MAGAviron - N°25 - Hors-série - Septembre 2016 - 12

Deux de couple féminin

Un équipage

sans complexe

e cru 2015 fut certainement l'un des meilleurs
de ces dernières années pour l'aviron féminin :
c'est en effet cette année-là que furent constitués les deux bateaux qui ont remporté leur
qualification olympique lors des championnats
du monde d'Aiguebelette. Un premier exploit, que nous
avait laissé présager la prestation d'Elodie RaveraScaramozzino et Hélène Lefebvre, notamment lors de la
coupe du monde de Lucerne en 2015 où leur entrée en
finale A avait fait grand bruit. A Rio, les deux jeunes tricolores ont surfé sur la vague du lagoa Rodrigo de Freitas,
fidèles à leur envie de prendre part à la compétition en
donnant tout, sans regret.
Leur première course s'est déroulée dans un bassin
compliqué, avec un vent qui se levait de plus en plus au fur
et à mesure que la matinée avançait. Les deux Françaises
devaient obtenir la troisième place pour entrer en demi-finale,
une place qu'elles ont assurée tout en continuant à attaquer,
avec un finish plein d'envie. "Le bassin était compliqué,
notait Hélène Lefebvre. Dans ces conditions, l'objectif
n'était pas forcément de s'employer physiquement,
mais de réaliser une course techniquement assez
maîtrisée, en essayant de ne pas faire trop de fautes.
Il fallait ramer souple. Nous y sommes plutôt bien
parvenues. Au départ, je n'ai pas ressenti de stress
ou de nervosité, j'étais heureuse d'être là, aux Jeux
olympiques".
Trois jours plus tard, elles se sont alignées au départ de
la demi-finale. Une fois encore, elles n'ont pas dérogé à la
réputation qu'elles se sont forgée depuis leur association :
des filles pleines d'énergie et prêtes à tout, sortant une course
dantesque. Quatrièmes à mi-parcours, il en fallait plus pour
les décourager. Elles ont grappillé l'espace qui les séparait
des portes de la grande finale olympique, parvenant à franchir
la ligne d'arrivée en troisième position. "Que du bonheur
! Nous sommes vraiment contentes d'être en finale,
lançait Elodie Ravera-Scaramozzino. Mais maintenant, on
veut l'étape suivante. Nous voulions partir vite, mais
nous étions loin de la tête au passage aux 500 m.
Malgré tout, nous n'avons jamais paniqué. Nous
avons su revenir sans jamais s'affoler. En finale, les
Polonaises seront favorites. Derrière, les écarts ne
sont pas importants".

MAGAviron
Hors-série
septembre 2016

Leur grand jour était enfin arrivé. Elles que tout le monde
voyait comme les outsiders de la compétition se sont retrouvées alignées aux côtés de l'élite mondiale, en grande finale
des Jeux olympiques de Rio. Le contrat est rempli : l'objectif
fixé par la Fédération française d'aviron et l'encadrement
pour le groupe féminin était la finale A. Maintenant, la course
n'est plus que pour elles. Le bassin s'agitait de plus en plus,
à en croire les images diffusées sur les écrans géants. Les
Françaises se sont placées dans la tête de la course, misant
sur leur force au départ de la course. Les Tricolores auront
tenu la dragée haute à leurs concurrentes favorites, avant
de céder du terrain à leurs poursuivantes lituaniennes et
grecques. Elles ont franchi la ligne d'arrivée à la cinquième
place, terminant ainsi leur aventure à Rio avec tout de même
le statut de finalistes olympiques. Entrer en finale pour un
bateau féminin tricolore ne s'était pas vu depuis 20 ans,
Hélène Lefebvre et Elodie Ravera-Scaramozzino ont mis fin
à cette "malédiction" qui pesait sur leur secteur, ouvrant la
voie à une reconquête des bassins internationaux par les
rameuses de l'Hexagone. "La consigne était de partir très
fort, expliquait Hélène Lefebvre. Nous l'avons fait. Mais la
deuxième partie de la course a été plus compliquée.
Bien sûr, on aurait préféré courir dans des conditions
plus égales. Dans le premier 500 m, ça bougeait
énormément. Nous étions secouées de tous les côtés.
Ces Jeux étaient nos premiers, c'est toujours difficile,
mais nous ne nous sommes pas laissées déborder par
l'événement.".
"Ces premiers Jeux, raconte Elodie Ravera-Scaramozzino,
je ne savais pas à quoi m'attendre. Tous les sportifs
français se côtoient, échangent. J'ai même pu discuter
avec des athlètes que je vois à la télé d'habitude. On
était tous au même endroit, ça fait bizarre d'imaginer
un tel événement qui rassemble autant de sportifs.
Hormis les médias qui sont partout, l'ambiance
n'est pas différente d'un championnat du monde.
Sportivement, on a tout tenté, on est parties avec nos
moyens, on n'a aucun regret". La jeune Niçoise, après
avoir approché le toit du monde, sait garder les pieds sur
terre : cette nouvelle saison, elle l'envisage en moins de 23
ans pour commencer, avec un titre mondial au bout tout de
même !
Fabrice Petit

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