ParaMag - n°357 - Février 2017 - 25

que je peux déployer mes (ailes) bras.
Je n'ai aucune envie que cela s'arrête,
jamais, je me sens rigide par moments,
car je me sais filmée et pourtant je
ressens dans chacune de mes cellules,
que je n'ai jamais été aussi vivante.

RÉCIT

La vue est splendide, la terre est sous
nos pieds, si loin, si belle, et je sens
que je fais partie d'un tout, tellement
immense et pourtant si enveloppant.
Je pousse un millier de cris au moins,
du plus aigu au plus grave (pas le temps
d'avoir honte, mais en y repensant un
peu ...), traduisant toute la palette
d'émotions que j'explore,
seconde après seconde !

"Je ressens
dans chacune
de mes
cellules
que je n'ai
jamais été
aussi vivante."
«Mon»moniteur avait raison, le ciel est
désormais notre terrain de jeu.
Tout est rapide et pourtant apaisé,
tout est humble et lumineux, partout en
moi se loge un sentiment d'exaltation.
Et puis brusquement, tout s'arrête.
La réalité vient nous rappeler à l'ordre,
le parachute s'ouvre d'un coup sec
et là débute la seconde phase, le temps
de la balade, de la descente au gré des
courants, au cours de laquelle le moniteur propose une initiation au pilotage.
Je dois confesser ne pas avoir assez
profité de cette seconde étape
et avoir redonné très rapidement les
commandes, encore désireuse de savourer ce moment d'une extrême intensité,
présent il y a quelques secondes encore.
Hormis quelques cris (oui là, c'est plus
gênant je sais !), le silence est roi,
tout autant qu'il est d'or.

Le moniteur me demande de faire
quelques essais en vue de l'atterrissage.
Il me demande de lever les genoux
et les pieds, mais il n'y a rien à faire,

Il décide donc que c'est assis que nous
atterrirons, à raison, car mes jambes
bien fébriles ne m'auraient sûrement pas
portée au moment décisif !
Ca y est, il amorce le dernier virage,
je retrouve la terre telle que je la connais,
les visages qui observent cette arrivée
atypique et le contact assez franc
avec le sol.
Un dernier soupir et je me laisse tomber
en arrière sur le moniteur (je ne l'aurai
décidément pas épargné).
Le videoman est au rendez-vous pour
recueillir mes premières impressions,
je suis transportée, dopée par l'adrénaline et la puissance de ce moment.
Je titube jusqu'à mon mari, je suis fière,
et déterminée à reprendre mon envol
au plus vite !
Cette expérience m'a prouvé que nous
somme définitivement nos propres freins.
Le propos n'est pas, bien entendu, de

Photos ci-dessus
"Je suis fière, et déterminée à reprendre mon envol
au plus vite !" commente Cynthia, après son atterrissage. Ce ressenti est également étudié dans l'article
de Stéphane Blanc : "La pulsion de mort, le totem
d'Icare", publié dans cette édition de février.
Photos Nicolas Rodriguez

dire que chacun doit s'élancer d'un
avion, mais plutôt qu'au quotidien nous
devrions nous questionner quant à nos
envies, avant de nous restreindre
d'emblée avec nos hypothétiques
incapacités à faire.
Je tiens à adresser un immense
remerciement à l'équipe de l'aérodrome
de Péronne (membres du staff
et habitués), qui a été d'une disponibilité,
d'une gentillesse (et d'une patience !)
rendant unique cette aventure.. ■
Note de la rédaction
Ce baptême a été effectué en 2015.
Le récit a été rédigé la même année.
Le moniteur tandem se nomme Fabien
Kalifa et le videoman Nicolas Rodriguez,
dit "Machette".

25
Février17:357
paramag.fr

Mon regard rencontre la beauté en tout
endroit et je réalise déjà avec nostalgie
que je suis proche de la fin du voyage.

cela ne s'avère visiblement pas très
convaincant (si-si monsieur je vous jure,
je savais faire le pont avant !).

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