ParaMag - n°330 - Novembre 2014 - 50

Franck Rebouillet

FLASHBACK

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Avec Claude Tzifkansky, on le tenait des
2 mains, volant tête en bas et on arrivait à
se le passer en chute, c'était déjà pas mal.
Ce qui m'intéressait le plus au début c'était
la bombe à eau. J'ai passé des heures
dans l'atelier à bricoler, couler la résine,
coudre le harnais, bidouiller les KP3.
Puis, installer les tubes aux pieds, dessiner
les fixations et mettre au point la libération,
ça a demandé des mois de réflexion.
Les tubes, c'était chouette, on pouvait voler
avec, se diriger. On avait peint un totem
sur l'un d'eux puis j'avais cousu des
formes de couleurs. Ça déchirait le ciel,
l'effet était géant, on n'aurait jamais
imaginé qu'un truc aussi simple serait
aussi génial. Et en plus, ils restaient gonflés
sous voile et on pouvait jouer avec avant de
se poser, tourner autour, même faire des
slaloms s'il y en avait plusieurs. On pouvait
même projeter son ombre dessus.
La taille standard est devenue 5 m,
en gros la taille de 2 personnes. Ça reste
un être géant, mais approchable et qui
peut voler tête en bas avec nous. On n'en
parlait pas trop, on attendait d'être bien
prêt pour les montrer."
Les images des premiers sauts effectués
par Francis Heilmann et Patrick de
Gayardon dans le cadre de son projet de
course aux pylônes en wingsuit au Salon
du Bourget sont datées précisément :
c'était en mars 1997, à Tallard,
avec un tube de 25 mètres.

Novembre14:330
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"En février 1997 en Sicile, Patrick a remarqué nos tubes géants de démonstration
volant derrière des parapentes,
et les vidéos de la Coupe Icare" raconte
Francis Heilmann. "Nous utilisions ces
tubes depuis 1992, et nous en fabriquions
encore, de plus en plus grands.
Par vent trop fort, on les larguait en vol
avant d'atterrir, et ils restaient gonflés
en chute jusqu'au sol. Patrick a eu l'idée
de les adapter pour les utiliser
en chute libre d'avion.

Il m'a donc demandé de lui construire des
tubes de cinq, puis quinze et vingt mètres
pour la chute, et de sauter avec : premiers
sauts d'essai à Tallard le 21 mars 1997,
puis en avril et juin 97, à Tallard et Aspres.
Patrick me tournait autour en wing-suit,
Werner Norenberg filmait tout ce cirque
pour Sector. Werner a réussi une belle
photo avec la neige d'avril 97 sur Ceüze
(voir article "1ère course en slalom" dans
cette édition).
Afin de coller au projet du Bourget,
nous avons ensuite monté un système
pour que les tubes géants ne soient plus libérés, je les ramenais au sol derrière la
voile une fois le parachute ouvert, comme
en parapente. On a continué jusqu'en
mars 1998, jusqu'au départ de Patrick
pour Hawaï."
Il est vrai que les deux concepts sont
différents, tube géant façon pylône chez
Deug, et tube léger et manœuvrable chez
Babylon. Mais il semble tout de même que
c'est l'esprit visionnaire de Deug allié à la
productivité de Francis Heilmann qui
l'emportent sur ce coup, avec un premier
saut de tube abouti et précisément daté
au 21 mars 1997 à Tallard.
Tout cela n'a plus grande importance
maintenant, comme l'écrivait Sylvain Turina
en 2002 : «Maintenant il y en a partout des
tubes, personne ne sait qui les a
inventés et la plupart des gens s'en foutent.
Les tubes, ils sont là maintenant,
ils n'ont plus besoin de personne.»
Tandis que Francis concluait de son côté
"On retrouvera peut-être trace d'un
Photos en haut : Le tube géant d'Olivier Philippot,
un délire de plus de 60 mètres de long.
Photo Claude Parra
Photo en bas : En mars 1998 à Tallard, Patrick de
Gayardon fait le premier saut test avec un nouveau
tube de 20 mètres équipé RSE et pouvant
être ramené sous voile.
Photo Francis Heilmann
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