Centraliens - N°628 - La revue des Arts et Manufactures - Août/Septembre 2013 - 54

Histoire

Hanroku
amaguchi

(1858-1900) promo 1879

Architecte et urbaniste japonais

P

Avant les traités de 1858,
et l’arrivée des étrangers
au Japon, toutes les
constructions, à l’exception
de quelques murailles et
soubassements de châteaux
ou de forts, sont en bois
et sans fondations.
Les charpentiers (Daïku)
ont le savoir-faire et
le monopole de
la construction.

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our pallier à l’absence de matériaux
habituels, les premiers architectes
européens adoptent un mode de
construction hybride qui utilise
des ossatures en bois, construites pas les
charpentiers japonais, remplies de briques
artisanales. Ce type de construction (gyoku)
peut être illustré par les bâtiments de l’usine
de soie grège de Tomioka construits par le
Français Bastien en 1872, et dont les Japonais ont sollicité le classement au patrimoine
mondial de l’Unesco. Plus tard, les Japonais,
libérés des contraintes liées à la disponibilité des matériaux adoptent les modes de
constructions de l’Occident. De jeunes architectes japonais, formés à partir de 1877 à
l’Université de Tokyo, par l’Écossais Josuah
Conder, «  le père de l’architecture japonaise » prennent le relais des étrangers.
Le Centralien Hanroku Yamaguchi, un des
tous premiers architectes japonais était moins
réputé que ses confrères formés par Conder,
mais le sauvetage de la première salle de
concert à l’occidentale du Japon l’a sorti de
l’oubli. Il avait édifié en 1890 cette bâtisse, le
«  Sogakudo  », sur le campus de l’Université
de Tokyo. Quand, à la fin des années 1970,
la direction de l’Université a envisagé sa destruction, ses défenseurs ont fait valoir qu’il
s’agissait du seul édifice en bois de cette importance construit à l’ère de Meiji. Le choix
exceptionnel de ce matériau, et le mode de
construction alliant des techniques empruntées aux charpentiers japonais et occidentaux, a pu être interprété par certains comme
une tentative de retour aux sources. Avec la
participation financière d’un des vingt-trois
arrondissements de Tokyo (Taito), il a été démonté, étudié, restauré et reconstruit en 1987
dans le parc public Uneo, à quelques cen-

taines de mètres de son emplacement initial.
De style classique occidental, constitué d’un
corps de bâtiment principal, avec fronton,
l’auditorium est flanqué de deux ailes, dont
les dimensions ont été réduites lors de la reconstruction. Rendu à sa destination initiale,
comme le souhaitaient ses défenseurs, on y
organise des concerts de musique classique
européenne et japonaise1.
Hanroku Yamaguchi est né le 23 mai 1858
dans une famille de Samouraï. En 1870, il
entre, après avoir étudié à l’école française
de Yokohama, au Kaisei gakko de Tokyo. Ce
Collège Impérial de Yeddo a été fondé sous
le shogunat des Tokugawa pour « l’étude des
sciences occidentales développées autour de
l’apprentissage de la physique ». Les élèves ont
le choix entre trois langues d’enseignement
(anglais, allemand et français) qui conditionnent bien évidemment la poursuite de
leurs études à l’étranger.
Hanroku est-il le jeune étudiant arrivé en
France fin 1873 pour préparer le concours
d’entrée à Centrale et qui a dû, pour des raisons de réorganisation de l’attribution des
bourses, rentrer au Japon en janvier 1874  ?
Rien ne permet d’affirmer qu’il soit celui
dont parle Fumio Irie, professeur de français séjournant à Paris à cette époque, dans
une lettre adressée à un maître de pension ;
ce courrier qu’il concerne ou non Hanroku
Yamaguchi est intéressant car il nous informe
sur les objectifs des étudiants japonais qui
devaient, pour entrer à Centrale, se confronter aux mêmes épreuves que leurs camarades
français :
« Les élèves Japonais à Paris, s’attachant chacun à l’étude respective, il faut que Monsieur
Yamagoutsi2 s’occupe particulièrement de la
science : mathématique, physique, chimie, dessin,

Centraliens no628 [août/septembre 201
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