ParaMag - N°358 - Mars 2017 - 47

L'avion s'était brisé en deux parties et
l'enquête a montré que Vesna Vulovic
serait restée bloquée dans la queue de
l'appareil, dont la chute au sol aurait été
amortie par des branches d'arbre et une
couche de neige. Elle a été retrouvée
dans le coma avec de multiples
fractures, mais elle a pu se rétablir
et a voulu reprendre son travail
d'hôtesse de l'air. La direction de la
compagnie a refusé et lui a confié un
poste au sol. Le prénom Vesna est
devenu très populaire dans son pays,
car il était supposé porter chance !
En 1985, elle est entrée dans le livre
Guinness des records pour la
"plus haute chute sans parachute".
Vesna Vulovic est décédée en 2016,
à l'âge de 66 ans.

Les pionniers
américains

Pour bien mesurer les difficultés
techniques auxquelles Rod Pack et Bob
Allen ont dû faire face, il faut rappeler le
contexte de l'époque. Et préciser que
Rod Pack totalisait environ 500 sauts
à son actif. Les parachutes étaient lourds
et encombrants, de type "dorsal-ventral",
contenant des voiles hémisphériques.
Le reste de l'équipement était constitué
de simples combinaisons, de bottes de
sauts et de casques lourds.
Les techniques de vol relatif n'en étaient
qu'à leurs balbutiements, se rejoindre en
chute libre n'était pas un exercice très
courant. Le faire en tenant un parachute
ventral à bout de bras, avec deux
poignées cousues sur les côtés était
encore bien plus compliqué.
Une autre difficulté technique majeure
était la gestion des taux de chute. Rod
Pack et Bob Allen savaient bien sûr que
le jour J, l'absence de parachute sur le
dos (et sous le ventre !) de Rod Pack
changerait considérablement la donne.
Avec beaucoup d'hésitation, ils ont évalué à environ quinze kilos de plomb la
charge que Rod Pack devrait emmener
pour compenser la différence de poids.
Mais c'est bien connu, le plomb de
donne pas des ailes...
Enfin il leur faudrait sauter exceptionnellement haut : 4500 mètres...
Eh oui, le 4000 n'était pas très courant
à cette époque !

Photo ci-dessus
Rod Pack (à gauche) et son complice Bob Allen.
Bob Allen tient le parachute de Rod Pack sur
l'épaule. Sur le harnais de Rod Pack, le "plan B" :
une sangle et un mousqueton pour s'accrocher
au harnais de Bob Allen, au cas où son parachute
serait perdu en vol.

Rod et Bob

Il s'en faut de peu qu'elle se produise,
car Rod Pack, bien que lesté de quinze
kilos, ne vole pas comme d'habitude :
il lui faut plus de deux mille mètres de
chute pour rattraper Allen, et au dernier
moment, il passe en dessous, de plus
d'un mètre ! Tant bien que mal,
il parvient à remonter légèrement,
et la délicate manœuvre de passage du
parachute peut enfin commencer...
Rod Pack saisit le parachute par une
poignée centrale en toile forte, rajoutée
sur le sac pour les besoins de la cause :
Bob Allen, qui le tient toujours fermement par les deux côtés, attend le signal
de son équipier pour lâcher prise, tout
doucement et avec les précautions
qu'on devine...
Une solution de secours a tout de même
été prévue pour le cas où, par malheur,
Rod viendrait à laisser son précieux
paquet lui échapper : une forte sangle
munie d'un crochet a été fixée à son
harnais, lui permettant en principe de
s'arrimer in extremis au harnais de Bob
Allen, les deux hommes confiant alors
leur sort commun au seul parachute
de Bob.
Mais cette manœuvre de la dernière
chance ne sera pas nécessaire :
lentement, et difficilement, car la traînée
de ce simple ventral de sept kilos est
très forte et le surprend, Rod Pack réussit
à accrocher à son harnais le premier
mousqueton du sac, puis le deuxième...
C'est gagné ! Le parachute ventral est
solidement accroché au harnais : il ne
reste plus qu'à tirer la poignée, ce que
Rod fait sans plus attendre, avec le
soulagement qu'on imagine !
Dernier petit avatar : le ventral n'étant
fixé que par les mousquetons
supérieurs, l'ouverture de la voile ne
manque pas de ramener brutalement le
sac vers le haut, c'est-à-dire en plein
dans la figure de son propriétaire,

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Mars17:358
paramag.fr

Le cascadeur américain Rod Pack est
reconnu comme étant le premier parachutiste au monde à avoir sauté volontairement sans parachute, c'était le 1er
janvier 1965. L'idée lui est venue en
voyant un autre parachutiste cascadeur

Rod Pack a raconté son saut en détail
aux médias, dont le célèbre Life
Magazine. En 1994, dans sa rubrique
"De mon temps...", notre collaborateur
René Roy consacrait un chapitre à
l'exploit de Rod Pack. Voici un extrait
du ParaMag n°83 d'avril 1994.
".../... Enfin, le jour attendu arrive et le
Cessna Skyvan décolle de l'aéroport
Van Nuys, emportant les quatre parachutistes... Bien entendu, comme toujours
en pareil cas, il y a quelques incidents
de dernière minute : caméra en panne,
réservoirs du Cessna trop remplis, ce qui
conduit à une montée interminable dans
un froid intense, la feuille de carton
censée obturer la porte de l'avion
s'étant envolée dès le décollage...

FLASH-BACK

Photo ci-dessus
Les débris du Douglas DC-9 ayant explosé en vol à
33.000 pieds, et duquel Vesna Vulovic est sortie
vivante après une chute d'environ 10.000 mètres.
Elle est entrée dans le livre Guinness des records
pour la "plus haute chute sans parachute".
Crédit www.mirror.co.uk

L'entreprise était sérieuse : Rod Pack
et son complice Bob Allen se sont
entraînés durant plus d'un an.
Rod Pack voulait pouvoir commercialiser
les images de son exploit. Deux preneurs
d'images parachutistes furent engagés
dans l'aventure : Bob Buquor et Doyle
Fields. Il trouva un soutien financier
auprès d'une petite maison de
production qui produisait des
documentaires pour la télévision.

Le départ de l'avion, qui a été répété
tant de fois, se déroule sans problème,
la synchronisation est parfaitement
réglée. Bob Allen, parti le premier,
a pour seule consigne de chuter stable,
le ventral tenu à bout de bras devant lui.
Rod Pack plonge immédiatement
derrière lui, suivi par les deux cameramen. Bob est à dix mètres en dessous,
bien étalé, le ventral devant lui.
Il ne peut pas voir son coéquipier,
qui doit effectuer seul l'approche
et l'appontage, ce qui n'est pas si
évident. N'oublions pas que ces dix
malheureux mètres, qui seraient un jeu
d'enfant pour n'importe quel relativeur
aujourd'hui, ne le sont nullement pour
eux, et que le moindre passage
en dessous du niveau serait
une catastrophe.

sauter tout en étant emprisonné dans
une camisole. L'étape suivante était de
sauter sans parachute.

http://www.mirror.co.uk http://www.paramag.fr

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