ParaMag - n°354 - Novembre 2016 - 53

INTERVIEW DE JEREMY RAYNAL

La fréquentation internationale au HandiFly Euro Challenge a démontré la diversité
dans les types de handicap. Est-ce une
difficulté ?

Pas vraiment, car de notre côté,
il y a toujours une certaine individualité à
prendre en compte, quel que soit le type
de handicap. Cela commence par le type
de matériel spécifique utilisé lorsque le
passager ne peut pas lever les jambes :
il y a les combinaisons complètes,
les salopettes et les guêtres. Et le résultat
peut être très différent d'un matériel à un
autre. Il faut réussir à trouver un bon
réglage de harnais pour rendre la paire le
plus solidaire possible, qu'il n'y ait pas de
flottement entre les deux corps et ainsi
limiter l'inertie.
Ensuite, c'est clair que les handicaps se
gèrent différemment. Une paraplégie
entraîne des mouvements limités mais
contrôlés, une myopathie rend les
membres raides et provoque des mouvements moins contrôlés, l'IMC (infirmité
moteur cérébrale) retire la tonicité dans
tous les membres du corps et génère des
spasmes. L'amputation est souvent
synonyme de dissymétrie : on peut avoir
des surprises en chute, mais elle se
règlent généralement rapidement.
Il y a moins de surface d'appui,
mais c'est généralement très stable.
La principale difficulté reste donc
l'atterrissage ?

Depuis environ un an, il y a eu un
renforcement de la partie théorique,
qui comporte un tronc commun avec la
fédération handisport. Ce tronc commun
permet de se familiariser avec le monde
du handicap.
On est davantage dans la gestion de la
personne et des différents types de handicap. Avant, cette partie était traitée par
le formateur para, maintenant il y a une
formation théorique plus spécifique de
quelques jours qui est dédiée à cet aspect.
C'est clair que l'aspect humain est très
important dans la pratique handisport.
Ayant participé à plusieurs compétitions
régionales et nationales, tu possèdes une
bonne expérience en parachutisme handisport. Quel est ton ressenti sur le HandiFly Euro Challenge ?

Face à cette forte participation internationale, on est parti un peu dans l'inconnu... Il y avait une super ambiance et
surtout un bon état d'esprit. Bien sûr il y
avait la compétition, mais c'était un esprit
un peu «boogie», où les gens viennent
pour faire connaissance, partager, etc.

C'était un esprit festif autour d'une
compétition bon enfant.
Sur l'aspect purement compétition,
c'est clair qu'il y a beaucoup de facteurs
qui entrent en ligne de compte, que ce
soit sur le plan technique ou humain.
Le type de handicap, l'expérience
individuelle du performer, le nombre de
sauts d'entraînement avec un même
porteur et performer, tout cela provoque
de grandes différences qui jouent
forcément sur les résultats. Il faudrait les
prendre en considération pour faire
évoluer le règlement.
Lors des championnats de France,
les porteurs et les vidéomen sont
bénévoles. Qu'en est-il durant le HandiFly
Euro Challenge ?

Une indemnité journalière était prévue
pour les porteurs. Il me semble que si la
pratique handisport se développe, avec
plusieurs compétitions à assurer dans
l'année, se posera la question des limites
du bénévolat pour certains porteurs
tandem, notamment ceux qui sont à leur
compte. Cette question se posera aussi
pour les vidéomen.

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Novembre16:354
paramag.fr

Disons que c'est là où nous n'avons pas
le droit à l'erreur. À partir du moment où
le passager peut lever seul les jambes,
ou s'il n'a pas de jambes, c'est similaire à
un atterrissage avec un passager valide.
Si le passager ne peut pas lever les
jambes, l'utilisation du matériel
spécifique est très importante.
Et c'est essentiellement sur ce sujet que
porte la qualification tandem handisport,
c'est d'abord une qualification de
matériel, pour savoir utiliser correctement les différents types d'équipements
existants.

Maxime Granier (performer)
et Jeremy Raynal (pilote) totalisent
une vingtaine de sauts ensemble.
En fonction des conditions de vent,
Jerem' laisse les commandes à Max
durant l'atterrissage, tout en gardant
un contrôle pour la sécurité et la
tonicité. Max est breveté BIA
en aviation.
Photo Antoine Alacusos

Photo Antoine Alacusos

En voltige handisport, le porteur tandem doit être neutre,
mais cela ne signifie pas que son rôle n'est pas important,
bien au contraire, cela demande beaucoup de
compétences ! Nous rencontrons Jeremy Raynal qui nous
donne tout d'abord un point de vue technique sur l'événement durant lequel il a fait équipe avec deux performers.
Il totalise 120 sauts en tant que pilote handisport,
et il pratique couramment avec cinq performers différents,
atteints de handicaps différents.

INTERVIEW

LE POINT DE VUE
D'UN PORTEUR
TANDEM

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