Clefs - Le système politique de l'Union européenne -9 - (Page 141)

L'UNION EUROPÉENNE AU DÉFI DE LA DÉMOCRATIE effectuée sous la direction d'Yves Bertoncini et d'Antonio Vitorino à laquelle on renvoie le lecteur3. 2°/ Sur la base des traités en vigueur, pourraient être également engagés des processus visant à conclure entre un nombre d'États limité, voire entre États membres de l'Eurozone, des coopérations renforcées ou structurées susceptibles de conforter le caractère politique de l'Union. Ce choix répondrait mieux aux attentes des opinions publiques que les mesures techniques, certes nécessaires, destinées à rationaliser le grand marché. Il paraît évident, sur la base des sondages d'opinion ; que face à la mondialisation, les progrès de l'intégration européenne seraient mieux accueillis par la majorité des citoyens s'ils parvenaient à doter l'Union d'une diplomatie effective et d'un appareil militaire lui offrant la capacité de traiter d'égal à égal avec les superpuissances qui dominent le monde aujourd'hui. Il ne sera pas toujours possible à la France, même associée au Royaume-Uni et avec l'aide américaine, de faire face au déchaînement de la violence qui surgit en Afrique et au Moyen-Orient. En outre, une telle évolution serait source d'économies. À l'origine de la construction européenne, le premier directeur du Collège de Bruges, le recteur Brugmans, avait reproché aux initiateurs du Marché commun de commencer par l'économie et de pratiquer un « fédéralisme à l'envers ». Une réorientation permettrait donc de « le remettre à l'endroit ». 3°/ Enﬁn, toujours sans qu'il soit nécessaire de réviser les traités, une action d'envergure pourrait être entreprise en matière de communication pour permettre aux médias de donner aux citoyens de l'Union, à travers la diversité de ses pays membres, une information objective et suffisamment attrayante sur l'activité de ses diverses institutions et sur les politiques mises en œuvre. Sans doute l'entreprise est-elle difficile du fait du multilinguisme des peuples qui composent les États. Elle devrait être menée de pair avec le renforcement des partis européens qui, loin de demeurer des fédérations de partis nationaux, devraient devenir des formations d'ampleur européenne, capables de mobiliser les citoyens lors d'échéances politiques telles que, tous les cinq ans, l'élection du Parlement européen, ce qui limiterait l'abstention. Sans doute conviendrait-il aussi d'associer davantage au processus de décision les parlements nationaux. Plusieurs réﬂexions ont été engagées en ce sens tendant à l'institution d'un Congrès réunissant leurs délégués avec ceux du Parlement européen. Sans exercer le pouvoir législatif, il pourrait se prononcer sur les grandes orientations de l'Union, sur son élargissement éventuel et sur le choix de son président. Mais une telle démarche supposerait une révision des traités, voire la convocation d'une nouvelle convention, et nécessiterait un accord susceptible d'être ratiﬁé par tous les États membres. Or certains États, tel le Royaume-Uni, semblent vouloir davantage alléger le processus d'intégration que le renforcer. 3 Yves Bertoncini et Antonio Vitorino, Réformer la « gouvernance » européenne. Pour une fédération d'États-nations plus légitime et plus efficace, Études et rapports, Notre Europe, Paris, septembre 2014. 141

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