ParaMag - n°350 - Juillet 2016 - 59

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LES AVIONS EN FRANCE
Connaissez-vous le trophée Patrick de Gayardon ? Il récompense la
meilleure nation lors des Championnats du monde, qui réunissent
toutes les disciplines du parachutisme.
La France l'a remporté en 2003 et 2012. À toutes les compétitions
internationales, ses athlètes remportent moult médailles, ce qui
place la France comme l'une des nations phares du parachutisme
sportif mondial sans même qu'il soit nécessaire d'invoquer le
trophée.
Lors des prochains Championnats du monde qui auront lieu à
Chicago en septembre, nul doute que les équipes de France, dont
on est fiers, brilleront à nouveau sur toutes les marches des
podiums, à commencer par la plus haute.
En août, il sera tenté d'établir un record de France de VR grande
formation. Le record national de l'une des meilleures nations du
parachutisme, la France, aura lieu en République tchèque à
Klatovy. Même des étrangers pourront y participer (c'est le
règlement).

Sur son site Facebook, la FFP a tenu le 23 mai des propos
laudateurs sur la DZ de Klatovy, «destination parfaite pour les
équipes désireuses de s'entraîner ou l'organisation de sauts de
grande formation». La 1ère version précisait : de s'entraîner pour
préparer les Championnats de France. À ce rythme, on allait finir
par avoir les Championnats de France à Klatovy... !!
Mais pourquoi la France n'organise-t-elle pas chez elle les grandes
formations de VR ? Pourquoi la République tchèque, «destination
parfaite», est-elle en mesure de le faire, pour un record de
France de surcroit ? La raison en est simple : il n'y a pas en France
la réunion d'une flotte aérienne suffisante pour larguer
simultanément un grand nombre de parachutistes.
En remontant au début des années 2000, on s'aperçoit que la
France s'est petit à petit appauvrie en matière d'avions largueurs de
grande capacité. Des trois Twin-Otter de l'époque, celui du CERP
de Gap a été vendu à Skydive Dubaï, celui du CPS Brienne a été
vendu suite à la liquidation judiciaire du centre et celui d'Inter-DZ,
basé à Pau, tourne sur les différentes DZ qui l'affrètent.
Il y a peu encore, la DZ de Lapalisse proposait périodiquement des
sauts de différents gros porteurs et c'était probablement la seule DZ
en France qui aurait été capable de recevoir les sauts du record de
France de VR grande formation grâce à sa capacité à réunir sur une
même DZ plusieurs gros porteurs avec tranche arrière en un
minimum de temps.
Les périodes de pratique du parachutisme sportif s'y sont réduites
d'année en année, l'exploitant privilégiant le parachutisme militaire,
jusqu'à être supprimées en 2016, l'incroyable, mais légal procès
prud'homal perdu par la société Cavok et le coût des
condamnations n'y étant sans doute pas étrangers.

Le paradoxe réside dans le fait que l'une des meilleures nations du
monde lors des compétitions internationales de parachutisme
sportif, avec des résultats exceptionnels depuis des années, voit
son offre d'avions largeurs gros porteurs réduite dans une
proportion inverse à celle de ses succès internationaux.
Il y a cependant en France un Cessna Caravan dont l'exploitation
semble rentable : celui de l'École de Pamiers, qui peut proposer le
4.000 mètres au prix de 21 euros, là où la plupart des écoles
facturent environ 28 euros. Certes, ce Caravan est affrété chaque
année par la FFP pour des largages lors des Championnats de
France à Vichy, mais cela n'explique pas tout.
Il serait donc utile de faire un audit national des avions largueurs
pour comprendre les critères de rentabilité d'un avion largueur sur
les DZ de France, et particulièrement des avions d'une capacité
supérieure à dix parachutistes, qui est la capacité du Pilatus dans
le meilleur des cas.
Cette étude amènerait sans doute à élargir la réflexion pour aborder
les questions de motivation des professionnels du parachutisme
dans un contexte réglementaire particulièrement alambiqué (BEESBPJEPS, para-pros...) qui alimente sans fin des débats stériles au
sein du parachutisme.
À Lyon-Corbas, deux sympathiques et excellents parachutistes,
jeunes, dynamiques, regard bleu horizon et souplesse féline,
initiateurs free-fly, passent les épreuves du brevet de para-pro et la
qualification bi-place para-pro. Leur objectif est de pratiquer le
tandem de manière professionnelle en organisant des séances
itinérantes avec un petit Cessna.
À la question de savoir s'ils entendent également passer les
épreuves du BPJEPS option tandem, ils ne répondent pas par la
négative, se réservant d'enrichir leur CV grâce aux passerelles
mises en place entre le para-pro et le BPJEPS. Mais ils ne voient
pas la nécessité de passer un BPJEPS complexe plutôt qu'un
brevet para-pro plus abordable.
Si la question des avions gros porteurs et la question de la
motivation des futurs professionnels du parachutisme n'ont en
apparence guère de liens, tout se tient cependant.
Le morcellement de l'offre parachutiste en France entraine une
multiplication de petites structures mettant en œuvre un petit avion.
Pour que la France retrouve une capacité de largage de grandes
formations avec de gros porteurs, il faudrait débuter par une volonté
nationale de regrouper, au moins périodiquement, les moyens
aériens existants.
Cela pourrait passer par une refonte de l'organisation du
parachutisme telle qu'imaginée ici le mois dernier : agrément école
des BEES-BPJEPS d'une part et labellisation des structures
matérielles. Une séparation des hommes et des structures.
Individuellement, chacun est libre de s'entraîner où il veut, à
Klatovy ou ailleurs. Collectivement, plutôt que de promouvoir une
DZ tchèque sur FB, la FFP devrait privilégier les DZ de France et
leur créer un environnement réglementaire et économique
favorable.
Espace Boogie, avec tes Hercules C130 à Vichy, où es-tu ? Cruch,
tu nous manques. ■

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Dernièrement, l'École de Mimizan avait acquis un Cessna Caravan
en plus du Pilatus qu'elle possédait et exploitait déjà. Las ! Le
Caravan est actuellement en vente, preuve que son exploitation n'a
pas été fructueuse. Et l'École de Maubeuge, où se trouvent basées
les équipes de France de VR, a porté à l'ordre du jour d'une récente
AG la mise en vente éventuelle de son Cessna Caravan.

Par Yves-Marie Guillaud

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