ParaMag - n°328 - Septembre 2014 - 49

Alexandre Bento est en plein exercice de tours alternés, tandis que son moniteur,
Didier Grouard, est en position neutralisée. Ils sont filmés par Nathalie Bonnet. Photo Nathalie Bonnet

PARA HANDISPORT
Par Bruno Passe

La fédération a innové cette année en
incluant une catégorie handisport aux
championnats de France. Une première
compétition expérimentale avait eu lieu
avec succès, en septembre 2013,
à Orléans. À Vichy, les 8 compétiteurs,
dont 5 femmes, étaient emmenés par
5 moniteurs tandem pour se départager
sur 3 manches de voltige en tandem.
La FFP s'est donné les moyens d'accueillir
les compétiteurs handicapés en même
temps que les différentes épreuves des
championnats de France. Une commission
handi a été créée afin d'établir des règles
sur le plan technique et sécuritaire.
Sur un plan technique, l'épreuve consiste à
enchaîner des tours alternés et axés. Elle est
jugée sur le même principe que la voltige :
rapidité d'exécution avec des pénalités pour
non-respect de l'axe. Évidemment, durant le
temps de travail, le pilote tandem reste dans
une position neutre. Le règlement prévoit 4
tours alternés, en fonction de l'altitude disponible. Pour des raisons pratiques, il a été
ramené à 3 tours durant ces championnats.

Frédéric Rami, référent handisport au sein
de la FFP, était en charge du bon déroulement des épreuves handi à Vichy.
Il nous donne quelques précisions.
"Le besoin de compétition est venu de la
pratique de plus en plus régulière de la part
des handis. Une fois passée l'étape de la
découverte, comme dans toute discipline,
l'envie de compétition s'est fait sentir pour
progresser. Actuellement une dizaine de
pratiquants compétiteurs handicapés sont
licenciés à la FFP et à la FFH, qui reconnaît
cette discipline. 8 d'entre eux sont venus
participer au premier championnat de
France. Notre premier objectif était de
rassembler les pratiquants et nous avions
la volonté de les immerger dans la compétition. Pour eux l'intégration est très
importante, au-delà du fait de sortir de leur
environnement habituel. 5 d'entre eux sont
en fauteuil et les 3 autres marchent ;
certains sont atteints de maladie dégénérative, d'autres subissent des séquelles
d'accidents. Le niveau de handicap n'entre
pas en considération pour le moment dans
la compétition para, mais nous observons
que la FFH (fédération handisport) en tient
compte dans ses épreuves.

Voici le témoignage de Jeff Ronzevalle,
compétiteur VR (et rédacteur pour ParaMag
à ses heures) :
"Pendant 5 jours, nous avons eu des
regards étonnés, incrédules, attendris,
admiratifs ou émus sur ces sportifs qui ont
partagé avec nous les mêmes avions, la
même zone d'embarquement, le même
ciel..., les mêmes repas, qui ont été satisfaits ou déçus par leurs performances
et qui se sont battus pour le même but,
celui de faire du mieux possible,
chacun dans sa discipline.
Pendant 5 jours, nous les avons vus se
préparer, se concentrer, s'équiper et sauter.
Ils ont fait comme nous, les valides !

Au-delà de l'injustice et de la cruauté implacable dont la vie a fait preuve envers ces
sportifs, je suis personnellement admiratif,
non seulement pour le courage de ces
personnes dont l'extrême lourdeur du
handicap aurait pu les inciter à rester au
sol, mais aussi pour ceux - famille, pilotes
tandem, instructeurs, encadrement médical qui leur permettent de sauter et de partager
la même passion que nous, ici et toute l'année.
Ces sportifs comme nous, ont osé un jour,
comme disent le anciens, "passer la porte"
pour découvrir ce milieu, cet élément dont
j'espère sincèrement qu'il leur permet de se
libérer quelques heures, quelques minutes,
quelques secondes, de ce carcan dans
lequel la fatalité les a enfermés.
S'il y a eu un moment de ce championnat
extrêmement émouvant pour moi, ce fut le
podium, la cérémonie de récompenses
et les larmes de la première championne
de France handi-para. J'avoue que si je
portais des lunettes de soleil à ce momentlà, ce n'était certes pas pour me protéger
de la lumière du ciel vichyssois, mais bien

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Septembre14:328
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Pour ce premier championnat de France,
ce sont 3 filles qui montent sur le podium.
Leurs scores se situent entre 10 et 15 secondes pour effectuer l'exercice des 3 tours.
Elles totalisent chacune entre 40 et 60
sauts, ce qui explique leurs résultats avec

des performances assez proches. Elles pratiquent principalement dans le Nord, où la
section handisport (Handi-fly) de l'École
Française de Parachutisme Lille Bondues
est très active.

D'autres projets sont envisagés au sein de la
commission FFP handi, comme la création
de deux centres référencés (proposant non
seulement des sauts de découverte,
mais aussi une activité régulière avec la
possibilité de s'entraîner), la standardisation
des combinaisons ou la mise au point d'un
chariot individuel pour l'ascensionnel."

CHAMPIONNATS DE FRANCE

À Vichy, il a fallu faire face à certaines
difficultés, comme l'anticipation dans
l'avionnage, certains concurrents ayant
besoin d'une préparation ostéopathe avant
chaque saut, le temps d'équipement
et la récupération après l'atterrissage.
Au-delà de la participation financière de la
FFP et des subventions pour limiter
le prix des sauts à 60 euros, je souligne
l'effort des pilotes tandem, dont la
démarche était 100% bénévole
pour ce championnat.

Nous nous rapprochons de la FFH pour
nous perfectionner, améliorer le règlement
et la qualification fédérale, par exemple en
tenant davantage compte des pathologies.

http://www.paramag.fr

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