L’école aujourd’hui Elémentaire - n°21 - Septembre 2011 - (Page 14)

Dossier LA DirECtiOn D’éCOLE En mAL DE réFOrmE ? Analyse Fallait-il refuser le statut de “maître-directeur” ? il n’existe pas, pour le moment, de statut de personnel de direction pour les directeurs d’école français. Pourquoi ce faible niveau de reconnaissance alors que la figure du directeur apparaît comme l’une des références incontournables, et sans doute déterminantes, d’une adaptation de l’école à un monde nouveau ? o n se souvient en 1987 du refus marqué du statut de “maître-directeur” et des grèves qui ont précédé son retrait par le ministère. Quels furent les arguments de l’époque ? le journal du syndicat dominant des instituteurs, le SNi, détailla les raisons du refus de plusieurs façons. celui-ci est fondé sur : l’argument de la coupure entre les directeurs et les instituteurs ; le refus d’une école calquée sur le monde de l’entreprise ; l’arbitraire (poste à profil) ; la mise en cause du droit de grève ; la déresponsabilisation des instituteurs. Le statut de “maître-directeur” en quoi consistait ce projet ? le ministre d’alors (rené Monory) intervint dans le cadre des lois de décentralisation. le “maître-directeur” y était défini comme l’animateur de l’équipe pédagogique “sur laquelle il a autorité”. l’ambition de l’époque cherche à en faire le représentant de l’école et l’interlocuteur des usagers. dit autrement, le directeur est pensé comme un “acteur” central, placé au cœur de responsabilités sociales. Pour cela, sa formation jusqu’alors inexistante devient un levier important (“elle est assurée principalement en dehors du temps de service et donne lieu à une évaluation”). le statut de directeur semble alors promis à des attributions multiples et spécifiques né14 l’école aujourd’hui éléMeNTaire n°21 cessitant une formation différente de celle proposée aux instituteurs. dans les cinq niveaux de refus mentionnés ci-dessus, le premier argument comme le troisième tendaient à montrer que le nouveau statut de “maître-directeur” pourrait revenir sur le statu quo d’une entente qui n’a pas toujours été historiquement bonne entre directeurs et adjoints. refuser reviendrait à préserver une sorte de paix professionnelle. le deuxième argument montrait une diabolisation de la sphère économique suspecte d’induire une perturbation des valeurs d’une république idéalisée. les conditions de vie professionnelle dans l’entreprise sont sous–entendues comme redoutables et une adhésion à un modèle proposé par un gouvernement de droite, impensable, car naturellement complice du monde de l’entreprise et de l’actionnariat. l’argument repose sur une logique de défense idéologique en même temps que sur des conditions de travail assimilées à une dévalorisation de la fonction d’instituteur et de son identité professionnelle. le cinquième argument reprenait d’ailleurs cette idée d’objectivation des maîtres par un “patron” toutpuissant, seul vrai maître des choix réalisés dans l’école. le troisième argument prenait appui sur l’idée d’un poste profilé pour des directeurs présentant des traits septembre 2011 particuliers et peu contestataires de l’ordre établi. le directeur aurait été vu comme celui qui veille par l’omniprésence de ses contrôles à l’application des injonctions ministérielles sans chercher à les contester. la pertinence des choix établis par les supérieurs et les responsables de l’école n’aurait plus été remise en cause et le relais syndical dans les écoles se serait vu, de ce Les directeurs, sans formation digne de ce nom, devront faire face à l’une des plus importantes transformations de l’école depuis guizot. fait, tari. le profilage du directeur garantissait ainsi une exploitation des enseignants tout en limitant leur accès à la grève (quatrième argument). Mais les craintes soulevées par ce projet ont aussi été alimentées par l’impréparation des personnels des écoles, la forme même du décret, sa soudaineté et sa violence perçue. on voit aussi, à travers la résurgence idéologique, l’impossibilité de la profession tout entière de pouvoir penser sereinement la situation et la survenue d’enjeux plus larges. cette situation est renforcée du fait que les activités liées à la décentralisation et aux pro- Un projet mal préparé ?

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui Elémentaire - n°21 - Septembre 2011

Couverture
Edito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à Michel Ocelot
- Le billet du médecin Comment fonctionne le coeur ?
- Une année avec… Un projet pour s'intégrer
DOSSIER - La direction d'école en mal de réforme ?
- Introduction
- Entretien Frédéric Reiss
- Reportage Huit postes en un
- Analyse Le statut de "maître-directeur"
- Analyse Vers un véritable emploi avec plan de carrière ?
- Bloc-notes Vivre la fonction et s’informer
PRATIQUES PEDAGOGIQUES - Histoire de l'école
- Introduction 3 questions à Michel Vignal
- Progressions CP-CE1 CE2 CM1-CM2
- Outils pour la classe
SELECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Jeunesse
- Le mot du mois

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