ParaMag - n°339 - Août 2015 - 4

ÉDITO
Par Bruno Passe

ENCORE...
ET ENCORE.
La série noire évoquée le mois dernier
dans l'édito intitulé "Encore un..." ne s'est
malheureusement pas arrêtée pour l'été...
Et le même texte pourrait presque être
utilisé ce mois-ci par un "copié-collé"
en ajoutant le sixième accident mortel
survenu à l'atterrissage le 18 juillet dernier
à Grenoble Saint-Geoirs, c'était durant
l'étape finale de la coupe de France des
disciplines artistiques, et aussi l'accident
grave survenu le 25 juillet au Puy
(voir "flashs accidents" en page 8).
Yves-Marie Guillaud, dans sa rubrique
mensuelle Iconoclaste, revient lui aussi
sur le sujet ce mois-ci.
Aussi triste que désolante, cette actualité
confirme donc qu'un nombre anormalement élevé d'accidents mortels ou graves
est survenu à l'atterrissage cette année
en France, avant même que la saison
atteigne son apogée.
Au delà des émotions, cette situation grave
provoque des réactions, et des prises de
décisions.
Dès le 26 juin dernier, les accidents liés
à l'utilisation de voilures de très petites
surfaces ont amenés la FFP à prendre des
mesures conservatoires sur l'utilisation des
voiles tri-cellulaires nouvelle génération
et une note de recommandations était
adressée aux dirigeants des écoles
agréées. Nous en avons déjà publié le
contenu dans notre précédente édition.

Août15:339
paramag.fr

04

En date du 23 juillet 2015, la FFP a diffusé
un point de situation concernant la problématique des voiles hautes performances,
à l'attention des dirigeants des écoles
(présidents et DT), des ligues et des clubs
affiliés. Nous publions l'intégralité de ce
courrier en page 8. Tous les pratiquants
FFP sont concernés car la fédération
demande de mettre en place sur les
terrains des zones dédiées qui doivent
être clairement identifiées et visibles
par tous, par affichage.
Au cœur des débats : le PSV, pilotage sous
voile, et la formation s'y rapportant.
En parallèle, des déchirures ayant été

observées sur certaines voiles impliquées
dans deux des accidents mortels,
des contrôles du matériel sont préconisés
auprès des utilisateurs de ces voiles,
avant même que les enquêtes soient
bouclées. Nous publions le flash FFP
et le communiqué sécurité s'y rapportant
en pages 8 et 9.

surface minimum autorisée en fonction du
poids et du niveau technique (brevet et
nombre de sauts). L'article ParaMag de
l'époque (janvier 2004), expliquant en détails la mise en place de cette réforme, est
facilement accessible dans nos archives
Internet : http://paramag.fr/contenus/archives/n200/article/article.html

Ce n'est pas la première fois, dans l'histoire
du parachutisme français, qu'une telle
situation se produit. Dans une période
située vers la fin des années 80,
au moment où les premières
"voiles rapides" sont apparues,
une première série d'accidents graves
ou mortels a été observée. Il s'agissait à
l'époque de voile de 150 à 135 pieds
carrés, de structure classique
("demi-caissons").

La série noire de cette année n'a vraisemblablement pas qu'une seule raison.
Mais on observe qu'elle se produit,
elle aussi, peu de temps après l'arrivée
d'une nouvelle génération de voiles :
Valkyrie, Leila, Sophia, Petra, Peregrine,
etc. Cette génération fait l'objet des
recommandations fédérales et du point de
situation diffusé en juillet par la FFP.
Mais suffira-t-il d'appuyer là où ça fait mal
pour éradiquer la crise ?

C'est à cette époque que les expressions
"virage bas", "virage de la mort"
et "envoyade" ont été inventées.

Les voiles de très hautes performances
d'hier - Crossfire, Katana, etc., puis
Velocity, JVX, etc. - restent celles qui sont
le plus utilisées aujourd'hui. Ce sont donc
potentiellement les plus dangereuses.
Est-ce vraiment un hasard si les deux
"flashs accidents" publiés ce mois-ci
impliquent une voile de ce type, la Katana ?

Pour éradiquer cette première vague,
la solution fut simple : l'interdiction pure
et dure. C'est aussi à cette époque que
ParaMag a publié les dessins que nous
réutilisons pour illustrer cet édito et qui,
finalement, restent d'actualité !
L'arrivée des voiles semi-elliptiques
et du tissu porosité zéro a ensuite répondu
aux envies de performance : il n'était plus
nécessaire de prendre des risques pour se
poser avec panache... Mais la nature
humaine est ainsi faite qu'on en veut
toujours plus ; et les constructeurs ont
continué de repousser les limites,
diminuant encore les tailles des voiles tout
en améliorant les profils (caissons tricellulaires, bords d'attaques semi-fermés).
Ce qui eu pour effet, parallèlement,
de relancer les accidents : Une deuxième
série d'accidents graves ou mortels a ainsi
été observée au début des années 2000.
La FFP a alors réagit en mettant en place
une nouvelle réglementation, sous forme
de réforme fédérale. Cette réforme s'est
principalement concrétisée par la mise en
application d'un tableau réglementant la

D'autre part, la taille des 100 pieds carrés
re représente plus une barrière psychologique : elle est plus facilement approchée
et franchie de nos jours. Mais aérodynamiquement, les lois restent les mêmes...
Ce sujet mérite un grand débat national.
C'est visiblement ce que souhaite la fédération qui termine son point de situation en
affirmant : "Nous restons mobilisés
et attentifs à vos remarques ou propositions. Celles-ci pourront alimenter la
réflexion et guider nos travaux. N'hésitez
pas à nous faire remonter vos idées."
Afin de contribuer à ce débat, ParaMag a
choisi de donner la parole à Guillaume
Fehr, compétiteur de haut niveau en
freefly, moniteur et parachutiste très
expérimenté, et de publier (en pages cicontre), bien entendu avec son accord,
l'opinion qu'il exprimait récemment
sur les réseaux sociaux. ■
http://paramag.fr/contenus/archives/n200/article/article.html http://www.paramag.fr
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