NEOMA Alumni Mag - N°15 - Juin 2018 - 38

MAGAZINE

Quelles sont les qualités d'un bon PDG ?
Avant tout, savoir écouter ses équipes. Pour cela,
il faut bien s'entourer, choisir les bonnes personnes au bon poste, pour leur laisser ensuite de
la latitude. À partir de là, votre entreprise est à
l'abri. Même si demain, il vous arrive quelque
chose, vos équipes peuvent prendre le relais. Un
ancien patron m'a toujours dit qu'un bon décisionnaire, c'est quelqu'un dont on peut se passer à
court terme.
Quelles sont vos valeurs et comment les
mettez-vous en pratique au quotidien ?
Au quotidien, je n'ai pas beaucoup de mérite. Je
ne me force pas. Je viens d'un milieu très modeste.
Mon père était berger et ma mère fleuriste. Ils
m'ont toujours éduqué autour de la valeur du travail et de l'humilité : l'importance de rester à sa
place, plutôt faire que dire. C'est ce que j'essaye de
faire ici. Je ne suis qu'une personne parmi les
employés de mon entreprise, à l'écoute. Il faut que
les gens se sentent bien au travail et y prennent
du plaisir. Le facteur humain est le facteur décisif
de l'entreprise.

BIO EXPRESS
1996 Diplômé NEOMA BS.
2006-2008 COO,
puis CFO de la Fnac.
2008-2015 CEO
de Conforama.
Depuis 2015 CEO
de Lacoste.

Qu'est-ce qui vous motive au quotidien ?
Nous en avons un peu parlé. C'est avant tout de
pouvoir construire des choses, d'avancer vers un
but fixé et de faire grandir une équipe dans ce
sens. Je suis très fier lorsque j'accompagne les
gens dans leur carrière ou lorsque je les fais changer de trajectoires (un financier qui devient directeur commercial, par exemple). Je crois beaucoup
dans cette possibilité de changement, à la fois de
manière verticale et oblique.
Un poste comme le vôtre demande d'être
présent en permanence aux quatre coins du
monde. Comment parvenez-vous à concilier
votre vie privée et votre poste ?
Ce n'est pas le plus facile. De toute façon, c'est un
choix de vie. Je passe entre 30 et 50 % de mon
temps à l'étranger. Ce que j'essaye de faire - et il
faudrait demander à ma famille si j'y parviens
complètement -, c'est d'être présent à 100 %
quand je suis là et de leur apporter un vrai moment
qualitatif.
Vous êtes, depuis cette année, le nouveau
président de NEOMA Alumni. Pourquoi
avez-vous accepté cette fonction ?
L'école a été très importante dans ma vie, elle
garde une place particulière dans mon coeur.
J'étais un peu frustré de voir l'association évoluer
de l'extérieur, et j'ai perçu des potentiels non
exploités. Il est important, je pense, de remettre les
ambassadeurs plus au centre. Nos concurrents
directs ne s'en privent pas.
Lorsque Jean-Michel Huet est venu me voir, j'ai
indiqué que j'étais prêt à jouer le jeu, à mettre ma

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carrière et ce que j'ai pu faire au service de l'association. La nouvelle gouvernance avec une directrice générale et un président plus en retrait a
aussi été décisif pour moi. Je n'aurais jamais pu
être un président comme l'a été Jean-Michel Huet.
Je pense sincèrement qu'il y a quelque chose à
faire avec l'école et l'association. Pour monter dans
les classements, la solution est simple : avoir un
projet clair. Si nous parvenons à nous différencier,
nous serons clairement identifiés par la suite.
L'association fait beaucoup de choses, trop peutêtre. Je préfère investir dans peu de sujets, mais
mieux, plutôt qu'un saupoudrage sur beaucoup
de projets.
Que pensez-vous de l'arrivée de MichelÉdouard Leclerc à la présidence de l'école ?
Je n'en pense que du bien ! Nous ne pouvons
qu'être ravis d'avoir Michel-Édouard comme
ambassadeur de l'école. Après, s'il est bon d'avoir
un ambassadeur, il faut un projet fort.
Quelle est votre ambition pour NEOMA
Alumni ?
Il y a beaucoup à faire. Je ne peux qu'être admiratif de Jean-Michel Huet, qui a beaucoup investi de
sa personne et qui a été la clé de transformation
de ce qu'est le réseau aujourd'hui. Il y a un premier
travail à faire sur l'adhésion à NEOMA Alumni, à la
fois au sens strict - comment rendre le système
d'adhésion plus dynamique - et au sens familial et
affectif du terme. Il est important de recréer de
l'adhésion autour d'un événement fort, organisé
avec l'école. Beaucoup de choses sont déjà faites,
il va falloir donner des priorités.
L'association a cent quarante ans cette année,
ce qui fait d'elle une des deux associations les
plus anciennes de France. Que sera le réseau
NEOMA Alumni dans cent quarante ans ?
Je ne sais pas si la structure de l'école sera encore
la même. Je pense que l'écrémage va continuer : il
restera probablement cinq ou dix écoles leaders.
Il est vital que nous en fassions partie et que nous
accrochions ce wagon de tête. Aux États-Unis, les
huit grosses universités de la Ivy League sortent
du lot. La France est amenée à connaître un
développement similaire. Il faut que NEOMA BS
et NEOMA Alumni y prennent pleinement part ! ❚
Propos recueillis par Quentin Fuseau

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