ParaMag - n°330 - Novembre 2014 - 16

FILM
Par Yves-Marie Guillaud

LES ICARES DU CINÉMA

Les 32èmes « Icares du Cinéma », nom officiel de la 32ème édition du Festival International du film
du vol libre et des sports aériens, se sont tenus du 18 au 22 septembre à Saint-Hilaire-du-Touvet,
près de Grenoble, au sein de la 41ème Coupe Icare.
La Coupe Icare est un rassemblement festif des sports aériens, principalement de parapentes
et de deltaplanes (voir reportage dans la précédente édition de ParaMag), pour le plaisir
et pour le spectacle avec seulement deux concours : « Icarnaval » et « Les Icares du Cinéma ».
Icarnaval est un concours de déguisements volants haut en couleur auquel participent
plus de 150 pilotes.

Dans le cadre des Icares du Cinéma,
chaque jour une sélection internationale
des meilleurs films de sports aériens est
projetée sous chapiteau près d'un des
deux sites de décollage, le « décollage
sud ».
Le domaine du film de sports aériens est
celui dans lequel le parachutisme est le
plus représenté à la Coupe Icare, à
condition que la définition du parachutisme se borne à l'acte de sauter dans le
vide avec un parachute plié dans le dos,
en dehors de toute prise en compte du
support de départ.
En effet la plupart des films de parachutisme sont des films de base-jump, à
l'exception notable du film polonais
« Through the clouds » relatif à des
sauts de VR en grande formation en Pologne servant de sélection et d'entraînement en vue des tentatives de record du
monde.
Et la plupart d'entre eux, qui représentent les meilleurs films du genre passés
au crible de la sélection du festival, ont
déjà fait l'objet d'un reportage ou d'un
article dans ParaMag.
De parachutisme il n'est point question
dans le film espagnol « The balloon
highline ». Cependant le parachute y est
très présent puisque le film concerne la
tentative de traversée d'un highline, une
corde de funambule, tendue entre deux
montgolfières. Comme la traversée n'a
été réussie par aucun des protagonistes,
tous ont chuté dans le vide et ouvert leur
parachute.

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paramag.fr

Du parachutisme mais teinté base-jump,
saut d'avion près du relief, haute
altitude : le film français « The ultimate
skydiving combo » relate le saut de Fred
Fugen et Vince Reffet du 31 mai 2014
(cf. ParaMag n°326 de juillet 2014).
Free-fly à la verticale du Mont-Blanc et
mountain swooping sur ses pentes
jusqu'à Chamonix. Spectaculaire, mais
trop peu d'images du saut. Prises de

vues très compliquées sans doute.
C'est un film de paralpinisme, discipline
consistant à allier escalade rapide de
haut niveau et descente en base-jump
dans une ambiance aérienne, qui a reçu
un des deux prix attribués à un film de
saut en parachute : le prix spécial du
jury.
Ce jury de six personnes comprenait
deux parachutistes : Léo Dickinson (parachutiste, alpiniste, base-jumper, plongeur, spéléologue, et surtout très célèbre
cinéaste de sports) et Cathy Jean-Albert
(parachutiste et base-jumper très
connue).
Ce film, dont le titre est « Pour une poignée de secondes » relate les escalades
et sauts de deux guides base-jumpers,
Jérôme Para et Arnaud Bayol. Belles
images, belle amitié entre deux
hommes, mais surtout une approche
prudente de deux activités potentiellement risquées.
Dans la catégorie base-jump, le film
français « Le paradis d'Icare » a remporté un grand succès même s'il n'a pas
reçu de prix. Il s'agit de sauts de basejump depuis la falaise de la Baie du
Naufrage dont ParaMag avait fait la relation (cf. ParaMag n° 316 de septembre
2013). Images magnifiques, explications
convaincantes, frisson garanti, c'est un
film qui mérite de détour.
Coup de cœur des spectateurs, le film
italien « High fashion by Roberta Mancino » (cf. ParaMag n° 322 de mars
2014) n'a cependant pas reçu de prix,
même pas celui du coup de cœur du
jury, peut-être par crainte d'un prix qui
puisse passer pour machiste, tant la
beauté de Roberta sautant en robe
haute couture et talons aiguilles escortée
de chevaliers servants en smoking occulte celle des sauts de base-jump.
Le film français « Durier par les airs » n'a
pas enflammé les foules, non par absence de qualité mais seulement parce
qu'il s'agit de base-jump que l'on pour-

rait qualifier de classique, ce qui en dit
long sur la normalisation du base-jump.
Il relate les sauts en wing-suit de Géraldine Fasnacht et Julien Meyer dans les
Alpes depuis la Pointe Durier.
Très gros succès en revanche pour le
film français « Sans doublure,
le 1er saut en base-jump de Tomer
Sisley ». Ou de Tomer Sisley alias Largo
Winch adoré des filles ? Il a raté son 1er
saut qui a failli être son dernier, et le dit
en toute franchise. Son 2ème saut s'est
mieux passé mais il n'y a pas eu de 3ème
à ce jour. Présent lors de la projection
du film, humilité à signaler, il a laissé
entendre que refaire du base-jump
n'est pas dans ses projets pour l'instant.
Content de l'avoir fait, mais...
Un jury de journalistes, dont faisait partie
l'iconoclaste de ParaMag, était chargé
de décerner le prix de la critique.
Il a été décerné à deux films, non pas
ex-æquo mais couplés volontairement
par le jury en raison d'un effet miroir :
engagement et prise de risques calculés
dans les deux films, mais furie contre
calme, rapidité contre lenteur.
Le premier est le film US « Burja khalifa
pinacle base jump ». Très court (2mn)
mais extrêmement intense en images
et musique, il s'agit des deux sauts de
Fred Fugen et Vince Reffet depuis la
plus haute tout du monde à Dubaï (cf.
ParaMag n° 325 de juin 2014).
Un saut de freefly et un saut de wingsuit.
A faire se dresser les cheveux sur la tête.
Le second est le film français « Un grain
de folie ». Long (52 mn), lent, il relate la
dernière Coupe Gordon Benett, une
compétition de distance en ballon à gaz,
depuis le ballon du français Vincent
Leys, l'un des deux meilleurs pilotes au
monde. Entre lâcher d'une pelletée de
sable (de lest) pour monter ou d'un peu
de gaz pour descendre, afin de trouver
le meilleur vent en altitude, le ballon
parti du nord de la France gagnera la
Coupe en arrivant près de la frontière

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