ParaMag - N°359 - Avril 2017 - 46

Sécurité

Photos ci-dessus
Les deux premiers arrêts sur image des vidéos servant de support à cet
article REX : à gauche l'accident en wingsuit, et à droite l'accident en
tandem. Dès la première image, tout est visible : l'aile débrayée d'un côté
et de l'autre, le système du libérateur 3 anneaux
(coté gauche du parachute tandem) mal mis en place.

LORSQUE LES DÈS SONT JETÉS
Par Bruno Passe

Nous avons choisi de publier cet article
REX, "retour d'expérience", en début
de printemps, à une période où se fait
généralement la reprise des sauts
d'avion. Pour les plus expérimentés,
il faut alors se "remettre dans le bain",
retrouver les bons gestes.
La vérification de l'équipement avant
le saut en fait partie.
Et bien sûr, pour les débutants,
il s'agit d'assimiler les bonnes
habitudes. Vérifier son équipement au
sol, ça paraît si simple ! Et pourtant...
Cet article REX est un peu spécial.
Tout d'abord parce qu'il comporte deux
volets : un accident survenu en wingsuit
en 2015 et un autre en tandem,
c'était en été 2016. À priori, il n'y a rien
qui intéresse directement les débutants
dans ces pratiques. Mais il ne s'agit pas
d'expliquer ou de démontrer comment
bien vérifier son équipement.

Avril17:359
paramag.fr

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Il s'agit de rappeler que l'accident
n'arrive pas qu'aux autres, et qu'il arrive
aussi aux plus confirmés. Cet article REX
est doublement spécial, car, exceptionnellement et avec l'accord de la famille
et des enquêteurs, nous allons aborder
un accident mortel.

Quitter l'avion en étant mal équipé,
c'est se mettre une épée de Damoclès
au-dessus de la tête : parfois ça passe,
et parfois ça ne passe pas.
Nous allons voir les deux cas.
Précisons que les accidents sont survenus,
un en Suisse, et l'autre en France.
Le message est simple et clair :
vérifiez-vous. Plusieurs fois si nécessaire ;
et vérifiez les autres, même d'un simple
regard. Un simple regard averti aurait
pu éviter les deux accidents que nous
décrivons ici.

Libérateur vrillé
en tandem
Avant même de lancer la vidéo dont sont
extraites les photos qui illustrent la
première partie de cet article, dès la
première image, tout est visible : le système
du libérateur 3 anneaux côté gauche du
parachute tandem a été mal mis en
place. L'anneau inférieur de l'élévateur
est tourné, la sangle est vrillée et le jonc
jaune de libération est apparent.
Dans cette configuration, au moment
de l'ouverture de la voile principale,

le choc va casser soit le jonc de
libération, soit la drisse de l'élévateur.
C'est la première image de la vidéo,
mais on peut imaginer et visionner à
l'envers le film de ce qui s'est passé
avant. Le porteur tandem est assis dans
l'avion en place co-pilote, et il filme en
caméra embarquée. L'avion est un
Cessna Caravan, il emmène plusieurs
porteurs tandem qui, potentiellement,
auraient pu voir le mauvais placement
de l'élévateur. Mais cela ne s'est pas
produit. L'embarquement d'un Caravan,
c'est aussi beaucoup de mouvements.
À contrario, peut-être que dans un petit
avion de seulement 4 ou 5 places,
le problème aurait été décelé plus
facilement. Mais avec des "si"...
La sangle vrillée est donc passée
à travers l'étape de l'embarquement.
Continuons le visionnage en arrière
jusqu'à la perception du matériel par le
porteur et la mise en place du parachute
sur son dos, pour ce qui sera son
huitième saut de la journée.
Un contrôle visuel plus poussé aurait
permis de déceler la sangle vrillée,
mais elle est passée à travers cette
étape-là également.
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