Centraliens - N°628 - La revue des Arts et Manufactures - Août/Septembre 2013 - 10

Parcours de Centralien

Jean-Pierre

Le

antec

(66)

Rencontre avec un Centralien engagé,
insolite et pluridisciplinaire.

I

ngénieur, architecte, historien, écrivain,
éditeur, journaliste…
Jean-Pierre Le Dantec est multiple et il
assume bien cette multiplicité. Il a exercé
différents métiers mais pas celui d'ingénieur.
Depuis 2008, il a rejoint l’équipe du Grand
Paris, constituée par l'architecte Roland
Castro. Une équipe qui réunit des professionnels et artistes de tous horizons alliant
leur savoir faire, leur expérience et leur vision pour concevoir le projet ambitieux du
Grand Paris.
Jean-Pierre Le Dantec doit sa notoriété à ses
écrits et à sa fonction de directeur à l'ENS
d'architecture de Paris-la-Villette.
"Je n’ai jamais exercé en tant qu’ingénieur, pas
tellement d'appétit pour ça, confie-t-il.
Le hasard a bien fait les choses, mon souhait
était d’embrasser une carrière littéraire ou
philosophique, mais ma sœur avait déjà occupé ce rôle (elle est agrégée de philo) et mes parents avaient décidé que je serais scientifique.
C’est comme ça que j’ai intégré Centrale".

Un parcours marqué par
les événements de mai 68
Un printemps qui a changé la France : un
million de manifestants à Paris le 13 mai.
Dans un contexte de révolte spontanée,
(culturelle, sociale et politique) dirigée
contre la société traditionnelle, Jean-Pierre
Le Dantec s'inscrit dans un mouvement de
gauche, il est parmi les étudiants engagés et
contestataires.
"On se voulait force d'opposition, on était
dans une logique de contestation. On voulait
changer le monde !

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A l'époque, avec Henri False (67), on a lancé
une soirée "Boris Vian" pour participer et
favoriser le renouveau de Boris Vian. On se
sentait proches de lui, marginaux comme
lui. On aimait bien ses chansons, les paroles
de "on n'est pas là pour se faire engueuler"
trouvaient un écho en nous.
En mai 68, je suis propulsé à la tête d'un des
mouvements, ce qui me vaut d'être arrêté.
Le groupe se dissout 4 ans plus tard en 72. Il
rassemblait des beaucoup d'intellectuels d’extrême gauche, dont Glucksmann, Levy, July,
Rolin…
En tant que directeur de publication du
journal "La cause du peuple", Jean-Pierre Le
Dantec est également condamné pour "apologie et provocation" à certains délits. Michel Le Bris subira le même sort. Jean-Paul
Sartre lui succèdera mais le gouvernement
n'osera pas le condamner.
La cause du peuple, donnera naissance, à
l’initiative d’un autre centralien de la même
promotion, Jean-Claude Vernier, au quotidien "Libération" en 1973. Jean-Paul Sartre
en sera le premier directeur de publication,
suivi par Serge July en 1980.
Le parcours singulier de Jean-Pierre Le Dantec
commence par l'enseignement des mathématiques, il entre à l’École d’architecture
de Paris / La Villette, qu’il dirigera de 2001
à 2006. Il mène de front l'enseignement et
l'écriture.
" J'ai été recruté pour enseigner les sciences
de la construction et les matériaux (il avait
suivi l'option "aménagement et construction" à l'Ecole) et progressivement je deviens

Centraliens no628 [août/septembre 201
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Centraliens - N°628 - La revue des Arts et Manufactures - Août/Septembre 2013

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