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CULTURE 45

BOUGER EN VAL -DE -MARNE

«Merci à ceux qui chantent mes vers… la poésie demeure et qu’elle vole où elle veut. »

Trente ans qu’Aragon s’est éclipsé et qu’on l’entend toujours à notre oreille, via Ferré et Ferrat notamment. C’est avec la belle équipe du Caf’ Conf’ Aragon (Véronique Pestel, Magali Herbinger, Bernard Vasseur) que s’ouvre, le 5 octobre à Arcueil, le 26e Festi’Val-de-Marne. « Aragon et la chanson », soirée intimiste et fragile, a reçu l’aide à la création du Conseil général. Les festivals qui affichent d’entrée de jeu la poésie sont plutôt rares. Mais le Gascon Jean-Claude Barens aime faire chanter la langue. Ce militant de la chanson a fait du Festi’Val-de-Marne le plus grand, le plus éclectique et le plus populaire des rendez-vous de la saison. La qualité de la programmation, les tarifs doux pratiqués et le rayonnement sur tout le territoire ont leur part dans ce succès. On y vient prendre des nouvelles des artistes qu’au fil des années, on y a vu grandir et découvrir les jeunes talents apparus entre-temps. Car ce festival, créé par le Conseil général pour défendre la chanson vivante et créative, ne cesse de jouer les découvreurs.

Un festival de découvertes

« Il ne s’agit pas de faire des coups médiatiques mais d’accompagner les artistes à chaque étape de leur parcours » précise Jean-Claude Barens. D’où tout un dispositif de repérage et de soutien : des plateaux partagés (GiedRé et Matthieu Boogaerts, Merlot et R-Wan, la Caravane passe et les Vendeurs d’enclûme…), des premières parties (Askehoud avant Souchon, Laurent Madiot avant Cali, Bat Point G avant Oldelaf, Benjamin Paulin avant la Grande Sophie…). Et des « premiers pas » pour les inconnus ou mal connus du public : Éléphant, Alex Bianchi, Dialem, Dam Barnum, Juja Lula, MC Pampille… et la jeune Zeina Mokaiesh, qui se produira en clôture de festival, juste avant S Petit Nico et Michel Jonasz, plus épatant que jamais, entouré de toute cette jeunesse.

Chaque soirée y gagne un climat propre : slam (Ami Karim et Grand Corps malade), pop (Sporto Kantes, Archimède), reggae (Winston Reedy, Donkey Jaw Bone), sud engagé (MC Duval, Zoufris Maracas), musiques du monde (les Congolais Staff Benda Bilili, l’Indien Slow Joe), ou poético-libertaire avec l’hommage à Prévert du slameur marseillais Nevchehirlian et celui adressé à Brassens par la Campagnie des Musiques à ouïr (Loïc Lantoine, Éric Lareine, Joseph Doherty, François Pierron…). Du côté des musiques en mouvement, on retiendra que la Jimi, journée des réseaux, labels et autres collectifs indépendants, confirme pour sa 6e édition son implantation à Vitry, avec la mobilisation du Sub, du théâtre Jean-Vilar, de la médiathèque et des 3 Robespierre. Au programme : une centaine d’exposants, un débat sur la contre-culture, des ateliers ouverts aux amateurs, et sept concerts dont Le Peuple de l’herbe, El Hijo de la Cumbia et Cabadzi, jeune groupe nantais à la rage poétique.

Jour J pour les mômes

Ce sont les plus gâtés cette année, avec plus de spectacles, de créations, des séances scolaires, des ateliers chanson et une nouveauté, la J-Mômes. Ce nouveau temps fort, qui proposera des animations, des projections, des livres… et des rencontres avec des acteurs, festivals et structures en lien avec l’enfance et les arts, se tiendra dans la foulée de la Jimi. Une journée dédiée aux enfants et à leurs familles qui donnera le coup d’envoi des Refrains des gamins : une quinzaine de spectacles accueillis dans onze villes. Cette programmation donne le ton chaque année de la saison jeune public, avec des spectacles inédits en Île-de-France (Ma tata, mon tonton, mon pingouin de Hadji-Lazaro, L’Homme sans tête d’Agnès Buffet, Rue de la pomme de Catherine Laviscotte…) et des créations : Le Vent qui nous mène d’Alain Schneider, Et comment vous faites chez vous ? d’Ignatus, ou Je hais les gosses, idée géniale du groupe Entre 2 Caisses de partager avec les enfants, l’humour et la tendresse d’Allain Leprest, en toute complicité avec la malicieuse Juliette. À savourer en famille. FRANCINE DÉVERINES

DU 5 AU 21 OCTOBRE. Programme sur festivaldemarne.org, cg94.fr et au 01 45 15 07 07.

” À chaque fois tout commence/ Toute musique me saisit/ Et la plus banale romance/ M’est l’éternelle poésie. » Louis Aragon.

Hadji-Lazaro à la J-Mômes

L’instit qu’il fut dans le vieux-vieux temps a un peu édulcoré son langage, mais c’est bien lui. Boule de billard, salopette et tatouages, silhouette imposante : le look est immuable. François Hadji-Lazaro, l’icône de la scène rock alternative, donne au festival son premier tour de chant jeune public, Ma tata, mon pingouin, Gérard et les autres. Entouré de deux complices et d’une kyrielle d’instruments, il vient raconter aux z’enfants d’aujourd’hui des histoires d’aujourd’hui, où les fées sont au chômage, les super-héros éboueurs et les mamies des ravageuses de supermarché. Valse, berceuse, rock énervé, chanson réaliste, tout y passe. C’est drôle, impertinent, bourré de tendresse et d’espoir, avec quelques chansons de Pigalle en prime. Le 7 octobre à 16 h à Vitry. Tél. : 01 55 53 10 60.

François Hadji-Lazaro.



LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL • N°293 • SEPTEMBRE 2012