ParaMag - n°354 - Novembre 2016 - 16

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LE PARACHUTISME
À LA COUPE ICARE

Disons-le tout net : quels que soient l'admirable bonne volonté et le
dévouement des organisateurs et participants parachutistes,
l'impression qui règne est celle de l'amateurisme. Ce ne serait pas
si grave si elle ne tranchait avec les présentations des autres
disciplines. Prenons deux exemples parmi d'autres : le saut de VR
du samedi et le stand pendant trois jours.

En interne, ce sont encore 1.000 pilotes de toutes sortes d'engins
aériens, des parapentistes dans l'immense majorité, et 1.000
bénévoles qui s'activent pour animer et encadrer cette ruche
polyglotte. Tous les pilotes, mais aussi des bénévoles et des
spectateurs, passent parmi les stands d'Icare Expo, le salon des
sports aériens.

Samedi, le parachutisme a neutralisé les autres présentations en vol
pendant une demi-heure, le temps que le Caravan arrive et tourne
en rond pour grimper à 4.000 mètres. Les parachutistes étaient
invisibles à la sortie de l'avion. Vers 2.000 mètres est apparu un VR
d'une dizaine de personnes, mais pour le public qui n'en pouvait
plus d'attendre, l'un d'eux n'arrivait pas à s'accrocher aux autres.

C'est donc une vitrine exceptionnelle pour la présentation des
sports concernés, une occasion de promotion unique qu'il faut
exploiter au maximum, surtout pour le parachutisme confiné
d'ordinaire sur des zones de sauts à l'écart de tout.

Normal, c'était le videoman. Mais pourquoi ce narcissisme
«youtubesque» consistant à se faire filmer en meeting et à laisser
penser aux spectateurs, à qui le spectacle est destiné, que le saut
est raté ? On apprend par la suite que les participants sont désignés
«au cul de l'avion» et qu'il s'agit d'un saut pour faire «plaisir» aux
participants.

Avant d'aborder cette question, s'impose une réflexion sur le
parachutisme au regard du thème général de la Coupe Icare. Deux
raisons suscitent une interrogation sur la pertinence de la
participation du parachutisme dans sa forme classique de saut
d'aéronef, exception faite de pratiques spécifiques que sont les
sauts en wing-suit d'aéronef ou en base-jump.
1ère raison : les parachutistes chutent, mais ne volent pas. Qui dit
«vol» dit «ailes» ou engin volant (montgolfières). En conséquence,
le parachutisme peut-il être assimilé à toutes les autres disciplines
présentées à la Coupe Icare, qui toutes concernent le vol et utilisent
des ailes ou un engin volant ?

Novembre16:354
paramag.fr

La présence du parachutisme, dans sa globalité et dans sa pratique
la plus usitée, le saut d'aéronef (hors wing-suit), ne va donc pas de
soi. Aussi doit-il mériter sa place. Que voit-on du parachutisme ?

La coupe Icare, à Saint-Hilaire-du-Touvet près de Grenoble, est le
plus grand rassemblement international des sports aériens. Elle
attire 80.000 à 100.000 spectateurs lors des présentations
aériennes d'Icare Show, les deux meetings des samedi et dimanche
après-midi.

Le parachutisme à la Coupe Icare est présenté pendant trois
évènements : un largage lors des deux meetings, un stand à Icare
Expo, et des films aux Icares du Cinéma (le Festival International du
Film de Vol Libre et des Sports Aériens). En tant que membre du
jury du prix de la presse pour ParaMag, présent du jeudi au
dimanche, l'auteur de cette chronique a assisté aux trois. Sont-ils
satisfaisants ?

Par Yves-Marie Guillaud

De plus, pourquoi sauter si haut ? Les spectateurs ne voient rien.
Les sauts d'hélicoptère en parapente acro étaient très visibles
et particulièrement spectaculaires (hauteur estimée : 2.000 m,
max). Le parachutisme à 4.000 mètres n'a pas place à l'Icare Show
dont le spectacle gagnerait à ce que la demi-heure parachutiste
soit consacrée à des présentations plus intéressantes et visibles.
Pendant ce temps, l'équipe de France de voile-contact était à Lille
au Challenge Handifly, évènement d'importance internationale.
Mais avec ses sauts à hauteur raisonnable, ses voiles et ses figures
en vol, elle se serait parfaitement insérée entre le parapente acro et
le parapente syncro. N'était-il pas possible de déléguer certains de
ses membres à Saint-Hilaire ?
Durant les trois jours, un stand était monté et tenu par la Ligue
Rhône-Alpes. Aucun matériel n'y était présenté. Une vidéo tournait
en boucle, datant de pas mal d'années vu l'âge des participants
filmés. Quelques papiers traînaient pour donner les adresses des
écoles de Chambéry et Grenoble.

2ème raison : les pratiquants du parapente acro (acrobatique)
sautent d'un hélicoptère avec leur parapente plié dans un sac,
le D-bag, accroché à l'hélicoptère. Leur vol débute donc par
du parachutisme, si l'on considère que le parachutisme consiste
à sauter dans le vide avec un parachute-parapente plié dans
un sac. Seule la wing-suit trouve naturellement sa place à la
Coupe Icare.

Une seule personne, dont il faut saluer le dévouement, a tenu le
stand pendant trois jours d'affilée : un jeune de 18 ans ayant fait 60
sauts dans sa vie. Que pouvait-il transmettre de sa très courte
expérience ? À qui d'ailleurs expliquer quoi que ce soit, car presque
personne ne s'arrêtait.

Hormis son côté spectaculaire, le mot «wing» signifie «ailes». C'est
la seule discipline de saut qui utilise des ailes pour acquérir une
vraie finesse (terme aéronautique désignant le rapport entre la
hauteur et la distance horizontale parcourues). Cette année, les
accidents mortels ont cependant refroidi l'enthousiasme.

Encore deux exemples ? La démonstration en vol d'un planeur
acrobatique a été réalisée par un planeur et un pilote de l'équipe de
France de la FFVV. Où étaient les équipes de France de la FFP ? Et
le réalisateur-parachutiste du film sur le record de Pologne de VR
était venu de Pologne présenter son film lors de sa projection aux
Icares du cinéma. Où étaient les Français ?

C'est ainsi qu'à l'exception notable d'un film sur le record de
Pologne en VR grande formation, tous les films relatifs au
parachutisme présentés aux Icares du cinéma en 2016 ont été des
films de base-jump en wing-suit, avec une variante où deux wingsuit en base-jump viennent rejoindre en vol une voile de speed, les
trois personnes se tenant par la main.

La FFP rémunère une société de communication. Il faudrait que
quelqu'un lui parle de la Coupe Icare ou qu'elle la découvre dans
ParaMag qui lui a consacré six pages en octobre. Parce que près
de 100.000 spectateurs, ça devrait susciter de l'intérêt...
Rendez-vous à la Coupe Icare 2017. ■

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