NEOMA Alumni Mag - N°14 - Mars 2018 - 37

applications. « Tous les annonceurs ont une forte
volonté de maîtriser leur communauté, indique
Florent Garrigoux. Cela leur permet un meilleur
ciblage pour vendre leurs produits. » Les marques
ou les ayants droit vont même créer des contenus
qu'ils vont diffuser sur leur plateforme. Depuis
quelques années déjà, Red Bull a créé plusieurs
événements avec ses propres athlètes, que l'entreprise met en avant sur son site Red Bull TV.
L'objectif de l'entreprise est simple : créer de l'inédit et du spectaculaire.
LA BULLE DES DROITS TÉLÉVISÉS
De plus en plus de grandes entreprises passent
par cette solution. En effet, un investissement bien
trop important est demandé aux diffuseurs pour
acquérir les droits de diffusion des grandes compétitions internationales (et plus particulièrement
du football). La presse a largement fait l'écho l'an
dernier de l'arrivée de SFR (groupe Altice) dans
cette guerre. En mai 2017, l'opérateur français a
ainsi récupéré les droits sur la Ligue des champions et l'Europa League pour la période 2018 à
2021, au détriment de Canal + et de beIN Sports.
Le montant s'élèverait à 370 millions d'euros
payés à l'UEFA chaque année. En ce qui concerne
la seule Ligue 1, ces droits ont même été multipliés
par cinq depuis le début des années 2000 et
s'élèvent aujourd'hui à 748,5 millions d'euro. « Le
foot reste cependant un cas particulier, tempère
Jérôme Fenaillon (PGE 10), directeur des programmes chez Eurosport. Les autres droits restent
encore raisonnables. Mais dans ce domaine, effectivement, la folie anglaise s'est propagée aux
autres pays et particulièrement en France. » En
Angleterre, les droits télé du championnat sont
désormais à... 2,3 milliards par an ! Avec l'arrivée de
Neymar, la Ligue 1 s'exporte davantage à l'étranger. « L'ensemble des acteurs français seront
désormais consultés dans le cadre de la renégociation de la commercialisation des droits télé de
la L1 à l'étranger. Je pense que c'est un vrai nouveau phénomène dans le business du sport en
France », explique Emmanuel Barilley (PGE 15),
ex-Nielsen Sport qui travaille désormais chez
Dugout Limited, le tout premier réseau social
dédié au monde du football. « La ligue espère
dépasser le milliard d'euro de recettes sur le marché français. Il fait peu de doute qu'il va y parvenir,
lors du prochain appel d'offre pour la période
2020-2024. Je ne crois pas, en revanche, en la
poursuite d'une telle croissance, à long terme »,
indique Jérôme Fenaillon.
En attendant, jamais le football français n'a gagné
autant d'argent. Le fair-play financier mis en place
depuis 2011 a même permis aux clubs et aux
ayants droit d'augmenter leurs bénéfices, grâce à
une large rationalisation de leurs dépenses et une
augmentation des recettes. « Le sponsoring ou
l'arrivée d'un diffuseur régulier aident systématiquement un sport à se développer, comme par

exemple avec SFR pour le basket en France. Les
dépenses de la part des différents sponsors sont
de plus en plus élevées, surtout en ce qui concerne
les ayants droit dits premium - PSG, ligue de football, Roland-Garros... - que toutes les marques
recherchent », raconte Emmanuel Barilley. Cette
inflation n'est pas sans poser certains problèmes,
ce que confirme Guillaume Laffargue : « Les fédérations doivent s'interroger sur la disparition prochaine de cette surenchère permanente. Les
chaînes se diversifient de plus en plus pour pouvoir se démarquer. » L'abonné se retrouve au cœur
de toutes les convoitises et doit dépenser de plus
en plus d'argent pour voir du football à la télé. À
long terme, une forme de rejet pourrait s'installer
pour le public qui risquerait d'aller voir d'autres
sports ou de basculer sur d'autres solutions de
visionnage (le streaming, par exemple). Les bénéfices des chaînes pourraient alors baisser et freiner ainsi cette inflation galopante. Mais pour les
chaînes traditionnellement en place, d'autres
concurrents plus importants pointent à l'horizon.
L'OMBRE DES GÉANTS DU WEB
SUR LE MARCHÉ SPORTIF
C'est la tendance principale du moment : l'arrivée
des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon)
dans l'univers du sport. « Ces acteurs de l'économie 2.0 commencent à s'intéresser aux droits
médias des compétitions. Twitter ou Facebook
sont prêts à investir des sommes importantes
dans la diffusion ou rediffusion d'événements
sportifs. Amazon voudrait par exemple investir sur
la 1re ligue en Angleterre et donner la possibilité de
regarder des matchs sur sa plateforme », raconte
Emmanuel Barilley. En Inde, la première chaîne
privée s'est retrouvée directement en concurrence
avec Facebook pour l'achat des droits de la ligue
de cricket. En avril 2017, l'entreprise de Seattle a
déjà conclu un deal avec la NFL (ligue du football
américain) pour diffuser dix matchs par an. Le
ciblage permis par les réseaux sociaux lui permet

Florent Garrigoux
(PGE 01)

Alexandre Zodmi
(PGE 14)

Le public semble se tourner vers cette
nouvelle forme de divertissement où le sens
du spectacle prime bien plus que le résultat.
Florent Garrigoux
de diffuser à chaque utilisateur un contenu personnalisé. Un fan de la page Facebook de Martin
Fourcade pourra ainsi se voir proposer des compétitions de biathlon ou de sports d'hiver. « Tout
l'intérêt du sport est de le vivre en direct. L'émotion sera spéciale si elle est partagée à un instant
T par une communauté ou un groupe de spectateurs. Et forcément, ça intéresse des plateformes
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