NEOMA Alumni Mag - N°15 - Juin 2018 - 37

d'équipe. Tout cela s'apprend sur le terrain.
Aujourd'hui chez Lacoste, je m'occupe de plus de
cent vingt pays, avec des équipes constituées de
personnalités et d'âges différents. Cette intelligence de situation me sert au quotidien. C'est
même la plus grande clé d'apprentissage que j'ai
acquise lors de ces années-là.
Que représente le groupe Maus Frères
aujourd'hui ?
Maus Frères est un groupe assez important, fondé
par deux familles suisses, Maus et Norman. L'entreprise repose sur deux jambes : une partie faite
d'activité domestique, de mass market en Suisse
(les grands magasins Manor par exemple), et une
autre partie internationale, dont je suis le responsable. Cette branche regroupe quatre marques :
Lacoste, Aigle, Gant et Technifibre, spécialisée
dans le matériel de tennis. L'idée est d'essayer, si
ce n'est des synergies, au moins des convergences
entre ces entreprises. La volonté est clairement de
se développer à l'international et de réduire dans
le même temps le côté domestique. La création de
valeur aujourd'hui se fonde sur les marques mondiales, transfrontalières, avec une capacité à offrir
un contenu premium.
À long terme, votre idée est-elle de créer une
marque leadership globale ?
L'idée est plutôt de renforcer le portefeuille actuel
et d'y apporter d'autres marques éventuellement
par la suite. Ce peut être de l'équipement de la
personne ou de la maison, par exemple. En tout
cas, ce sera toujours des enseignes à dimension
internationale avec une aptitude forte à se développer.
Comment intègre-t-on un groupe historique qui
a quatre-vingt-cinq ans d'existence ?
La marque Lacoste est née en 1933, mais le
groupe Lacoste en tant que tel est bien plus jeune,
seulement cinq ans. Au départ, Lacoste était une
holding de marque, avec beaucoup de licences :
textiles, parfums, maroquinerie, etc. La famille
Lacoste avait développé le groupe sans avoir les
moyens de le faire en propre. Le groupe Maus a
racheté la licence textile en 1998, la marque en
2012, puis il a fusionné les deux. J'ai été appelé
pour mener une stratégie d'intégration globale,
avec le rachat des autres licences pour avoir le
contrôle total de la marque. Lorsque je suis arrivé,
nous étions vendus à 60 % en wholesale (détaillants multimarques, grands magasins...) et à 40 %
en retail (nos magasins en propre). Aujourd'hui,
ces chiffres sont inversés, et l'idée est de continuer
encore un peu dans ce sens. Nous avons réussi la
première phase du plan et il y a encore beaucoup
à faire !

Quel lien faites-vous entre René Lacoste, qui a
fondé la marque, et Novak Djoković, votre
égérie aujourd'hui ?
Nous sommes allés chercher Novak justement
parce qu'il y avait des connexions initiales entre
les deux. Celles-ci ne sont pas forcément du côté
du tennis, mais plus des valeurs. Il fallait un ambassadeur pour Lacoste, quelqu'un qui intègre les
valeurs de fair-play, d'humilité, d'engagement,
d'accessibilité et de respect. C'est plutôt l'homme
que le joueur que nous sommes allés chercher. J'ai
eu avec lui une relation proche assez rapidement.
Nous nous écrivons souvent pour prendre des
nouvelles l'un de l'autre. Il a besoin d'avoir cette
proximité et il a horreur des intermédiaires. En ce
moment, c'est un peu plus difficile pour lui, mais
nous l'avons aussi pris pour ça : montrer qu'on
peut se battre pour revenir au top.
Pouvez-vous envisager Lacoste sans son ADN
tennistique ?
Lacoste n'est pas seulement une marque de
tennis. C'est là où est née l'entreprise bien sûr,
mais c'est désormais beaucoup plus large que ça.
À terme, je ne souhaite pas perdre cet ADN. Ce
sport porte en lui une certaine forme d'élégance
et une certaine manière d'être.

SES SOUVENIRS DE REIMS
Pour moi, ça a été un peu plus de trois années assez inoubliables. Pour l'anecdote, j'ai choisi Reims parce qu'il y avait un
gymnase sur le campus. En tant que fan de sport, ça m'a tout
de suite parlé. C'est à ce moment de ma vie que je me suis
vraiment épanoui en équipe collective. En étant logé sur le
campus, j'avais l'impression de vivre l'école. Mon principal fait
d'armes est d'avoir été le président du BDS. Nous avions
organisé pour la première fois le trophée Ecricome, un énorme
événement, avec six écoles et plus de mille personnes. C'est
sans doute la première fois de ma vie où j'ai ressenti de la
pression. Il fallait que l'événement soit réussi et que les gens en
gardent un bon souvenir. Je me suis globalement beaucoup
investi dans la vie associative à Reims.
Ces différentes expériences ont forgé ma façon de voir les
choses par la suite. La partie technique (cours et apprentissage) de l'école est aussi importante que construire un projet
commun. Je n'oublierai jamais ces années, qui ont vraiment
été pour moi un tournant à la fois professionnel et bien
évidemment personnel. J'espère que c'est la même chose pour
beaucoup d'autres étudiants et alumni. C'est un moment
précieux qui ne doit pas nous échapper.

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