MAGAviron - N°31 - Mars/Avril/Mai 2018 - 42

Histoire

Les rameurs au coeur

de la grande guerre.
La seule initiative connue est celle de la SN Bayonne qui
rend un hommage appuyé dans ses magazines annuels de
2014 à 2018, aux 40 disparus de la Société.
Les chiffres des rameurs tués sont effarants. En pourcentage des pratiquants, c'est certainement le plus lourd
tribut payé par les sportifs.
En s'appuyant sur le périodique l'Aviron et la Vie sur
l'Eau et les publications de
différents clubs éditées lors
d'anniversaires, on arrive
au décompte macabre de
528 tués ou disparus, issus
seulement de 52 sociétés
... A peine imaginables,
ces pertes enregistées du
monde de l'aviron, sont
encore largement sous
estimées. Le nombre 700 à
800 est certainement plus
proche de la réalité, si l'on
tient compte des nombreux
grands clubs qui n'ont pas
communiqué leurs chiffres.
Et combien de blessés
graves, mutilés, amputés
et gueules cassées
échappent à toute évaluation ?
Voilà quelques bonnes raisons de se souvenir et de rendre
hommage aux rameurs qui ont été engagés dans le conflit
le plus meurtrier de notre histoire. Et c'est un peu notre
propre album de famille qu'on feuillette.

Le Journal l'Aviron,
source de renseignements
exceptionelle.
Notre fédération est ancienne et la revue l'Aviron a gardé
trace de son histoire, de son passé. Au travers de sa
lecture, on peut avoir une idée assez fidèle de l'évolution
de notre sport.
L'Aviron et la Vie sur L'Eau, bulletin créé par Pierre-Victor
Stock, patron des éditions du même nom, relate par le
menu la vie des sociétés depuis 1885.
Par la volonté de quelques uns, l'Aviron va continuer à
paraître pendant les années de guerre.

MAGAviron
Numéro 31
Mars 2018

Il devient un véritable "Journal du front" ou "Feuilles des
tranchées", assurant ainsi un lien puissant et apprécié des
rameurs mobilisés dispersés sur tous les fronts. Un appel
est lancé aux "anciens" des sociétés pour qu'il prennent
en charge l'abonnement du journal. Après une interruption
de quelques semaines seulement après la déclaration
de la guerre, il sera publié régulièrement, quelquefois
hebdomadairement.
Que Monsieur Paul Maréchal le responsable de la
publication et un certain "Ludo Wic" qui a tenu si scrupuleusement la rubrique Lyonnaise, soient remerciés de ces
témoignages qu'ils nous
ont légués.
Eux aussi, s'étaient fait
ainsi un "devoir" de "tenir"
jusqu'à la fin du conflit,
persuadés que ce lien
entretiendrait le moral des
rameurs mobilisés.
En prenant le temps
de feuilleter quelques
pages de ces journaux
de 1914 à 1918, on
découvre tout l'intérêt de
ce véritable patrimoine
qui représente une valeur
historique et annecdotique
incontestable.
La France d'alors était
essentiellement rurale, mais
les soldats avaient appris
à lire et à écrire et pour la première fois ont pu fournir un
témoignage de ce qu'était la vie au front. Il ont pu prendre
la parole et ne pas laisser raconter "leur guerre" seulement
par les journalistes, hommes politiques et officiers
supérieurs.
© DR

archives sont restées si soigneusement et si pudiquement
cachées, ou simplement négligées, qu'elles ont totalement
échappé aux chercheurs et historiens, spécialistes de
l'histoire du sport.

Depuis la parution et le succès rencontré par "Paroles de
Poilus" en 1998, les témoignages des simples soldats ont
été bien légitimement reconnus à leur juste valeur. Cette
littérature de guerre "écrite d'en bas", a gagné un large
public. Le point de vue qui parle aux lecteurs est celui du
fantassin égaré qui ne comprend pas ce qu'il fait là, quels
sont les objectifs de l'état-major et combien de temps tout
cela durera encore.
Ces lettres des rameurs engagés sur tous les théâtres de
guerre ne laissent percer aucune trace de lassitude ou de
défaitisme ! La pratique de l'aviron, les auraient-ils mieux
préparés à la guerre ? Ou plus simplement effets de la
censure ?
"Lettres et colis sont aussi nécessaires au moral du soldat
que les boules de pain, la soupe, le quart de jus et le

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