ParaMag - N°361 - Juin 2017 - 41

En mai 2011, nous avons envoyé un
prototype Petra de 69 pieds carrés à
Nick Batsch, un compétiteur de canopy piloting américain sponsorisé par la
marque NZ Aerosports.
Nous savions que la voile était très
différente de ce que nous connaissions,
la consigne était d'y aller mollo.
Comment ça s'est passé ?
Nick a reçu la voile peu de temps avant
une grande compétition nationale aux
États-Unis et il a fait quelques sauts
avec. Il nous a envoyé les vidéos de ses
premiers sauts où on le voit envoyer 5
rotations chargées avec du plomb...
Il n'avait pas trop suivi les consignes !
Il n'avait fait qu'une dizaine de sauts
avec le proto Petra lorsqu'il a décidé de
l'emmener au Big Boy Pants, dans le
Colorado. C'est une compétition organisée par Performance Designs et tournée
uniquement vers les records.
Et là Nick, au deuxième saut, a battu le
record du monde de distance : 222,45
mètres ! C'était exactement le 29 juillet
2011, le record a ensuite été ratifié
par la FAI.
C'était l'apogée de notre projet,
la reconnaissance de tout le travail
effectué depuis les deux années
passées. C'était un grand moment chez
NZ Aerosports, à Auckland !

Après la Petra est venue la Leia. Dans
l'ordre alphabétique, la lettre «i» se
situe avant le «p»... Si on suit votre
logique des noms, Leia était donc un
proto avant Petra ?
Cette histoire de noms pour les protos,
c'était en interne. Avec Petra, nous avons
essayé de trouver un nom commercial
en tant que nouveau produit, nous avons
lancé un concours sur Internet durant
plusieurs semaines. Et puis finalement,
nous avons gardé Petra... sans doute
que nous en étions tombés amoureux !
Après Petra, nous avons arrêté de
nommer les protos de cette façon. Le
concept de la Leia, c'était une Petra en
version légère. En interne, nous avons
commencé à la nommer «Petra light»
et elle s'est avérée être une voile à part
entière, donc il lui fallait un nom propre.
Nous voulions un nom plus court que
Petra et qui se termine par A,
et ce fut Leia, sur l'inspiration de
l'héroïne de Star Wars.
Revenons-en sur ton parcours chez le
fabricant... Cela faisait donc déjà près
de 2 ans que tu travaillais chez eux
lorsque la Petra est sortie, quel était
ton statut ?
Oui c'est ça, deux ans. J'avais obtenu
un visa de travail renouvelable et justifié
par l'employeur auprès du ministère de
l'immigration du pays. J'étais employé à
temps plein sous un statut propre à la
Nouvelle-Zélande. J'ai passé 6 ans en
Nouvelle-Zélande et je revenais quelques
mois en France par période. En 6 ans,
je suis passé de «bras droit» de Jyro à
concepteur en solo. Durant l'été 2015,
j'ai fait le choix de revenir en France et je
réside actuellement sur Toulouse.
Pourquoi un tel changement ?
C'est un choix que j'ai fait pour raisons
personnelles, car j'arrivais sur un cycle
de 6 années passées loin de ma famille.
Ce n'est pas évident de faire ces voyages
avec 12 heures de décalage horaire
et 6 mois de variation dans les saisons.
Arrivé à ce stade, rester là-bas revenait
à faire un choix de vie correspondant
à une déconnexion quasi-totale
de la France.

Et donc, que réserve le secteur
«recherches et développements»
de NZ Aerosports pour le futur ?
Nous travaillons sur plusieurs voiles
actuellement, dont une version plus
accessible de Leia. Une voile qui lui
ressemblera, mais avec moins de roulis,
un modèle destiné à remplacer la JVX.
Nous avons appelé le proto Anna. n

Sur sa page Vimeo, le fabricant Icarus NZ Aerosports
a posté certaines vidéos d'essai de divers prototypes,
même ceux qui n'ont jamais été commercialisés.

LIENS WEB

Le projet Petra 69 : les premiers
sauts de Nick Batsch avec le
proto Petra :
https://youtu.be/n_oMXHn427w
Le record du monde de distance 222,45 mètres - établi le
29 juillet 2011 par Nick Batsch
au Big Boy Pants :
https://youtu.be/ctDTGS-rek4
Les parachutistes du staff NZ
Aerosports, présentés sur leur
lieu de travail, il y a quelques
mois. Une combinaison de
79.490 sauts, 29 championnats
du monde, et 312 années de
parachutisme :
https://vimeo.com/205126951
Vidéo de présentation de la
Crossfire 3 par Julien,
Chris et «Jyro»
https://vimeo.com/193234673

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paramag.fr

N'était-ce tout de même pas rapide
comme effet, la popularité du produit
a devancé sa commercialisation ?
Tout à fait, et c'est pour cela que la commercialisation s'est faite progressivement
et sous certaines conditions. C'était aussi
très nouveau pour la production et une
seule couturière était apte à fabriquer
la Petra au début. NZ Aerosports était
encore une petite entreprise à l'époque,

Il y a donc eu un impact économique
suite à la Petra ?
Oui très clairement, et ce n'était pas
forcément sur Petra, car on la vendait au
compte gouttes au début. C'est surtout
en termes d'images que ça a eu un
impact positif et ça a développé les
ventes des autres produits. La Petra s'est
avérée être aussi une bonne vitrine.

Mon statut chez le fabricant me permettait de proposer de continuer de
travailler à distance avec eux. Ils ont
accepté et la transition s'est bien passée.
Je travaille donc toujours actuellement
pour NZ Aerosports, mais depuis la
France. Et je retourne faire des périodes
en Nouvelle-Zélande de temps en temps.
Nous travaillons en confiance, et j'ai une
liberté de manœuvre tout en assumant
mes responsabilités. Ce n'est pas aussi
efficace que si j'étais sur place, mais ça
fonctionne bien comme ça depuis deux
ans et nous obtenons des résultats.

INTERVIEW

C'est à ce moment où vous êtes passés
du stade de prototype à celui de produit
commercialisé ?
Oui, c'en était fini de l'ébauche, on sentait
que le design était au point, qu'il était
temps d'en faire un vrai produit.
Nous avons décliné Petra dans différentes
tailles et nous avons commencé à
travailler aussi sur le tissu. Au-delà
des chiffres qui sortaient de l'ordinateur
et des premiers essais en vol, nous sentions
bien que la voile avait du potentiel,
mais nous n'avions pas le niveau
technique suffisant pour le vérifier.

avec seulement 4 ou 5 couturières.
Il y a eu un afflux de commandes,
et la production a été assez rapidement
débordée. On est monté jusqu'à un an
de délai de livraison...

>

sur les prototypes. Mon absence,
c'était surtout une histoire de visa et de
problèmes administratifs. J'ai pu revenir
quelques mois plus tard et nous avons
continué à travailler ensemble, comme
nous l'avions décidé. Et nous en sommes
donc arrivés au P de Petra, c'était vers
la fin 2010.
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