ParaMag - n°340 - Septembre 2015 - 14

HOMMAGE

DERNIER DÉCOLLAGE
POUR JACQUES D'ORTOLI
Par Claude Arbona, membre du conseil fédéral sous les présidences
de Jean-François Angles et François Bouteloup

L'histoire du parachutisme sportif français a été écrite par des femmes et des hommes
passionnés, fort en caractère et avec de profondes convictions. Jacques d'Ortoli était de
ceux-là. Il nous a quitté le 25 juillet 2015. D'abord parachutiste, puis propriétaire
a 182.
et pilote d'avion, son action n'a jamais cessé pour le développement de notre sport.
Jacques aux commandes de son Cessn
Photo collection C.Lozano
Après Avignon, il a implanté, développé et défendu le parachutisme en Corse.
Pour lui, l'amitié avait un sens. Ses amis, nombreux, connaissaient sa force de caractère.
Jacques savait où il voulait aller et personne ne pouvait infléchir ses décisions. Jacques c'était ça, un dirigeant passionné
et disponible qui laissera sa «marque» dans le milieu parachutiste. Merci Jacques pour ton action. Et puis, qui n'a jamais sauté
du Cessna de d'Ortoli ? Dans «Le petit Prince» Saint-Exupéry a écrit : "Il tomba doucement, comme tombe un arbre..."
Avec l'aide de sa famille et de ses amis, ParaMag lui rend un dernier hommage.

Par Maurice Armand
1948 : Après sa carrière de parachutiste
militaire, Jacques et Max Cros se
présentent sur l'aérodrome d'Aix les
Milles lors d'une fête aérienne,
sous un nom d'emprunt, pour effectuer
une démonstration de saut en chute libre.
Jacques est équipé d'un parachute de
pilote sur lequel les copains «brèlent» un
ventral, par mesure de sécurité ! C'est le
début du parachutisme civil. Puis, avec
Tony Del Aquila, il crée la Fédération des
Parachutistes de Provence et des
Parachutistes Prémilitaires et de Réserve.
Il crée aussi l'Amicale des Jeunes
Parachutistes de Provence qui deviendra
le Paraclub de Marseille.
1954 : Le Centre École de Parachutisme Inter Clubs de Provence Méditerranée est officialisé. Jacques en est
le président. Il cumule les mandats avec
la Ligue de Provence et le Paraclub.
Jacques est aussi le mécène qui permet
à Gérard Trèves d'être champion du
monde en PA à Orange, aux USA.
1961 : C'est un terrible accident de
voiture qui mettra fin à sa carrière de
parachutiste. Avec son indemnité,
il achète un Cessna 182.
C'est le F-BKRA que nous connaissons
tous. Il le met à la disposition du
centre et il le pilotera longtemps
pour notre plus grand plaisir.

Par Jacques Vedel
Septembre15:340
paramag.fr

C'est difficile ici, de résumer une vie
aussi active. J'ai connu Jacques en
1956, à mon arrivée au centre
d'Avignon. Il m'a accueilli avec un grand
sourire et beaucoup de gentillesse.
Faisant partie de son bureau et étant
l'antenne montpelliéraine du centre,
nous nous rencontrions fréquemment.
Il me format à cette discipline nouvelle

du parachutisme. J'étais à son chevet
après le terrible accident de la circulation en 1961. Il m'a dit : «Je suis beau
comme ça». Je lui ai répondu
«C'est pour la photo». Il a souri...
Avec sa volonté coutumière, il récupéra
et devint le pilote avec son Cessna du
centre, larguant toute la journée.
Il participa à la création des centres
de Gap, Lyon, Chambéry, avec
André Chambon. Il prit ses ailes et
retrouva sa fidèle Corse où il créa le
centre de Propriano. C'est à Marseille
que «Saint Michel Archange» réunit tous
les fidèles et passionnés de la région.
Dernière fête de famille où nous étions
conviés, nous fêtions leur anniversaire
de mariage avec Zette, toute de blanc
vêtue et heureuse de nous retrouver.
De nombreux autres souvenirs me
viennent à l'esprit, mais il faut savoir
en garder de côté !
Paix à toi, homme de bien pour tout
ce que tu nous as apporté.
Je t'embrasse Jacques.

Par André Garandet
Notre grand ami Jacques d'Ortoli,
président du centre de Propriano,
a rejoint Saint Michel. Avec quelques
anciens, il avait créé le parachutisme
sportif dans le sud de la France.
En 1953 : D'abord à Caumont, aidé par
Max Davanier, Max Cros, Dédé Beaussant
et Pierre Marandat, que Jacques avait
formé à la PM para en 1948. Après son
accident de la route en 1961, où il s'en
sort miraculeusement avec quelques
fractures, il va se consacrer avec
Jacques Pantalacci à l'amélioration du
centre avec un esprit et une dynamique
nouveaux. Les clubs parisiens descendent pour sauter et profiter du Festival
d'Avignon.

En 1968 : Le centre de Caumont
s'installe sur le terrain de Pujaut, un lieu
d'histoire du parachutisme puisque c'est
là que le capitaine Geille a formé l'élite
des TAP au milieu des années 30.
Jacques et Pampan vont se défoncer
pour construire une infrastructure et un
hangar pour accueillir l'avion piloté par
le père Brun, venu des Alpilles.
Au milieu des années 1970 Pampan
nous quitte pour rejoindre son village de
Cozano en Corse et Henri Pock qui vient
de prendre sa retraite militaire va lui
succéder jusqu'en 1985. Date à laquelle
Jacques très attaché à sa Corse natale,
va créer le centre de Propriano en
bordure de mer dans un site magnifique.
Il m'avait demandé à l'époque de lui
donner un coup de main avec Maïsetti,
un Corse du sud, et Pierre Marandat,
qui faisait office de pilote avec Jacques
sur le Cessna 182. C'était familial et on
se retrouvait le soir dans sa grande
maison située au-dessus de Sartène.
De là, on pouvait admirer la plaine du
Valinco avec la mer et le terrain,
après un bon repas les discussions n'en
finissaient plus, c'était une véritable
et sympathique amitié. Avec une vue
magnifique, un site exceptionnel et des
environs à couper le souffle, l'école de
Propriano a pris son envol. On le doit à
Jacques, ce Corse dans l'âme qui a
marqué le parachutisme de son
empreinte, nous ne l'oublierons pas.
Un grand monsieur s'en va,
mais il restera une figure de légende.

Photo de fond :
Coucher de soleil sur la baie de Propriano,
vu depuis la maison familiale à Sartène.
C'est avec plaisir que Jacques partageait cette vue
magnifique avec les parachutistes qu'il hébergeait
souvent chez lui.
Photo Eric Dambrine

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