ParaMag - N°359 - Avril 2017 - 20

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LE BOYCOTT

En mars 2008, était publiée une chronique iconoclaste, la neuvième
du genre, titrée «Réflexion de l'iconoclaste sur la représentativité à
l'AG de la FFP». Elle débutait ainsi : «En cette période d'assemblées
générales, revient comme un serpent de mer la remise en cause de
la représentativité de l'assemblée générale de la FFP».
Y était évoquée notamment la représentation des organismes à but
lucratif (OBL) au sein du Comité Directeur, ceux-ci n'ayant que
deux représentants sur quinze membres, soit un poids
décisionnaire très minoritaire sans commune mesure avec leur
poids économique ou le nombre de sauts qu'ils réalisent dans
l'activité globale.
Neuf ans après, le président de la FEPP écrivait à la présidente de
la FFP, le 1er mars dernier, une lettre publiée in extenso dans
ParaMag (n°358) : «Nous avons à plusieurs reprises attiré votre
attention sur notre souhait de voir évoluer la représentativité
professionnelle au sein de votre comité directeur».
Ajoutant que : «Notre souhait de travailler en lien étroit avec la
future équipe de votre fédération ne doit pas occulter notre volonté
d'une véritable représentativité», cette lettre annonce un boycott de
l'assemblée générale de la FFP du 11 mars 2017 par les structures
commerciales adhérentes à la FEPP. Boycott réussi.
Neuf ans pour rien ? Presque, mais le paysage a quand même
évolué avec la création de la FEPP qui cherche à s'imposer comme
l'unique interlocuteur pour le compte des structures
professionnelles commerciales, ce qui est un atout, mais pourrait
aussi se révéler une faiblesse s'il s'avérait que la FFP adopte la
stratégie du «diviser pour régner» chère à Machiavel.
À l'origine de cette situation qui perdure, il y a une donnée objective
et des facteurs humains.
La donnée objective réside dans le Code du Sport, ce que la
chronique iconoclaste expliquait déjà en 2008. Inchangé depuis
1984 -excusez du peu- son article L.131-5 dispose que la
représentation des organismes à but lucratif (OBL) au sein des
Comités Directeurs des fédérations délégataires de puissance
publique du ministère des sports est limitée à 20% maximum des
sièges.
Le Comité Directeur de la FFP est composé de quinze sièges, dont
deux pour les OBL. En raison de la limitation de leur représentation
à 20%, ils ne pourront jamais obtenir statutairement plus de trois
sièges. C'est la loi. On peut bien s'interroger, s'indigner, s'offusquer,
rien n'y fait : tant que le Code du Sport n'est pas modifié,
s'appliquera la règle de 20%. Et aucune réforme n'est en vue sur
ce point.

Avril17:359
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C'est là où s'immisce, dans le parachutisme, le premier facteur
humain. Quoi qu'on pense des dirigeants de la FFP dont le mandat
vient de se terminer, il faut savoir et reconnaître qu'ils ont proposé
une modification des statuts de la FFP lors de l'AG du 19
mars 2016 pour passer la représentation des OBL au sein
du Comité Directeur de la FFP de deux à trois sièges, soit le
maximum autorisé.

Par Yves-Marie Guillaud

Une modification des statuts nécessite obligatoirement une
assemblée générale extraordinaire (AGE) avec un quorum renforcé.
Lors de cette AGE du 19 mars 2016, les OBL étaient massivement
absents, quoiqu'il n'y ait pas eu d'appel officiel au boycott,
contribuant ainsi par manque de quorum à l'échec de
l'augmentation statutaire de leur représentation au sein des organes
dirigeants de la FFP.
Il y a des raisons d'être dubitatifs devant la stratégie de la FEPP qui
revendique une «volonté d'une véritable représentativité» et son
«souhait de voir évoluer la représentativité professionnelle au sein
de votre comité directeur» dans sa lettre à la présidente de la FFP
du 1er mars dernier annonçant le boycott, après avoir contribué à
l'échec de ce qu'elle revendique.
C'est là où s'introduit le deuxième facteur humain. Il a déjà été
suffisamment exposé dans la présente chronique les inconvénients
du scrutin de liste pour qu'il ne soit pas utile d'y revenir. Retenons
que ce type de scrutin ne permet pas aux électeurs le choix
d'individualités, mais impose le choix d'un bloc indivisible
d'individus, aboutissant à un non-choix en cas de liste unique.
C'est ainsi que les deux sièges réservés aux OBL ont été attribués à
deux membres de la liste unique élue, mais qui n'ont pas été élus
ou désignés par les OBL qu'ils représentent. Car, qu'ils le veuillent
ou non, ils les représentent. La confusion est telle que l'un des
deux, l'estimable Polo Grisoni, se défend de représenter les OBL
alors qu'il occupe un siège de représentant des OBL. On confine à
l'absurde.
Il eût sans doute été opportun que les créateurs de la liste trouvent
un accord, un compromis acceptable, avec les structures de nature
syndicale qui regroupent les professionnels du parachutisme afin
que les personnes destinées à occuper ces deux sièges soient
reconnues comme représentant l'ensemble des OBL, non par la
force de statuts, mais par un consensus accepté.
Mais le compromis est un art apparenté à la diplomatie. C'est une
qualité humaine et non une obligation statutaire. Les meilleurs
organigrammes théoriques ne sont rien sans les humains qui les
font fonctionner, ou les font dériver de leur objectif.
Il eût été sans doute également opportun d'associer les OBL, via
leurs représentants officiels reconnus par tous, à la politique
décidée par la FFP, tant il est plus compliqué de critiquer une
politique à laquelle on est associé qu'une politique qu'on se voit
imposer.
Il ne faut cependant jamais désespérer des humains. La preuve :
par lettre du 20 mars 2017, sous les signatures de Marie-Claude
Feydeau et de David Roth, la FFP a proposé aux «gérants des
sociétés commerciales agréées» de participer à une réunion le 4
avril «durant laquelle seront présentés les enjeux 2017/2020».
À l'heure d'écrire ces lignes, la réunion n'a pas encore eu lieu,
mais à l'heure de les lire, elle aura déjà eu lieu. Pour quel résultat ?
Le ton paternaliste et un peu moralisateur de la lettre du 20 mars,
le thème de la réunion visant à présenter la politique fédérale, la
stratégie consistant à s'adresser directement aux gérants des OBL
sans passer par les syndicats (FEPP comprise) génèrent
des doutes... ■
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