ParaMag - n°347 - Avril 2016 - 18

VIE FÉDÉRALE

Par Vincent Le Noac'h

LE «PERONNEXIT»,

BOMBE À RETARDEMENT OU PÉTARD MOUILLÉ ?
Dans notre édition ParaMag de février dernier, un des dirigeants du centre de Péronne répondait à nos
questions sur les motivations qui les ont poussés à ne plus s'affilier à la FFP en 2016. Suite à cet état
de fait, Vincent Le Noac'h, membre du comité directeur de la fédération, a souhaité exprimer son
opinion. Il ne s'agit pas d'une prise de position officielle de la fédération, c'est juste l'opinion d'un
de ses élus parmi d'autres que nous publions sous la forme d'une tribune libre.

Que le centre de Péronne choisisse de
ne plus s'affilier à la fédération est le
choix de ses dirigeants. Ce choix n'est
ni plus ni moins respectable qu'un autre.
De là à y voir les prémices d'un
éclatement de la FFP, il y a un pas
qui est loin d'être franchi.
Bien sûr il se trouvera toujours parmi les
parachutistes de dignes représentants
bien français du «contre tout ce qui est
pour, et pour tout ce qui est contre».
À n'en pas douter ceux-là vont se réjouir
de la nouvelle. Certes. Et après ?
Après les uns et les autres auront tout
loisir de vérifier si le pari qu'il font est
gagnant ou perdant. L'entretien avec un
dirigeant de Péronne dans le ParaMag
de février ne fait aucun doute, l'intérêt
à court terme est «administratif
et financier». La belle affaire !
Pour autant les dirigeants de la fédération
devraient-il se couvrir de cendres, se vêtir
d'une robe de bure et se mettre une
corde au cou pour demander pardon ?
(...et à qui ?) Certainement pas !
Revenons donc aux fondamentaux :
la FFP est une fédération sportive
et l'essentiel de ses règlements
et son mode de fonctionnement sont
la conséquence directe de l'application
du code du sport.
Que ce code soit rédigé pour un monde
sportif hexagonal essentiellement associatif c'est un fait, pas une opinion.
La FFP n'a longtemps compté que des
associations parmi elle. Sauf erreur,
l'introduction d'écoles sur un modèle
commercial ne date que des années 90.

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Et quand bien même affublées du
cache-sexe de l'appellation ésotérique
d'OBL (organisme à but lucratif) dans le
code du sport, il s'agit bien d'entreprises
commerciales qui naissent au milieu
d'un monde exclusivement associatif.
Alors, lorsque certains affirment qu'il y a
peu de différence entre la gestion d'une
école associative et d'une école commer-

ciale, cela est peut-être vrai dans le
quotidien. Mais la création même du
GEPP (groupement des exploitants
professionnels du parachutisme) en
2013, puis le «Peronnexit» sont là pour
montrer combien cela est finalement
discutable et combien l'intérêt général
n'est effectivement pas la somme
des intérêts particuliers.
À ce titre, est-il besoin de rappeler
que la réflexion récurrente des dirigeants
d'OBL parlant de «concurrence déloyale»
des associations vis-à-vis d'eux est un
non sens, même si cela est ressenti
comme tel ? En effet, en quoi un monde
associatif pré-existant devrait-t-il modifier
son mode de gestion et pénaliser ses
adhérents pour complaire aux
nouveaux arrivants ?
Entrant dans un univers qui n'est au
départ pas construit pour eux,
ces fameux OBL n'y sont forcément pas
tout à fait à leur aise. La FFP aurait
d'ailleurs pu ne jamais accepter d'OBL
en son sein. Le code du sport ne l'y
obligeait pas. Il stipule juste qu'une
fédération «peut» le faire.
Et ce fut fait.
Et concernant les dirigeants d'OBL,
nul ne les a obligés à faire ce choix,
mais ils l'ont fait, du moins peut-on le
penser, en conscience. Il faut juste
l'assumer (pas d'initiateurs ou moniteurs
fédéraux bénévoles, pas de subventions
publiques, fiscalité des entreprises, etc.)
Le reproche souvent fait par certains
OBL d'une sous-représentativité d'euxmêmes au sein des instances fédérales
traduit leur souci de pouvoir influencer
les décisions fédérales au mieux de leur
propre intérêt, supposé distinct de
l'intérêt des associations.
La constitution du GEPP était un aveu
et pouvait même être considéré comme
une manœuvre préliminaire à une sédition des entreprises commerciales.
Le justifier en se posant en victime d'un
monde associatif qui verrouillerait un
système à son seul profit et négligerait,

"La fédération
n'a pas vocation
à défendre
des intérêts
catégoriels
contre d'autres".
voire même brimerait les OBL, est plus
une posture qu'un fait avéré. Car la fédération n'a pas vocation à défendre des
intérêts catégoriels contre d'autres.
Certains ont eu beau jeu de vilipender
un manque de faculté d'adaptation
et l'esprit étroit des dirigeants de la
fédération. Pourtant, lorsqu'on mesure la
somme de temps et d'énergie consacrée
par les élus à «jongler» pour essayer de
trouver le meilleur équilibre possible
entre les deux populations, tout en
respectant le code du sport, on se dit
que l'investissement est bien mal payé.
Et puis, in fine, c'est bien une entreprise
commerciale d'importance qui est la
première, depuis bien longtemps,
à quitter la fédération. Et qui menace,
de manière à peine voilée, d'entraîner
des écoles du GEPP à accepter que
sautent des non-licenciés dans leur
structure, ce qui serait de nature à
remettre en cause leur affiliation.
On est dans une inquiétante suite
logique des choses.
Certains élus de la fédération considéraient que le GEPP n'ayant aucune
légitimité statutaire, l'accepter comme
interlocuteur revenait à entériner, de fait,
l'existence d'un groupe de pression
catégoriel en son sein. Que se passeraitt-il demain si se créait le GEAP (groupement des exploitants associatifs du
parachutisme) ? Il faudrait l'accepter de
la même manière. Et la concurrence
entre les deux deviendrait vite ingérable.

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