ParaMag - n°330 - Novembre 2014 - 56

SÉCURITÉ

quoique ce soit pour ajuster son atterrissage. Un changement de direction
durant l'approche finale peut occasionner une collision avec quelqu'un d'autre,
à une cinquantaine de mètres du sol par
exemple. Peut-on néanmoins changer
de direction pour éviter un obstacle ou
une voile proche que l'on n'aurait pas
vus ? La réponse est oui, mais un circuit
d'atterrissage fait avec clairvoyance
permet justement de ne pas en arriver
là. À préciser aussi qu'un changement
de direction avant l'atterrissage doit se
faire en douceur et dans un angle de 30
degrés, pas plus, tout d'abord pour éviter de surprendre quelqu'un d'autre, et
pour éviter également de se faire mal au
posé car un changement de direction
s'accompagne toujours d'une augmentation de la vitesse de descente.
Il est d'ailleurs conseillé de faire ce
changement de direction en se mettant
légèrement en frein (30 à 40%) pour
compenser cette probable augmentation
de la vitesse de descente.

Voir et être vu
Les élèves parachutistes le comprennent
dès le début de leur apprentissage : le
circuit d'atterrissage est une technique
qui permet d'aller se poser dans un endroit déterminé avec une certaine précision, car elle permet facilement
d'analyser les facteurs "distance-hauteur-vent". Mais ensuite, en étoffant un
peu plus son expérience et son nombre
de sauts, on réalise rapidement qu'un
circuit d'atterrissage bien géré permet
aussi d'avoir un bon visuel sur les autres
voiles, plus loin et dessous, et d'éviter
par conséquent une situation à risque
qui pourrait aboutir à une collision.
Si le circuit d'atterrissage permet de voir,
il permet aussi d'être vu par ceux qui
sont autour et au-dessus. Il permet aux
autres de constater où on en est dans sa
phase d'approche vers le sol. Rappelons
que, sous voile, le parachutiste le plus
haut laisse la priorité au parachutiste le
plus bas. Pour cette raison, il est donc
préférable d'avoir un comportement qui
permet à ceux qui sont plus haut de
constater que l'on est dans les parages.
Effectuer un circuit d'atterrissage bien
"lisible" pour les autres contribue à cela.

LIENS
WEB

Ce qu'il ne faut pas faire !
Sur Internet, YouTube ou autre, il suffit de lancer une
recherche pour trouver de nombreuses vidéos montrant
des collisions sous voile. Les deux vidéos que nous
présentons ici illustrent bien notre article.

Collision durant la phase d'approche
Cette vidéo illustre une collision survenant à proximité du sol, sur l'île d'Oahu
(Hawaii), entre un élève sous une grande voile et un tandem.
Cet accident démontre que les collisions sous voile concernent tout le monde. Comme
bien souvent en aéronautique, c'est une accumulation de facteurs qui amène au
crash. Les conditions au sol étaient celles d'un vent tournant.
La première erreur vient de l'élève (voile bleue, à moitié fermée),
qui n'a pas suivi les instructions données par son moniteur à la radio et qui étaient
de se poser dans le même sens que la première voile à atterrir (voile jaune visible
au début de la vidéo). La deuxième erreur vient du pilote tandem sous la voile orange
(en haut), qui a effectué un virage bas. Cet accident illustre à lui seul les points 4, 5
et 6 du paragraphe "Collision durant la phase d'approche vers le sol". Heureusement,
il n'y a pas eu de blessé grave, l'élève s'est posé rudement, mais c'est un solide
gaillard qui s'en sort seulement avec des contusions. Le pilote tandem a failli être
suspendu de licence par l'USPA, mais il a été tenu compte du fait que les conditions
de vent étaient changeantes et qu'il n'y eut aucun blessé.
http://youtu.be/vYvfh90P1hQ

Collision juste après l'ouverture

Novembre14:330
paramag.fr

Circuit
d'atterrissage
raccourci
Jusqu'à maintenant, dans cet article,
nous avons parlé de circuit d'atterrissage
classique, propre et plutôt large.
Mais beaucoup de parachutistes
expérimentés n'en sont plus à ce stade.
Pour reprendre l'expression utilisée

Cette vidéo illustre une collision survenant juste après l'ouverture. Nous n'avons aucun
renseignement sur le lieu de l'incident, mais il est évident que le parachutiste filmé est
un débutant. Il ne contrôle pas très bien sa position, même accroché à son compagnon de chute qui le filme, et qui semble plus confirmé que lui vu qu'il donne des
corrections de position (jambes). Malgré cela, ce parachutiste confirmé ne dérive pas
du tout après la séparation. Et comme il subit une série de twists à l'ouverture (apparemment à cause de la commande de manœuvre gauche non freinée), il ne peut pas
contrôler sa voile. Résultat : les deux parachutistes se rapprochent et c'est la collision
sous voile. L'histoire se termine bien avec une libération claire et nette du parachutiste
le plus confirmé (et 2 poignées perdues...). Cet accident illustre à lui seul les points 2
et 4 du paragraphe "Collision à l'ouverture, ou juste après".

http://youtu.be/8p-PM-mpGEU

ParaMag - n°330 - Novembre 2014

Table des matières de la publication ParaMag - n°330 - Novembre 2014