L’école aujourd’hui Maternelle - n°24 - Décembre 2011 - (Page 12)

Dossier LA MUSIQUE AU FIL DES JOURS Reportage Un vecteur de lien social S’il est vrai que la musique adoucit les mœurs, à l’école maternelle AnatoleFrance de La Courneuve son rayonnement va bien au-delà d’une douce mélodie pour devenir un véritable vecteur de lien social. Pour la deuxième année consécutive, enfants, parents et enseignants se réunissent autour d’un projet mené avec l’association Musique en herbe. V endredi, 16 h 30. En cette fin d’après-midi, l’ambiance à l’école maternelle Anatole-France est un peu particulière. Les personnes encore présentes peuvent entendre un son inhabituel provenant d’une des nombreuses salles de classe de l’établissement. C’est la maman de Luka, élève en moyenne section de maternelle, qui interprète I vin Voz, accompagnée à la guitare par Chantal Grosléziat, musicienne et directrice de l’association Musique en herbe (cf. encadré). Cette comptine serbe raconte l’histoire d’un petit garçon qui court dans la rue et dont l’essoufflement rappelle le bruit d’une locomotive. Il est suivi par ses copains, qui deviennent alors les wagons de cette locomotive… “Dans cette école où les cultures sont très variées, l’idée est d’inviter les parents à venir chanter des comptines de leur enfance dans leur langue maternelle et de transmettre cette mémoire à leur enfant et aux autres enfants de la classe”, souligne la musicienne. D’abord très intimidée, la maman de Luka finit par se prendre au jeu et enregistre finalement deux autres chants. Quand on l’interroge sur ses motivations à participer à ce projet, sa réponse est sans équivoque : “J’ai envie de partager ma culture serbe avant tout avec mon fils, mais aussi avec les autres enfants.” Comme elle le souligne, elle a simplement fait appel à son 12 L’ÉCOLE AUJOURD’HUI MATERNELLE n°24 “bon cœur et à sa volonté”, mais cet exercice lui a aussi permis “de se souvenir de chansons que sa maman lui chantait lorsqu’elle était petite”. Pour cette première séance de l’année, les mamans de Maëlys, Anaïs, Wassim et Dayssam sont également venues enregistrer. Parmi les grands classiques J’ai du bon tabac, Le pont d’Avignon, Bonjour ma cousine, Petit Escargot, Ouistiti ou encore Une souris verte, on entend également des chants venus de Tunisie, interprétés par la maman de Dayssam, sous l’œil attentif du papa et de la petite sœur venus pour l’occasion. “J’ai préparé ces comptines en appelant ma mère en Tunisie, explique la jeune maman avec émotion, cela m’a offert un grand moment de bonheur avec ma famille.” Ces enregistrements sont ensuite retranscrits dans un cahier de chansons, traduits, écoutés en classe puis appris par les enfants. neuve, la directrice de l’association ne s’inquiète pas du petit nombre de parents venus participer à ce premier enregistrement. “Il faut les convaincre de venir, désacraliser le moment, les rassurer en leur proposant de venir accompagnés, explique-t-elle. L’an dernier, la quasi-totalité des parents avaient fini par se laisser convaincre.” Car si le « Généralement, on s’adresse à l’enfant pour lui donner des consignes, des ordres, mais il faut faire la différence entre parler à et parler avec un enfant, communiquer avec lui. » projet tourne autour de la musique au sens le plus large, il touche aussi le domaine éducatif, culturel et social. “Un enfant d’origine étrangère se sent davantage sécurisé si ses parents sont reconnus dans leur langue maternelle et quotidienne”, souligne Chantal. Voir leurs parents dans l’école et les entendre chanter dans leur propre langue permet à l’enfant de valoriser ses origines et sa langue. Comme le souligne Louisa Derradji, la directrice de l’école, “les parents sont parfois introvertis dans leur propre langue et cela n’incite pas les enfants à s’exprimer.” Elle se souvient du cas d’une petite fille tamoul dont la maman était venue chanter une comptine de son pays : “La semaine qui a suivi l’enregistre- Impliquer les parents… Mis en place depuis 2000 par l’association Musique en herbe, avec le soutien de la DDASS de Seine-Saint-Denis et le Conseil régional d’Ile-de-France, ces projets d’action musicale sont organisés dans deux écoles en ZEP du département, et avec deux classes de la même école. “Cela permet de créer une vraie dynamique”, souligne Chantal Grosléziat. Pour cette deuxième année à La Courdécembre 2011

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui Maternelle - n°24 - Décembre 2011

Edito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à Léopoldine Gorret
- Le billet du médecin Comment fonctionne la vue ?
- Une année avec… Des bruits et des photos
DOSSIER - La musique au fil des jours
- Introduction
- Entretien Anne Bustarret
- Reportage Un vecteur de lien social
- Analyse Enrichissement et ouverture au monde
- Bloc-notes Ouvrez leurs oreilles !
PRATIQUES PÉDAGOGIQUES - Livres et apprentissage de la langue
- Introduction 3 questions à Isild Manac’h
- Progressions PS MS GS
- Outils pour la classe
SÉLECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Coin thématique
- Jeunesse

L’école aujourd’hui Maternelle - n°24 - Décembre 2011