ParaMag - N°364 - Septembre 2017 - 51

(#)

etsalconoci'l

LA SITUATION
La situation telle qu'elle se présente aujourd'hui est sérieuse. Il est
donc utile et nécessaire de l'examiner afin de construire, de bâtir,
de consolider une analyse permettant de la voir, de la contempler,
de la regarder avec quelque peu de recul, à défaut de la maîtriser
ou de la faire évoluer.
L'histoire n'est pas avare, mais plutôt prolixe, d'époques où la situation ne présentait pas les caractéristiques d'un long fleuve tranquille
mais celles d'un volcan en éruption. Sans remonter aux calendes
grecques, l'histoire récente fourmille de moult exemples, que ce soit
l'histoire moderne ou l'histoire contemporaine.
Bien entendu, toute une graduation de situations a pu être observée
entre ces deux extrêmes, de sorte que le calme et la fureur ne sont
pas les seules atmosphères que les personnes se trouvant dans la
situation aient eu à subir, ou même seulement à éprouver, voire à
juste ressentir.
Ah bien sûr, il arrive à intervalles dont on ne saurait dire s'ils sont
réguliers ou irréguliers, mais dont on peut affirmer sans grands
risques qu'ils sont récurrents, que la situation présente des caractéristiques d'une nature proche de ce que l'on pourrait qualifier sans
trop exagérer «de crise» durant lesquelles les analystes semblent la
plupart du temps désorientés.
Les périodes de totale accalmie de la situation sont finalement assez
courtes. On peut donc estimer, en s'avançant certes avec quelque
audace, que la moyenne de toutes les situations présente des caractéristiques proches de celles d'un volcan actif mais pas en éruption, seules quelques fumeroles, voire quelques bouillonnements de
lave, laissant paraître le danger potentiel de la situation.
Aussi l'expression «danser sur un volcan» présente-t-elle une universalité insoupçonnée assez peu visible lors d'une réflexion spontanée et, il faut en convenir, assez superficielle de la situation, le
volcan en question pouvant être situé sur tout le spectre des situations volcaniques possibles. Les vulcanologues disent d'ailleurs
d'un volcan qu'il est «endormi», pas qu'il est éteint.
Si le Stromboli, dans les îles Éoliennes, est actif de manière ininterrompue depuis 2.500 ans, entrant en éruption avec une surprenante régularité, le Puy-de-Dôme en Auvergne et les volcans de
la Chaîne des Puys sont endormis depuis 10.000 ans, produisant
néanmoins toujours des sources exploitées dans la plaine de la
Grande Limagne à Vichy, Volvic, Chateldon, pour les plus connues.
Les curistes de la station thermale de Vichy, connue depuis l'antiquité romaine, imaginent-ils qu'ils dansent sur un volcan ? Non bien
sûr. Pas plus, d'ailleurs que les baigneurs de la station balnéaire de
Fécamp, port de pêche honoré d'une rue à son nom à Paris, n'imaginent les falaises de craie s'écroulant sous leurs pieds, quoique ce
soit inéluctable mais à une date inconnue.

Laissons le dieu arverne qui trône sur ledit Puy-de-Dôme, à défaut
d'Olympe, pour revenir à la situation. Dans l'échelle de Richter des

tremblements de terre (décidément la géologie est curieusement
source de réflexion sociologique) la situation a été spontanément
qualifiée de «sérieuse», ce qui laisse un large champ d'interprétations personnelles, il faut en convenir.
C'est que les circonstances ne sont pas étrangères à la situation,
lapalissade qu'on n'hésite cependant pas à rappeler tant il est souvent oublié qu'une situation n'apparait pas ex nihilo, à part le bigbang initial quoique certains n'y voient pas de hasard mais plutôt
l'intervention d'un dieu siégeant alors bien au-delà de l'Olympe, a
fortiori du Puy-de-Dôme.
Faut-il en déduire que la situation serait maîtrisable, voire améliorable, en agissant sur les circonstances ? Il semblerait que pour
certains l'audace d'une telle hypothèse n'ait d'équivalent que celle
d'envisager de sauter de Noratlas en wingsuit pour remonter passer
entre les deux dérives-poutres et le plan fixe arrière les reliant.
S'il se trouvera toujours un loufoque pour vouloir réaliser un tel saut,
nul doute que les Space Cowboys (surnom auto-proclamé par les
intéressés dans un éclat de rire) qui pilotent la machine y voient
quelques menus inconvénients, preuve que l'âge du capitaine est
parfois source de sagesse et de modération.
Les circonstances ne sont que des faits qui s'emboîtent de façon
hasardeuse au fil de l'eau (de source thermale, on n'y échappe décidément pas, mais ça donne toute sa cohérence au raisonnement),
constat qui permet de penser qu'elles peuvent être canalisées pour
agir sur la situation. Encore faut-il s'entendre sur l'ampleur de la
canalisation.
Car il y a canalisation du plombier et canalisation de l'architecte. Le
premier enferme l'eau dans un tuyau dont pas une goutte ne peut
-ne doit- sortir, dans le carcan d'un plan de canalisation dont il réalise lui-même les soudures. Le second imagine des digues variées
selon les lieux afin de laisser les eaux libres mais d'éviter les débordements des crues et leurs conséquences néfastes.
Par exemple, les eaux tumultueuses du Rhône (on reste en région
Auvergne-Rhône-Alpes pour la cohérence) ont ainsi été canalisées
par des digues, dérivations et judicieux barrages mais le fleuve reste
navigable par les péniches et autres bateaux avec juste une sécurité
accrue permettant même à la ville de Lyon (cohérence) d'ouvrir un
service de transport public par vaporettos.
Parenthèse : afin de ne pas être soupçonné de chauvinisme lyonnais,
quoiqu'il serait justifié, rappelons qu'en matière de canaux, les
Hauts-de-France possèdent le canal de Saint-Quentin et les Basde-France le canal du Midi. Fin de la parenthèse. Revenons au
cœur du raisonnement : la situation est certes sérieuse mais pas
désespérée dès lors qu'il est décidé d'agir sur les circonstances.
Si l'Olympe où réside Zeus a une altitude de 2.917m permettant
d'y loger douze autres dieux spécialisés -7 dieux et 5 déesses(mention spéciale concupiscente à Aphrodite, déesse de l'amour
et de la sexualité, et à Éros, dieu de l'amour et de la puissance
créatrice), avec ses 1.465 m le Puy-de-Dôme est certes moins
logeable, mais assez vaste pour permettre aussi de s'entourer
de spécialistes.
La situation peut donc être améliorée surtout quand elle prend l'eau
(de source thermale). Ce raisonnement sur la situation en général
s'applique à n'importe quelle situation particulière, surtout s'il s'agit
d'écrire pour décrire le néant, désœuvré et délirant dans une ville
thermale auvergnate... n

51
Septembre17:364
paramag.fr

Bref, si l'on peut dire, les méandres cachés de la situation échappent
souvent au vulgum pecus, c'est-à-dire selon le Larousse.fr au
«commun des mortels», ou mieux à «la majorité ignorante» que
d'aucuns, perché sur le Puy-de-Dôme, qualifieraient de majorité
ignare, c'est-à-dire toujours selon le Larousse.fr de «sans culture ni
instruction», ou mieux de «scandaleusement ignorante».

Par
Yves-Marie Guillaud
http://www.Larousse.fr http://www.paramag.fr http://www.Larousse.fr
ParaMag - N°364 - Septembre 2017

Table des matières de la publication ParaMag - N°364 - Septembre 2017
