L’école aujourd’hui Elémentaire - n°22 - Octobre 2011 - (Page 12)

Dossier L’ÉCOLE SANS FRONTIÈRES Reportage Le voyage des lettres Pendant un an, les élèves de CE1 de l’école primaire de Thizy dans le Rhône ont correspondu avec une autre classe de la région via des lettres individuelles et collectives. Un projet au carrefour de plusieurs apprentissages, qui est aussi une belle expérience humaine pour les enfants. U ne grande lettre, format A3, est affichée au tableau. C’est la lettre collective des correspondants. “Nous allons d’abord la relire avant de répondre”, indique Françoise Desloges, enseignante en CE1 à Thizy, à l’origine de ce projet de correspondance scolaire1. Un élève se lève pour relire la lettre. “Vous l’avez bien en tête ? Vous avez des idées pour leur répondre ? Réfléchissez un peu.” La maîtresse sort une feuille pour prendre au brouillon les idées de ses élèves. “Par quoi nous allons commencer ?”, demande-t-elle. Réponse des élèves : “Chers correspondants.” “À quoi faut-il faire attention ?” Les élèves : “À la majuscule !” “Mais encore ?” “Il faut un s.” “Où ?” “À correspondants et à chers.” “Pourquoi ?” “Parce qu’ils sont plusieurs.” Une année d’échanges L’enseignante commence par noter toutes les idées au tableau. Au moins trois ou quatre mains sont levées en permanence pour faire des propositions. Six thèmes sont finalement retenus. L’étape suivante consiste à les mettre en ordre. La rédaction de la lettre au brouillon peut ensuite commencer. Elle est l’occasion d’un travail sur le vocabulaire et la formulation des phrases. Elle permet aussi de revoir ce qui a été fait en classe. Les élèves racontent ainsi à leurs correspondants leur travail sur l’eau et sur les accidents domestiques, et leur posent des questions sur leur projet de livre. Une fois les six thèmes exprimés sous forme de phrases, la maîtresse relit tout depuis le début. 12 L’ÉCOLE AUJOURD’HUI ÉLÉMENTAIRE n°22 “Ensuite nous verrons ce que nous pouvons compléter et comment nous terminons”, suggère-t-elle. “Au revoir. Tchuss. Les CE1 de Madame Desloges”, signent-ils. La lettre sera ensuite recopiée au propre par un petit groupe, et chacun inscrira son nom tout en bas avant qu’elle ne soit expédiée. Les deux classes ont correspondu pendant toute une année scolaire. En début d’année, chacun a écrit une lettre de présentation, à partir de laquelle s’est fait le choix des correspondants. Le projet s’est ensuite décliné en trois éléments : les lettres individuelles, les lettres collectives et la rencontre. “Quand j’ai débuté ce projet il y a dix ans, nous correspondions avec des élèves marocains, raconte Françoise Desloges. C’était très riche au niveau des échanges, mais nous n’écrivions que des lettres collectives car les élèves ne parlaient pas français, c’est leur enseignante qui traduisait. Cette année-là, j’ai vraiment mesuré que l’on ne pouvait pas faire l’impasse sur les lettres individuelles.” Depuis, ce sont les lettres individuelles qui ont pris la première place. Elles sont envoyées en fonction du rythme d’écriture de chacun. L’enseignante donne aussi une date butoir, environ une fois par mois. période, explique l’enseignante. Si les lettres sont trop espacées cela ne fonctionne pas bien, les enfants oublient ce dont ils avaient parlé.” D’où la nécessité de trouver un enseignant “sur la même longueur d’ondes”, pour que le projet fonctionne bien. Après avoir commencé avec des amis, Françoise Desloges a trouvé la collègue avec qui elle travaille actuellement par le réseau Freinet. Le point d’orgue du projet est la rencontre, qui a lieu au mois de juin. Pour les élèves, c’est le moment le plus important. “Avec la classe marocaine, la rencontre « Nous avons appris à rencontrer quelqu’un sans le voir, mais en lui écrivant. » avait trop manqué car nous n’avions pas la possibilité d’organiser un voyage à l’étranger. C’est pour cela que j’ai choisi l’option d’une classe proche cette année”, explique Françoise Desloges. L’importance de la rencontre ressort du petit débat organisé avec les élèves pour faire le bilan de l’expérience. Une expérience pas si facile car s’ils ont apprécié ce moment, les enfants évoquent souvent la difficulté d’aller vers l’autre et de communiquer. “Au début, ma correspondante était toute timide, alors je lui ai parlé des choses qu’elle avait écrites”, raconte une élève. “C’était difficile de la faire parler, mais quand je lui posais des questions on se parlait bien”, renchérit une autre. Moins Individuels et collectifs L’envoi des lettres individuelles se double d’une lettre collective, accompagnée des productions des élèves (reportages photos, vidéos, etc.). “Il y a au moins un voire deux échanges de lettres entre chaque octobre 2011

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui Elémentaire - n°22 - Octobre 2011

Couverture
Edito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à Philippe Meirieu
- Le billet du médecin Les microbes nous envahissent !
- Une année avec… De l’eau pour nos plantes
DOSSIER - L’école sans frontières
- Introduction
- Entretien Rémi Thibert
- Reportage Le voyage des lettres
- Analyse Des outils au service de la pédagogie
- Bloc-notes Des outils pour créer des liens
- Publifiche Valoriser les piles et accumulateurs
PRATIQUES PEDAGOGIQUES -Les TUIC au service des disciplines
- Introduction 3 questions à Joël Surig
- Progressions CP-CE1 CE2 CM1-CM2
- Outils pour la classe
SELECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Jeunesse
- Le mot du mois

L’école aujourd’hui Elémentaire - n°22 - Octobre 2011