NEOMA Alumni Mag - N°15 - Juin 2018 - 42

MAGAZINE

Le cédant a tendance à vendre
le passé de l'entreprise et le repreneur
souhaite en acheter l'avenir.
Christian Plouchart (PGE 69) - CRA

Sonia Boussaguet

Christian Plouchart
(PGE 69)

NEOMA ALUMNI, PARTENAIRE
DE L'ASSOCIATION CRA
Christian Plouchart est à l'origine de la convention de partenariat signée en 2017 entre
l'association CRA, dont l'objet est de favoriser la
cession et la transmission de PME/PMI d'une
valorisation comprise entre 300 000 et 5 millions
d'euros, pour un effectif de 5 à 100 salariés, et
NEOMA Alumni. « Fort de ses 57 200 diplômés,
le réseau de l'école est un formidable vivier de
repreneurs potentiels. » Dans le cadre de ce
partenariat, l'association CRA anime une à deux
conférences par an sur le sujet de la cession ou
de la reprise d'entreprise et s'engage également
à accueillir les alumni de NEOMA lors de
réunions d'information. En moyenne,
600 entreprises à reprendre sont présentées
en détail sur le site et près de 1 500 repreneurs
en « recherche active » sont adhérents, tous
accompagnés d'un parrain. Depuis la création de
l'association en 1985, plus de 13 000 dirigeants
ont confié leur entreprise à vendre à CRA, plus
de 30 000 personnes, cédants ou repreneurs,
ont adhéré à l'association, et plus de deux
dossiers sur trois ont abouti à une transaction.

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Sébastien Dunod
(PGE 05)

souvent autodidacte et partisan d'une gestion
paternaliste de l'entreprise. » Le profil type du
repreneur, lui, est tout autre. « Un cadre d'une quarantaine d'années, d'un haut niveau d'études, doté
d'un riche parcours professionnel au sein d'un
grand groupe. Très souvent, il pense, à tort, qu'il
va pouvoir développer l'entreprise qu'il rachète
uniquement en répliquant ses automatismes de
salarié/manager. Or, le repreneur doit apprendre
le métier de dirigeant afin de se substituer à
l'ancien. » Négliger les années d'expérience, le
savoir-faire, le réseau, la connaissance du terrain
et des clients du fondateur de l'entreprise est une
erreur préjudiciable à la performance économique
future de l'entreprise que l'on reprend.
LES COLLABORATEURS EN PLACE :
UN ACTIF MAJEUR DE L'ENTREPRISE
« Un bon moyen de gérer la phase de transition
est de clarifier les règles du jeu dès le départ, en
contractualisant un départ progressif du cédant
sur une période la plus courte possible », recommande Sonia Boussaguet. Placer le curseur au
bon endroit entre continuité et inflexions nouvelles de management et de stratégie est une voie
de bon sens. « Cette période de changement de
dirigeant est délicate aussi pour les collaborateurs, qui constituent un des actifs majeurs
de l'entreprise », explique Christian Plouchart
(PGE 69). L'homme sait de quoi il parle. Il a dirigé
pendant vingt-trois ans la filiale française d'un
groupe allemand spécialiste de l'industrie de
transformation du bois avant de fonder puis de
vendre sa propre entreprise, et il est aujourd'hui
délégué CRA de Reims. « Ce peut être une source
de confusion de sembler maintenir un temps deux
personnes à la tête de l'entreprise. Il ne doit pas y
avoir de conflit de leadership mais "passage de
témoin". » La plupart du temps, les salariés se
partagent entre soutien, opposition et passivité.
Mais tous vont observer, écouter et jauger les
capacités du repreneur lors des premières
semaines de sa prise de fonction. « Je conseille au
repreneur et au cédant d'organiser une réunion
d'information commune, au cours de laquelle
le cédant explique les raisons du choix de son
successeur et les garanties qu'il offre, tandis que
le repreneur se présente, décrit son projet, sa
vision de l'avenir de l'entreprise, et explique ses
méthodes, avec transparence. » Il s'agit d'embarquer les collaborateurs dans une nouvelle aventure en s'appuyant sur leurs compétences et leur
investissement, et non pas de prendre le risque
que les hommes clés de l'entreprise partent à la
concurrence...
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