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LES STRATÉGIES EN PRÉSENCE Les Traités de Rome : Marché commun (CEE) et Euratom (CEEA) (25 mars 1957) 16 Ayant perdu une part de sa crédibilité, la diplomatie française ne peut plus prendre l'initiative de la relance européenne. Celle-ci revient alors à l'Italie et au ministre des Affaires étrangères de Belgique : Paul-Henry Spaak. Et, tandis que les gouvernements de l'Europe des Six hésitent entre la création de nouvelles « communautés fonctionnelles » (en matière de transports, d'agriculture ou d'énergie), la Conférence de Messine (1er au 3 juin 1955) s'oriente, sous l'inﬂuence de la Hollande, vers la préparation d'un projet de marché commun, assorti à la demande de la France, d'une Communauté européenne de l'énergie atomique. Les traités créant la Communauté Économique Européenne (CEE) et la Communauté Européenne de l'Énergie Atomique (CEEA ou Euratom) sont signés à Rome le 25 mars 1957. Une fois de plus, la Grande-Bretagne s'est tenue à l'écart cherchant à noyer l'initiative des Six dans une zone de libre-échange instituée sous l'égide de l'OECE. Mais dans les États membres la ratiﬁcation des traités ne soulèvera pas les mêmes oppositions que lors du débat relatif à la CED. Et, malgré les réserves émises par les milieux industriels, elle sera acquise au Parlement français au cours du mois de juillet, à l'initiative des socialistes Christian Pineau et Guy Mollet. L'insertion dans le Traité CEE de dispositions prescrivant l'établissement d'une Politique agricole commune (PAC) contribuera, en France, au succès de l'opération. Or, tandis que les traités entrent en vigueur le 1er janvier 1958, le général de Gaulle revient aux affaires le 1er juin. Ce qui suscite l'inquiétude des milieux européens. Celle-ci sera assez vite dissipée par la volonté du fondateur de la Ve République de tirer parti du Marché commun pour stimuler l'industrie française et assurer des débouchés à l'agriculture. En effet, son gouvernement met en œuvre un plan de redressement économique et ﬁnancier (le plan Rueff-Armand), qui permettra ﬁnalement d'accélérer le rythme de réalisation de l'union douanière. À tel point que celle-ci deviendra effective le 1er janvier 1968. À condition qu'elle n'affecte pas l'exercice de la souveraineté française, la Communauté Économique Européenne trouvera jusqu'en 1965 dans le général de Gaulle, un défenseur déterminé contre les tentatives britanniques de dilution 4. L'objectif des « pères fondateurs » était ambitieux. Outre l'union douanière entre les Six, il visait à l'établissement d'un tarif extérieur commun, à la mise en œuvre d'une politique de la concurrence, d'une politique commerciale extérieure et - on l'a dit - d'une politique agricole commune. Ce qui devait distinguer le Marché commun d'une simple zone de libre-échange. Et, pour assurer la régulation du système, fut imaginé et mis en place un ensemble 4 Andrew Moravcsik, les origines économiques de la politique du Général de Gaulle, Revue Française de Science Politique, vol. 49, no 4-5, août-octobre 1999 et vol. 50, o n 1, février 2000.

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