NEOMA Alumni Mag - N°14 - Mars 2018 - 38

MAGAZINE

❱❱❱

Jérôme Fenaillon
(PGE 10)

Emmanuel Barilley
(PGE 15)

comme Twitter », détaille Guillaume Laffargue.
Le live permet en outre de diffuser bien plus de
publicités qu'un replay. « Les GAFA ont des plateformes extrêmement performantes. Elles sont en
demande de beaucoup de contenus, qui leur
offrent bien plus de facilité pour vendre leurs produits. Nous gardons cependant de l'avance sur un
point : en France, le sport reste très bien produit.
C'est un vrai métier. Cela demande des hommes,
des savoir-faire et des moyens importants »,
résume Guillaume Laffargue. Les géants du Web
sont presque là, il faut désormais anticiper cette
arrivée certaine. « À Eurosport, nous avons opté
pour une stratégie de digitalisation des contenus.
Par exemple, nous avons monté un partenariat
avec Amazon qui distribue nos chaînes en Allemagne. Cela nous a permis d'acheter un lot de
Bundesliga [la ligue de football allemande, ndlr],
explique Jérôme Fenaillon. Je pense qu'il ne faut
pas voir ces GAFA comme des adversaires, mais
plutôt comme des potentiels partenaires. »
D'autres acteurs montent également en puissance : l'Inde et surtout la Chine. En 2015, le géant
de l'immobilier chinois Wanda a par exemple

TRAVAILLER DANS LE MILIEU
Tous les intervenants de ce dossier ont raconté
la même chose : la première chose qu'ils font le
matin est d'ouvrir L'Équipe. Marine Derrien
témoigne : « Cela fait dix ans que je fais ce
métier-là et je n'ai jamais vraiment eu l'impression de travailler. » Multiplier les stages ou
alternances est une bonne manière pour
parvenir à ses fins. « Il est compliqué aujourd'hui
pour les entreprises d'avoir confiance envers les
candidats qui n'ont pas d'expériences dans le
monde du sport. Cependant il faut prendre en
compte le fait qu'une fois rentré dans ce métier,
cela devient compliqué de revenir en arrière »,
conseille Alexandre Zodmi. Être passionné reste
la condition numéro 1. « On gagne plus d'argent
dans la finance ou le marketing produit, s'amuse
Florent Garrigoux. Il faut surtout être prêt à se
tourner à l'international. C'est une des clés
essentielles pour progresser, puisque le marché
mondial est principalement anglo-saxon avec
une forte progression en Asie. »
Marine Derrien souligne enfin l'importance
du réseau pour progresser. « J'en connais
l'importance : j'ai fait l'école pour cette raison et
j'ai trouvé mon travail aussi grâce à lui. Tous les
étudiants devraient regarder l'annuaire des
anciens, et mettre son profil à jour est fondamental. Ne pas jouer ce jeu, c'est nier avoir
bénéficié un jour ou l'autre du réseau. »

- 38 - NEOMA ALUMNI mag MARS 2018

23,5

millions de dollars
de recettes en 2017 en
France dans le marché
de l'eSport

SuperData pour PayPal, 2017

racheté pour plus d'un milliard d'euros l'entreprise
Infront qui gère les droits de la Fifa.
Aujourd'hui, 31 % des Chinois vivant en ville
déclarent s'intéresser au football . « La Chine a tout
fait pour développer le football chez elle, en
termes d'investissements financiers et sportifs.
Elle a cependant constaté que le surplus de
joueurs étrangers nuisait à l'émergence de ses
nationaux. Un décret limite désormais le nombre
de joueurs étrangers à deux par équipe chinoise »,
explique Guillaume Laffargue.
Emmanuel Barilley tempère cette tendance :
« Cette prise de pouvoir reste pour l'instant surtout économique. Développer de grands clubs ne
se résume pas à une simple dépense d'argent. Il
faut un historique et des résultats. À moyen terme,
les très grands joueurs ne bougeront pas. »
LE CAS DE L'ESPORT
Cette compétition permanente pousse l'ensemble
des acteurs du secteur à se diversifier et à guetter
les prochaines tendances. L'eSport, depuis plusieurs années, intéresse les diffuseurs et les
annonceurs. « Ce n'est d'ailleurs plus vraiment une
mode, mais quelque chose de bien ancré dans la
réalité économique du milieu », indique Emmanuel
Barilley. L'eSport - ou sport électronique - est la
pratique d'un jeu vidéo en équipe, sur ordinateur
ou console, à un niveau compétitif. « En réalité, il
s'agit plus d'un ensemble de disciplines : chaque
jeu nécessite une pratique différente. Ce sont
des joueurs bien spécifiques et des compétitions
différentes à chaque fois. La spécificité de
l'eSport est que les jeux ne sont pas libres de droit,
contrairement aux sports traditionnels. Ils appartiennent aux éditeurs », précise Thomas Gavache
(PGE 09), fondateur de Good Game Management,
une agence de marketing commerciale spécialisée
dans l'eSport. « Nous sommes vraiment ici à la croisée du sport et de l'entertainment. Nous n'en
sommes qu'au début et le potentiel est énorme »,
s'enthousiasme Florent Garrigoux. BeIN Sports
vient d'ailleurs de récupérer en régie la première
chaîne 100 % consacrée à la discipline : ES1. Guillaume Laffargue raconte : « Nous y croyons beaucoup. Ce sont des phénomènes qui ont toujours
existé et qui prennent de plus en plus d'ampleur.
La difficulté actuelle est de transposer ça dans les
médias grand public. » Jérôme Fenaillon chez
Eurosport est plus nuancé sur la question : « Le
format télévisé n'est pour moi pas adapté. C'est un
produit d'OTT [Over the Top, service de livraison
de médias sur Internet, ndlr], consommé par une
audience jeune sur Twitch, une plateforme de
streaming axée sur les jeux vidéo. L'audience classique plus âgée reste quant à elle assez rétive,
faute de culture et de connaissance du milieu. »
Thomas Gavache fait partie de ceux qui souhaitent exploiter le potentiel de la discipline avec
sa société Good Game Management. Il représente

Table des matières de la publication NEOMA Alumni Mag - N°14 - Mars 2018