ParaMag - N°365 - Octobre 2017 - 22

BASE JUMP

Photo ci-contre
Le vol de précision est très spectaculaire, il offre de
multiples angles de prise de vue : ici de face et sur
la même action que les photos publiées en pages
précédentes.

pris dans le feu de la compétition
et poussés par le chronomètre.
Cette année encore, un compétiteur
a traversé un arbre...

La compétition de vitesse reste à mes
yeux plus engagée que sur une cible,
et en plus elle est moins visuelle, moins
spectaculaire. C'est la raison pour
laquelle je pense que les compétitions
sur cible ont plus d'avenir. Leur développement devrait passer par un parcours
comportant deux ou trois cibles judicieusement placées et sur lesquelles
le compétiteur cumulerait un total de
points. La difficulté est de trouver un site
qui se prête à une telle épreuve.

Octobre17:365
paramag.fr

Avant le début des épreuves, Jeb Corliss a réalisé une vidéo de démonstration dans laquelle on le voit évoluer sur
un parcours à deux cibles (et d'ailleurs
il rate la dernière, preuve que ce n'est
pas une épreuve facile !). Le site de
Tianmen Hole pourrait-il se prêter à des
parcours multicibles ?
Les Chinois ont la capacité de construire
et monter des infrastructures spécifiques
en un temps record, libérés de tout
l'aspect administratif extrêmement lourd
que l'on connaît dans les pays européens ou aux États-Unis. Presque en un
claquement de doigts, avec une centaine
d'ouvriers embauchés sur-le-champ, ils
peuvent construire une vaste plateforme,
n'importe où en haut d'une montagne
ou au milieu de la jungle. C'est ainsi que
nous avons obtenu une plateforme de
départ, d'autres pour les «turn markers»
(plateformes de virage) ou depuis deux
ans comme support de cible aérienne.
Dans d'autres endroits que la Chine, les
budgets explosent à cause du coût de
la main-d'œuvre, des autorisations, voire
des études d'architectes ! Nous avons
bénéficié de la puissance humaine de la
Chine dans toute sa splendeur.

Ian Webb - www.ian-webb.com

Même avec les nouvelles règles et le
nouveau parcours, il semble que le
danger reste donc bien présent ?
Nous sommes des compétiteurs qui
cherchons à nous dépasser, et davantage encore dans l'enjeu d'une compétition. L'incident est arrivé durant une des
épreuves de vitesse. Pour ces épreuves,
nous volons tête baissée, colonne
vertébrale bien axée, car la position
est plus aérodynamique qu'avec la tête
relevée. Comme en track ou en trace, il
faut éviter la cambrure. Mais dans cette
position, il y a moins de visuel sur la
trajectoire.

La Chine est un endroit original, exotique
avec des falaises somptueuses et se
prête tout à fait à ce genre d'événements. Malheureusement l'édition de
cette année n'a pas atteint le niveau
médiatique des années précédentes.
Effectivement, et il n'y avait pas de
direct sur Internet, juste quelques «directs» sur Facebook, réalisés avec un
simple smartphone. Et le site Internet
est fermé. Quelles sont les raisons de
cette baisse médiatique ?
En premier lieu, c'est certainement à
cause de la perte du sponsor principal.
Ensuite nous avons touché du doigt les
difficultés du direct dans une activité
aéronautique. Les deux années précédentes, certaines épreuves en direct ont
été perturbées, voire reportées, à cause
de la mauvaise météo, ce qui est difficile
à gérer avec les médias. C'est très dur
pour une chaîne de télévision lorsqu'un
direct se passe mal, et ça porte forcément à conséquence. C'est peut-être
une des raisons du retrait de Red Bull.
Jeb Corliss a également déclaré qu'il
se retire progressivement du monde de
la chute et il porte de moins en moins
l'événement. Un des organisateurs
principaux, qui est Iiro Seppanen, après
cinq années d'investissement dans cet
événement, n'a pas obtenu les retours
qu'il espérait.
Il annonçait que cette année était pour
lui la dernière sur cette WWL qui va

donc perdre un de ses piliers.
Je ne porte pas de jugement sur la façon
dont les organisateurs ont géré la compétition au fil des années, mais je suis
très inquiet sur son devenir.
L'enthousiasme est une qualité indispensable pour pratiquer le BASE jump et y
organiser des compétitions d'envergure,
mais je pense qu'ils ont été trop enthousiastes et notamment en s'entêtant à
ne produire que du direct. Le choix du
différé n'aurait pas changé grand-chose
quant au suspense de la compétition,
mais il aurait permis de présenter aux
téléspectateurs une émission beaucoup
plus achevée et avec un montage plus
riche et plus performant.
Je reste persuadé qu'il y a moyen de
médiatiser cette discipline pour le grand
public.
Comme pour les Red Bull Aces (cf.
article «Red Bull Aces, les Français
sont dans la course» dans le ParaMag
n°343 de décembre 2015), auxquels
tu as participé à plusieurs reprises, aux
États-Unis ?
Les Red bull Aces sont un bon exemple,
mais là encore ils n'existeraient pas
sans l'apport du sponsor Red Bull.
Il faut de gros moyens : avec plusieurs
hélicoptères en vol stationnaire pour les
«pylônes», un pour la prise de vues et
un pour le largage. Il y a aussi un risque
d'impact, que ce soit entre les quatre
compétiteurs ou même avec les câbles

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