ParaMag - N°360 - Mai 2017 - 46

FLASH BACK

Instant tragique dans le ciel d'Ouagadougou.
En torche, pendu sous un élévateur seulement,
Alain Prieur pense qu'il va mourir.
Photo Michel Lebleux
(Agence Alain Ernoult/Ernoult.com)

Avec la paume de main, J.B. demande
à Prieur d'y aller. Je me suis glissé
en ﬂotteur queue, debout sur le rail
solide de la porte latérale sur laquelle
je m'accroche. Ça soufﬂe. Prieur est
debout dans le cadre de la porte. J.B.
est penché vers lui, les pieds dans les
starting-blocks. Patrick de Gayardon
et Michel Lebleux sont juste derrière.
Alain Prieur n'hésite pas pour s'élancer.

Premier saut
sans parachute

Le puissant soufﬂe le chahute un peu,
mais il présente une position bien étalée
et tonique qui lui permet de s'ancrer
rapidement dans le vent relatif.
Puis il s'assouplit. Il est maintenant bien
à plat sur l'air, avec un bel écart de
jambes, les pointes de pied relevées,
une légère cambrure, les bras ouverts,
mais pas trop. Prieur est en appui,
il garde son axe face au soleil sans
aucun problème. Il n'a pas une grande
expérience de la chute, mais il fait
preuve d'une belle attitude durant cette
première phase de chute. J.B. entre
dans le cadre des caméras 16mm qui
pointent sur Prieur. Son appontage est
souple, grippant les boudins de Prieur
légèrement par-dessus et restant à cet
étage supérieur afin de bien présenter
le parachute. Les deux anneaux se présentent franchement sous le visage du
cascadeur. De la main gauche,
Alain agrippe le parachute par l'anse
placée entre les deux anneaux.
Puis il commence ses manœuvres en
répétant les consignes qu'il a briefé des
centaines de fois :
- Je regarde ! (l'emplacement du
mousqueton de droite sur sa poitrine).
- Je prends ! (le mousqueton fixé sur la
poignée velcrotée sur la poitrine).
- J'accroche ! (le mousqueton sur son
anneau).
- Je vérifie ! (en secouant le mousqueton
pour s'assurer qu'il est bien crocheté
sur l'anneau).

Mai17:360
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Puis il fait de même de l'autre côté,
sans problème comme durant les sauts
d'entrainement. Le plus important est
fait. J.B. passe à l'étape suivante.
Il détache le parachute et l'amène
devant. À environ 2 500 mètres,
la manip est terminée. Chacun a son
anse, les deux hommes tiennent le
parachute entre eux. C'est à J.B. de
déclencher l'ouverture. Il tire la poignée
au-dessus du container et l'extracteur à
ressort jaillit emportant la voile

de secours qui se déploie, laissant le
sac vide dans la main de Prieur tandis
qu'il passe dans la position verticale de
la phase d'ouverture. Dans son harnais
construit sur mesure, Prieur est confort
durant la descente sous voile.

Dans le cœur
de l'Afrique

Toute l'équipe se pose non loin de la
piste. Sortis de leur village, de nombreux
locaux se sont regroupés sur
l'aérodrome. Ils n'ont jamais vu de
parachute et sont loin de savoir ce qu'il
s'est vraiment passé dans leur ciel.
Le visage plongé dans la paume de la
main, Prieur est heureux, laissant l'émotion absorber l'adrénaline. Le soulagement aussi l'envahit après cette longue
période de préparation où chaque jour
portait l'espoir que cette aventure puisse
aboutir là où elle en est maintenant.
Nous avons une semaine à passer à
Ouagadougou. L'accueil des autorités et
divers représentants du pays est chaleureux. Il y a quelques rencontres et diners

autant officiels qu'amicaux.
Le Burkina Faso est heureux que les
exploits d'Alain Prieur se déroulent sur
sa terre et dans ses cieux. Il est prévu
qu'Alain Prieur fasse ici 3 autres sauts
sans parachute supplémentaires.
Le second saut sera à l'image du premier.
Pour le 3ème, Alain Prieur et toute son
équipe se posent dans un stade en
ouverture d'un match de foot important
entre le Burkina Faso et un autre pays
africain. Le président burkinabé Thomas
Sankara est dans les tribunes. Prieur se
posera en plein milieu du terrain de foot
après son saut sans parachute
commenté dans les haut-parleurs des
gradins. La population noire se lève
et acclame le cascadeur fou.

Mousqueton ouvert

Le 4ème saut sans parachute d'Alain
Prieur au Burkina Faso aurait pu tourner
au drame. L'un des mousquetons reste
ouvert après l'accrochage. Le capot de
verrouillage normalement poussé par
son ressort ne se referme pas. Un peu
de terre se serait logée là lorsque le
matériel a été posé quelque part avant
le saut. Le capot étant en dessous du

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