Val de Marne - N°301 - Mai 2013 - 45

culture 45

bouger en va l-de-m a rne

Biennale 2011, à la Gare au théâtre, à Vitry.

« La poésie est un art
sensible aux échos de la
planète, un lieu où se fait
entendre le bruit du
monde. »

Francis Combes, directeur de la
Biennale internationale des poètes.
houlette de Denis Hirson, traducteur et passeur
de la poésie sud-africaine en France.
À leurs côtés, la rencontre val-de-marnaise
accueille « les échos de la planète » venus des
quatre points cardinaux et permet d’entendre
des poèmes dits par leurs auteurs, toujours dans

†Du 24 MAI Au 2 JuIN : dans douze villes du
Val-de-Marne et à Paris. Programme sur
www.biennaledespoetes.fr et au 01 49 59 88 00.
TEMPS FORTS
† SoIrée D’ouVerture : rencontres, lectures et
musique avec la compagnie Bernard Lubat.
Le 24 mai à la Gare au théâtre, à Vitry.
† reNcoNtre, ProJectIoN et LectureS autour
d’Alain Badiou. Le 26 mai, à Anis-Gras, à cachan.
† reGArDS D’ArtISteS Sur L’AfrIque Du SuD
D’hIer et D’AuJourD’huI. Le 27 mai, aux Archives
départementales, à créteil.

La Biennale,
c’est toute l’année
Installée depuis l’automne dernier dans des
locaux qui lui permettent d’accueillir du public
au centre Jeanne-Hachette d’Ivry, l’équipe de
la Biennale des poètes organise un jeudi par
mois des lectures conviviales autour d’un
poète (Maïakovski, Tristan Tsara…) ou d’un
thème (jeunes poètes, Val-de-Marnais…).
Une occasion pour tous les amateurs de poésie
d’entendre sonner les mots dans la bouche de
Les Jeudis de la Poésie.
leur auteur ou d’un lecteur confirmé.
Toute l’année, des poètes du Laboratoire de
poésie de la Biennale animent des ateliers d’écriture et de lecture critique auprès de différents publics,
scolaires ou non, et préparent les jurés du Prix de poésie des collégiens du Val-de-Marne, décerné
pendant la Biennale par dix classes de 4e et 3e. Pierre Mabille a été le lauréat de la précédente édition
pour le recueil Trop de monde (éd. Le Bleu du ciel, 2010) et récompensé par l’édition par la Biennale d’un
recueil inédit On fait comment (éd. Le Bleu du ciel, 2012).

n douze éditions, la Biennale internationale
des poètes en Val-de-Marne a fait plus
d’une fois le tour du monde. Cette année,
c’est l’Afrique du Sud qui est en première ligne
de la programmation, et la Biennale s’inscrit
ainsi à la fois dans la saison culturelle sud-africaine en France et dans une longue solidarité
du Département avec la « nation arc-en-ciel »
de Nelson Mandela et Dulcie September. Car la
poésie ne vit pas en vase clos. Pour Francis
Combes, son directeur depuis 2011, c’est « un
art sensible aux échos de la planète, un lieu où se
fait entendre le bruit du monde ».
Tout en gardant sa spécificité d’art du langage,
car « les poètes ne sont ni des journalistes, ni des
philosophes », la poésie reste un moyen d’expression qui permet de dire, d’écrire l’événement,
dans une forme qui en appelle au sensible, plus
que ne le ferait le roman. En Afrique du Sud, les
écrivains noirs s’en sont souvent emparés, ainsi
que du théâtre, pour faire entendre leur voix.
D’une part, parce que ces arts de tradition orale
appartiennent à la culture africaine, mais aussi
parce que les Noirs n’avaient pas accès aux
maisons d’édition pendant les années d’Apartheid.
On découvrira donc, lors de cette Biennale, des
auteurs dont beaucoup n’ont jamais été traduits
en français auparavant et qu’on entend pour la
première fois dans l’Hexagone. Certains écrivent
en afrikaans, comme la jeune Ronelda Kamfer,
ou en anglais comme Finuala Dowling et le poète
engagé Mongane Wally Serote. D’autres, dans
la tradition orale, n’écrivent pas mais composent
en xhosa, comme le griot Bulenani Zantsi. Ce
sont en tout quatorze poètes qui représenteront
l’Afrique du Sud à la Biennale, dont les textes
seront rassemblés en une anthologie, sous la

leur langue originale, de façon à ce que la musique
des mots résonne avant même que la traduction
n’en donne le sens. Un accent est mis sur les
pays riverains du Danude, pour que se croisent
Biennale des poètes et festival de l’Oh!. Car pour
rencontrer le plus large public, la Biennale
n’hésite pas à inscrire la poésie sur les murs des
villes, à la diffuser dans les boîtes aux lettres et
les places de marché, à la clamer dans les jardins
publics et sur les bords de Marne. Toujours à
l’affût de nouveaux supports, Francis Combes,
qui fut, avec Gérard Cartier, le promoteur inspiré
des poèmes dans les rames de métro, se réjouit
du succès des Poèmes du jour, proposés sur le
site de la Biennale depuis l’automne, qui séduisent
à ce jour 1 200 lecteurs. « Les voies d’entrée dans
la poésie sont innombrables et Internet est un des
lieux les plus actifs », estime le directeur de la
Biennale, lui-même poète. Et les faibles tirages
des livres de poésie ne disent rien du plaisir qu’on
peut prendre à une lecture à voix haute ou à la
rencontre inopinée sur son chemin quotidien
avec des mots qui emportent. « Dans cette période
de crise, on constate un regain de la vie poétique,
car c’est une façon d’échapper à la roue impitoyable de l’économie, la possibilité d’ouvrir le
monde à ce qui n’est pas dit, à ce qui n’est pas encore
rêvé. La poésie est un terrain d’utopie, c’est un enjeu
d’humanité. » ■ pascale pisani

l e m ag a zine du conseil génér a l • N°301 • m ai 2013

http://www.biennaledespoetes.fr

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