ParaMag - n°306 - Novembre 2012 - 57

maintenir la vigilance générale, saut après saut. Après chaque débriefing, il apportait sa vision et ses commentaires positifs soulignant que ces gros sauts en vol no-contact étaient vraiment étonnants. Il apportait également sa touche personnelle en tant que coach. En s'adressant aux wingsuiters, il disait qu'il leur fallait visualiser leur travail, leur approche, leur placement, ainsi que l'aboutissement et le succès. Il fut judicieux d'insister là-dessus car beaucoup de jeunes parachutisteswingsuiters présents à cette manip ne connaissaient pas vraiment le pouvoir de la visualisation dans ce genre de challenge.

à l'annonce de tentatives à 100, la dernière journée fut donc consacrée à cet objectif ambitieux.

Largage adapté
Le largage se faisait à près de 4 km du terrain sur un axe perpendiculaire à l'axe d'évolution des wingsuiters qui volaient en trace directe vers la drop zone. Dès la sortie, les wingsuiters partaient donc vers la gauche (côté porte pour un Twin) et volaient tout droit vers la DZ tout en construisant la figure. Pour les sauts à 100, les deux Skyvans en tête et les trois Twin Otters volaient l'un derrière l'autre mais avec un décalage vers la droite entre chaque avion.

Vision latérale durant une des tentatives. On constate qu’il y a pas mal de différence de niveau et des positions avec les jambes repliées. Il est très difficile de faire voler de telles formations en no-contact en ayant tout le monde dans le plan, à la bonne distance et avec les positions bien tendues. Photo Norman Kent

La base du grand diamant se trouvait en tête de la figure et elle partait du troisième avion en attaquant directement vers la gauche, direction la DZ. Les wingsuiters se trouvant dans les deux avions de tête et dans les deux avions de queue partaient dans le sillage de la base pour compléter la formation par l'arrière et respectivement à droite et à gauche de la formation.

Progression
Cinq jours furent consacrés au cheminement vers un record du monde. Le premier jour, de jolis diamants à 64 permirent de commencer doucement afin que le groupe aborde avec confiance les sauts à 81 effectués le deuxième et troisième jour. Les quatre ou cinq premiers sauts à 81 furent plutôt fastidieux avec des mouvements de vagues au fil des approches. Au second saut, la porte du Skyvan s’est refermée juste avant le largage, ce qui laissa un trou béant dans la figure. Puis, la formation à 81 fut quasiment complète à chaque fois, sans pour autant être dans la grille. À l'issue de ces trois jours, la question se posait chez les organisateurs et capitaines : faut-il continuer à 81 pour tenter de mettre le diamant dans la grille et établir un record, ou faut-il jouer plus gros avec des sauts à 100 sur la dernière journée ? Comme la plupart des gens étaient venus

L’accident d’Irina
Alors que la manip s’était déroulée sans le moindre incident, le dimanche fut une journée tragique. Les tentatives à 100 étaient terminées et les participants allaient progressivement quitter la drop zone pour rentrer chez eux. Le matin, il y avait quand même 98 personnes et deux sauts furent ainsi réalisés. C’est au deuxième saut que l’accident est arrivé, bien que toutes les règles de sécurité aient été respectées, comme ce fut le cas durant toute la durée du rendez-vous. Après une séparation correcte, un wingsuiter américain et la Russe Irina Sinitsina entrent en collision sous voile après l’ouverture. Bien qu’entièrement ouverte, il semblerait que la voile d’Irina avait une malfonction. La voile de l’Américain entoure complètement Irina. Il libère en laissant la Russe complètement enveloppée. Celle-ci choisit de libérer également et chute dans la voile qui l’entoure. La réserve trouve quand même son chemin et s’ouvre à 80 mètres du sol. Dans un premier temps, la réserve semble bien ouverte, puis elle se met à tourner et Irina impacte violemment le sol en touchant avec la tête. Irina est restée quatre jours dans le coma aux US avant d'être rapatriée en Russie où elle est décédée deux jours plus tard. Dans son pays, Irina Sinitsina était très impliquée dans l’organisation des records nationaux et autres manips importantes en vol relatif. Elle était souvent capitaine de secteur. Elle devait être capitaine également pour Dubai 500 et on la voyait souvent dans les rendez-vous en grande formation organisés par P3 ainsi que ceux de BJ Worth.

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