Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°64 - Avril 2017 - 27

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« L'eau a donné
au cinéma son premier
mouvement.Tous les
cinéastes s'en sont
ensuite emparés. »

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Chantons sous la pluie
(Singin' in the rain),
de Stanley Donen
et Gene Kelly, 1953

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Tournage des Dents
de la mer, de Steven
Spielberg, 1975

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Vue panoramique du
Grand Canal de Venise,
prise depuis un bateau
par Alexandre Promio,
en 1896

Tout une symbolique
Changeant, ambivalent, l'élément est chargé
de symboles multiples selon son état
physico- chimique - liquide, solide ou gazeux - et la manière dont il est filmé. « L'eau
est associée à la vie dans Le Fleuve (Jean Renoir), où la rivière nourricière est à l'origine de
tout. Dans Chantons sous la pluie (Stanley
Donen et Gene Kelly), elle représente la vitalité, la force que l'on peut tirer des obstacles
traversés. Quant à la neige, elle purifie : à la
fin de Sleepy Hollow (Tim Burton), le personnage quitte la forêt maléfique pour un New York
enneigé, où une nouvelle vie va commencer. La
neige symbolise ici la renaissance, comme à la
fin de Shining (Stanley Kubrick) : le père, terrassé sous la neige, laisse la place à son fils,
enfin libre de sa propre puissance créatrice.
L'eau marque également le passage du temps
ou la naissance d'un amour, comme dans Le
Déjeuner sur l'herbe (Jean Renoir), quand le
professeur Alexis voit Nénette, une jeune paysanne, se baigner nue dans la rivière. Comme
la rivière, la mer est associée parfois à l'amour :
les flots déchaînés aux pieds de Kim Novak et
James Stewart dans Sueurs froides (Alfred
Hitchcock), qui s'embrassent pour la première
fois, sont parfaitement en phase avec leur passion naissante », analyse Jean-Luc Lacuve.
Mais la mer peut aussi être associée à la mort,
comme dans Une Étoile est née (George
Cukor), où l'on voit James Mason marcher vers
la mer, au soleil couchant, pour se suicider.
L'océan est souvent utilisé pour faire le grand
voyage : dans Dead Man (Jim Jarmush),
Johnny Depp, blessé, part sur une barque vers

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© DR

© Producer48 - Wikimedia Commons

pagne), qui ont utilisé l'eau comme principal
vecteur de mouvement. Mais plus encore, La
Fille de l'eau (Jean Renoir), L'Hirondelle et la
mésange (André Antoine) - deux péniches, ndlr
- et L'Atalante (Jean Vigo) - une autre péniche,
ndlr - sont de formidables films où l'eau, loin
d'être un simple décor, est un personnage à part
entière », souligne Jean-Luc Lacuve.

© DR

Jean-Luc Lacuve,

STATISTICIEN CINÉPHILE FONDATEUR DU SITE
CINECLUBDECAEN.COM

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Événement

Eau et cinéma : les rencontres

L

es Rencontres internationales eau
et cinéma (RIEC), dont l'Agence de
l'eau Seine-Normandie est partenaire
depuis leur création, sont nées à Mexico
en 2006, lors du 4e Forum mondial
de l'eau, organisé tous les trois ans.
« Les éditions qui ont suivi à Istanbul,
Marseille et Daegu (Corée du Sud),
ont permis de faire entrer au Forum les
réalités du terrain, se réjouit Pierre-Alain
Roche, membre du conseil général
de l'Environnement et du Développement
durable et président d'honneur des RIEC.
Les témoignages des personnes les plus

son destin - un rite funéraire indien. » L'océan
est aussi symbole de danger : une génération de spectateurs a été traumatisée par
Les Dents de la mer (Steven Spielberg).
« Bachelard distinguait les eaux claires des eaux
profondes dans son essai, L'Eau et les rêves.
On retrouve cette opposition au cinéma, comme
dans La Nuit du chasseur (Charles Laughton) : l'eau y est tantôt maternelle - poursuivis
par un tueur, les enfants demandent protection
à la rivière, dont la blancheur rappelle le lait

concernées par les problèmes d'accès
à l'eau potable et à l'assainissement ou par
les enjeux agricoles et environnementaux
permettent de sensibiliser les décideurs,
en apportant du sens et parfois de la poésie
dans ces instances internationales. »
À chaque édition, un jury mixte
international, constitué de professionnels
de l'eau et de la communication,
prime des films de qualité dans quatre
catégories (documentaires scientifiques,
spots de 90 secondes, témoignages d'ONG
et films institutionnels), qui constituent un
catalogue unique de quelque 600 vidéos.

maternel -, tantôt mortifère - leur mère assassinée repose au fond de l'eau, comme Ophélie.
Mais l'eau lave aussi de toutes les difficultés
traversées. Dans Les 400 coups (François
Truffaut), le jeune Antoine Doinel s'enfuit du
centre où il était enfermé et court vers la mer,
qui représente un nouvel horizon, un nouveau
départ », conclut Jean-Luc Lacuve. Une
chose est sûre : l'eau n'a pas fini de nous
transporter, au cinéma.
Laurène Champalle
AVRIL 2017 -

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