flying se

En 1989, Espace Boogie voit son premier village de tentes et de vans s'installer autour de la grande cible
de Vichy. Il y a 750 inscrits, avides de goûter à la tranche arrière de l'Hercules. Photo François Rickard

http://www.paramag.fr

ParaMag - N°365 - Octobre 2017

Table des matières de la publication ParaMag - N°365 - Octobre 2017