ParaMag - N°360 - Mai 2017 - 47

Un grand moment de bonheur pour Alain Prieur
après son premier saut sans parachute en Afrique.
Photo Michel Lebleux

FLASH BACK

mousqueton une fois en place sur son
anneau, ni Prieur ni J.B. ne constatent
qu'il est resté ouvert. Durant la phase
d'ouverture, l'élévateur subit un coup de
fouet délogeant le mousqueton de son
anneau. Prieur se retrouve pendu sous
un élévateur. Heureusement, Jean-Marie
Raclot, fabricant du parachute, avait
eu la bonne idée de prévoir une sangle
inter-élévateurs d'environ 30 cm.
Ancien concept militaire sur les parachutes ventraux en cas de décrochage
d'un côté, l'élévateur libre est retenu par
cette sangle attachée à l'autre élévateur.
Pendu par un élévateur seulement,
Prieur se retrouve quand même sous
une aile dissymétrique au profil chamboulé. La voile se met en autorotation
bien engagée. Prieur analyse parfaitement la situation. Il tente de ramener
vers lui l'élévateur détaché, mais il n'y
parvient pas. Il se dit qu'il va mourir.
Sous voile, il passe non loin de Michel
Lebleux et moi. Nous le voyons se battre
dans son tournoiement. Il descend assez
vite et je n'imagine pas qu'il puisse sortir
indemne d'un posé qui sera très
certainement violent.

L'arbre du destin

Par chance, Prieur parvient à minimiser
la rotation en tirant sur la commande de
pilotage et enlever ainsi le frein.
Il est maintenant au-dessus d'un village
africain et je le vois descendre vers une
grande cour fermée. Au beau milieu se
trouve un arbre qui semble bien épais.
Sous sa voile en rotation, Alain impacte
le milieu de la cime ronde de l'arbre.
Je me pose aux abords du village.
Les gens ont vu l'homme blanc venir
s'écraser chez eux. Ils courent de tous
les côtés. Je m'empresse d'aller vers la
cour et je retrouve Patrick de Gayardon.
Nous avons du mal à y entrer gênés par
la foule de curieux. Nous parvenons à
frayer notre chemin. Alain est au sol,
adossé au tronc. Il a traversé tout le
branchage, jusqu'en bas. Il est vivant,
mais sonné. Il a peut-être une fracture
au niveau du pied. Il reprend vite ses
esprits. Des gamelles comme celle-là,
il en connut plusieurs durant sa carrière
de cascadeur.

À la folie, pas du tout

Prieur s'en sortait finalement avec une
méchante entorse et de grosses égratignures. Dans l'avion qui nous ramenait
en France, nous étions à ses côtés
alors qu'il concluait l'aventure comme
un succès. Avec 4 sauts réalisés sans
parachute, cela en était un, en effet !
Nous avions tous hâte de voir le résultat
des photos et des films après développement. Quelques jours plus tard, Alain
m'appela juste après la première projection des images 16mm, et il était ravi
du résultat. Un film fut réalisé, intitulé
«Rendez-vous à 4000». Les photos et
l'histoire furent publiées dans la presse
à gros tirage. Alain Prieur fit également
quelques plateaux télé pour raconter son
expérience en Afrique. Mieux encore, la
cascade interdite en France fut finalement reconnue comme un acte professionnel et bien pensé.
En regardant «Rendez-vous à 4000»,
le résultat était très aérien. On y voyait
d'abord une performance parachutiste
plutôt qu'une cascade à l'état pur. 6
mois plus tard, Prieur a obtenu l'autorisation de renouveler l'opération sur le
sol français. Il a l'aval de la Fédération
française de Parachutisme présidée à
l'époque par Bernard Colas, un homme
d'une grande ouverture d'esprit et doté
d'une vision moderne du parachutisme.
De plus, on lui propose de réaliser

sa cascade en direct sur TF1 pour la
fameuse émission du dimanche aprèsmidi de l'époque «À la folie, pas du tout».
C'est un gros morceau, car c'est près
d'une heure d'audience qui doit être
occupée par Prieur et son exploit au cœur
d'une émission d'après-midi dominicale.
Rappelons le lien paru dans le dernier
Paramag et qui présente la partie
principale de cette émission,
le saut sans parachute :
https://www.youtube.com/watch?v
=vB2IT3GhDDo
lien court : https://lc.cx/J7BL
La séquence dure 7 minutes, mais pour
que l'émission autour de Prieur dure
près d'une heure, nous avions tourné,
durant la semaine juste avant,
un reportage relatant la préparation du
saut qui devait être réalisé en direct.
Ce reportage d'une dizaine de minutes
allait être diffusé durant l'émission
et avant le saut en direct.

Bienvenue dans
les Hautes-Alpes

Nous formions la même équipe.
La grande différence avec les sauts en
Afrique est que J.B. ne se trouvait pas
dans le même avion que Prieur, ce qui
allait forcément relever le côté dramatique de l'exploit lors de la transmission
en direct du dimanche. Dans un Pilatus,
nous étions Prieur, de Gayardon, moi
avec la caméra et un autre caméraman
de TF1. Volant en formation juste à côté,
un Dornier DO-27 piloté par Philippe
Tarade emmenait J.B. et Michel Lebleux
avec caméra et appareil photo. Durant
cette préparation, Prieur réalisa deux
sauts sans parachute en toute légalité

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Mai17:360
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Il est rassuré en sentant que sa seule
blessure est au niveau du pied.
«Ah, Patrick, je vais bien, je vais bien,
me dit Alain calmement. Il te reste de la
pelloche ?
- Oui. Il doit rester une trentaine
de secondes.
- OK, filme-moi, me répond-il. Ça peut
faire une séquence pour le film.»

L'arbre au milieu de cette cour s'est
présenté comme un miracle pour Alain
Prieur. Aujourd'hui encore, je n'en
reviens pas. Il y avait peu d'arbres dans
ce village africain. Dans les environs
de cette cour, il n'y avait qu'habitations
et rues. Dans cette zone, c'était le seul
arbre. Et sans cet arbre, qui sait...

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