MAGAviron - N°27 - Février 2017 - 36

Lutte anti-dopage

Dopage, un sujet sensible

mais pas tabou

L'aviron français à l'abri ?
L'information, la rigueur des sanctions, la prévention et les
contrôles ont pour l'instant mis l'aviron français à l'abri du
dopage. Mais les choses peuvent vite basculer. Pour l'éviter,
il est primordial d'encadrer au maximum les rameurs. Si
la philosophie de l'aviron est aux antipodes des objectifs
recherchés en se dopant, certaines circonstances pourraient
fragiliser les athlètes. "Avec le double projet conduit par
les rameurs il pourrait y avoir des risques si le sportif
perd la maîtrise, commente Christophe Bassons. La perte
de contrôle de son planning, le surmenage, un mental en
baisse pourraient l'inciter à prendre des substances pour

Christophe Bassons, un des piliers de la lutte
anti-dopage en France.

Les sportifs de haut niveau constituent quant à eux un groupe
cible. Ils ont une obligation de géolocalisation, non seulement
au niveau national mais aussi à l'international, et doivent
mentionner un créneau d'une heure par jour où l'on peut les
trouver pour être contrôlés. Une contrainte pas forcément
évidente à gérer, car ils n'ont que la veille, jusqu'à 17 h, pour
modifier leur localisation du lendemain. Ce contrôle se fait
le plus souvent au domicile, entre 6 h et 7 h. Le prélèvement
peut être urinaire ou sanguin, mais il peut aussi s'agir d'air
expiré ou de cheveux, ongles, poils, selon les substances
recherchées. L'urine permet de dépister tous les produits. Le
sang sera utilisé pour rechercher de l'EOP, de l'hormone de
croissance, mais aussi pour contrôler des paramètres précis
et effectuer un profilage du taux d'hématocrite, du cortisol,
dont le niveau peut varier si le sportif prend des substances
interdites. Les variations entre plusieurs prises sont alors
surveillées.

mieux récupérer, aller plus vite. Si en France l'aviron n'est
pas professionnel, les primes distribuées aux athlètes
à l'occasion des Jeux ou échéances internationales
pourraient aussi être incitatives. Après, sans parler des
seuls sportifs de haut niveau, un jeune mal dans sa peau
pourrait avoir la tentation de se doper pour exister par le
sport. Si on ne prévoit pas un bel avenir à nos jeunes, ils
pourraient se réfugier dans la facilite". Mais Christophe
Bassons relativise ses inquiétudes. "Les rameurs que je
connais ont une réflexion très intelligente sur le dopage, ils
sont loin d'être bêtes, je ne me fais pas plus de souci que ça".
Mieux vaut prévenir que guérir ! C'est pourquoi, avant même
les contrôles, la prévention, l'information, la discussion sur le
thème du dopage sont importantes pour que l'aviron français
reste, comme c'est le cas à présent, exempt de toute tentation
de facilité.

Cédric Berrest : "Notre sport a évolué"

"J'ai annoncé cela lors de l'AG car j'ai constaté, ces dernières années, que
notre sport a évolué. On commence à entendre ou voir des choses qu'on
ne voyait pas quand j'ai commencé. Des rameurs utilisent maintenant des
compléments alimentaires alors qu'ils ne sont pas poids léger, on consomme
plus de produits qu'avant au lieu de soigner son hygiène de vie. Il faut faire
attention : on peut maintenant acheter dans des grandes surfaces spéciaCédric Berrest,
lisées des produits non certifiés qui peuvent contenir des substances pas
nouvel élu au comité
directeur de la FFA.
propres. Il y a des informations du médecin fédéral. Je suis aussi dubitatif sur
l'efficacité de la lutte anti-dopage. On peut passer au travers. Après, on peut
se demander pourquoi concourir contre certaines nations. Tant qu'on n'aura
pas de cas sérieux en France, on ne se sent pas concernés. Je suis de l'école de l'alimentation saine et équilibrée, sans rien prendre en plus. Je pense qu'il faudrait davantage de sensibilisation et d'informations, expliquer
qu'il y a des produits dangereux, apporter des cas concrets. Il faudrait aussi simplifier les contrôles, ça reste
lourd même si maintenant il y a des applications, alors qu'on n'a aucun cas de dopage. La FISA est moteur dans
la lutte anti-dopage. Mais deux ans de suspension ce n'est pas assez, un sportif pourrait ressortir blanchi avant
la fin d'une olympiade et participer aux Jeux".

MAGAviron
Numéro 27
Février 2017

Récemment élu au comité directeur de la FFA, Cédric Berrest avait annoncé lors
de l'assemblée générale vouloir, entre autres choses, s'investir contre le dopage.
Réactions d'un rameur de haut niveau qui a participé à trois olympiades.

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