NEOMA Alumni Mag - N°14 - Mars 2018 - 39

les ayants droit auprès des entreprises et des diffuseurs : « Je leur explique comment est structuré
le marché de l'eSport, quelles sont ses audiences
et ses différents acteurs, et vais surtout chercher
pour eux des partenaires. » Il a déjà signé plusieurs
partenariats, notamment avec la plus grosse
équipe en France, Team Vitality. Pourtant, la ques-

Les fédérations
doivent s'interroger sur la
disparition prochaine de cette
surenchère permanente de
droits télévisés.
Guillaume Laffargue
tion de la nature de l'eSport fait toujours débat et
la même question revient toujours sur le tapis :
est-ce un vrai sport ? Thomas apporte son point
de vue : « L'eSport ne correspond stricto sensu pas
à la définition classique de Pierre de Coubertin :
"Un culte volontaire et habituel de l'effort musculaire intensif appuyé sur le désir de progrès pouvant aller jusqu'au risque." Il n'y a effectivement
pas d'effort physique au sens où on l'entend traditionnellement. Les joueurs font cependant une
dizaine d'actions par minute et cela nécessite une
véritable coordination et de la réflexion. L'engouement, lui, reste indéniable. » Globalement, le regard
sur la discipline change et l'a priori devient plus
positif. Des équipes de sport ont même lancé leur

propre écurie de sports électroniques, comme le
confirme Alexandre Zodmi : « Le PSG a une équipe
eSport depuis l'année dernière, sur Fifa et sur
Rocket League. Cela nous permet d'explorer de
nouveaux horizons, de toucher des populations
qui ne sont pas forcément intéressées par le foot
en utilisant pleinement notre potentiel de
marque. »
À long terme, le sport tel qu'on le conçoit
aujourd'hui pourrait complètement être bouleversé. Comme l'eSport, des événements hybrides
mélangeant le sport avec d'autres formes de
divertissement rencontrent de plus en plus de
succès. Le All-Star Game, un show de basket complètement dépourvu d'enjeux sportifs, rencontre
chaque année à Bercy une foule nombreuse : près
de 16 000 spectateurs en décembre dernier ! En
2017, 25 % d'Américains ont déclaré avoir été à un
événement sportif juste pour sa partie musicale .
« Dans un monde où les records sont devenus difficiles à battre, le public semble se tourner vers
cette nouvelle forme de divertissement où le sens
du spectacle prime bien plus que le résultat »,
explique Florent Garrigoux. La réalité virtuelle
pourrait être la prochaine étape : « À Eurosport,
nous avons fait plusieurs tests de réalité virtuelle
sur le ski alpin et le résultat était tout à fait
incroyable !, s'enthousiasme Jérôme Fenaillon.
Cela va complètement révolutionner la façon de
consommer du sport. » ❚

123RF / Roman Kosolapov

Tournoi Counter Strike
à Saint-Pétersbourg,
Russie, octobre 2017.

Thomas Gavache
(PGE 09)

748,5

millions d'euros
est la somme déboursée
par Canal + et beIN
Sports pour les droits
télé de la Ligue 1 sur
la période 2016-2020
(source : LFP, 2014)

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