Clefs - Le système politique de l'Union européenne -9 - (Page 20)

LES STRATÉGIES EN PRÉSENCE politique extérieure et de promouvoir une coopération intergouvernementale en matière de défense, de science et de culture. L'ensemble aurait fait l'objet d'un réexamen au bout de trois ans, ce qui lui valut l'appui de Jean Monnet et du Comité d'action pour États-Unis d'Europe présidé par celui-ci. Mais, plus encore que le caractère confédéral de cette Union, l'attitude du Général de Gaulle à l'égard de la Grande-Bretagne provoqua la réserve de nos partenaires, en particulier du ministre néerlandais Joseph Luns. Aussi bien, une seconde version du Plan Fouchet, plus restrictive que la première, conduisit la négociation à l'échec le 17 avril 1962. Comme l'a écrit Alfred Grosser 6, le comportement des différents partenaires se caractérisait par leurs contradictions : la France refusant à la fois l'entrée de la Grande-Bretagne et la supranationalité ; le Bénélux se réclamant paradoxalement de l'une et de l'autre. En fait, derrière ces contradictions, se proﬁle l'opposition entre la France qui s'apprête à quitter l'organisation militaire intégrée de l'OTAN, et qui craint que l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun ne constitue le « cheval de Troie » des États-Unis d'Amérique, et ses principaux partenaires, ﬁdèles à l'Alliance Atlantique. 20 Le développement de la coopération politique : Le Conseil européen Après cet échec, aucun progrès substantiel n'interviendra de 1962 à 1969. Il faudra donc attendre la Conférence de La Haye, tenue en décembre 1969 en présence du successeur du général de Gaulle : Georges Pompidou, pour qu'elle lève le veto français à la candidature britannique et, ouvre la voie à la coopération politique. Mais les rapports successifs conﬁés par les chefs d'État et de gouvernement à des personnalités qualiﬁées (Davignon en 1970, Vedel en 1972, Tindemans en 1976, Genscher en 1981 puis Genscher-Comombo la même année...) en vue d'organiser cette coopération et de réformer les institutions, ne déboucheront que sur quelques mesures assorties de déclarations. La mesure la plus spectaculaire sera la création du Conseil européen réunissant les chefs d'État et de gouvernement, à l'initiative de Valéry Giscard d'Estaing et de Helmut Schmidt lors du sommet de Paris des 9 et 10 décembre 1974, dont la mission sera précisée dans la Déclaration de Stuttgart du 19 juin 1983. Mis en œuvre à l'initiative du couple franco-allemand, avec le soutien de Jean Monnet 7, le Conseil européen aura été le résultat tangible de la stratégie de la coopération engagée par le général de Gaulle. Relayant l'action du « triangle institutionnel » établi par les traités, mais affaibli par le « Compromis 6 7 Alfred Grosser, Affaires Extérieures, Flammarion, Champs, 1989, p. 188-189. Qui voit en lui l'esquisse d'un gouvernement provisoire européen.

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